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Centrafrique-Le président Touadéra, allié de Moscou, vise un troisième mandat
information fournie par Reuters 25/12/2025 à 10:00

par Pacome Pabandji

Au pouvoir depuis 2016, le président Faustin-Archange Touadéra vise un troisième mandat consécutif lors des élections générales organisées dimanche en République centrafricaine en vantant son bilan en matière de sécurité dans un pays toujours fragile depuis la guerre civile des années 2010.

Le chef de l'Etat, âgé de 68 ans, affronte six candidats dont l'ancien Premier ministre Anicet-Georges Dologuélé, arrivé deuxième lors de la précédente présidentielle en 2020, mais il part largement favori du scrutin en raison notamment du contrôle qu'il exerce sur les institutions étatiques.

Une victoire de ce mathématicien de formation conforterait les intérêts de la Russie, qui a conclu de nombreux accords de coopération avec Bangui, assurant la sécurité du pays en échange d'un accès à ses ressources naturelles comme l'or ou le diamant.

Faustin-Archange Touadéra a axé sa campagne présidentielle sur le retour progressif de la stabilité dans le pays. Il a signé cette année des accords de paix avec plusieurs groupes armés rebelles tandis que d'autres ont été affaiblis par les mercenaires russes de Wagner et l'armée rwandaise, déployés à la demande du gouvernement au côté des casques bleus de la Minusca.

"Depuis dix ans que nous travaillons ensemble, vous avez vous-mêmes constaté que la paix commence à revenir, à partir de toutes nos frontières et jusqu'à la capitale", a déclaré le chef de l'Etat lors d'un meeting de campagne à Bangui.

L'opposition, qui soupçonne le chef de l'Etat de vouloir s'accrocher indéfiniment au pouvoir depuis le référendum constitutionnel de 2023 qui a supprimé la limitation du nombre de mandats présidentiels, l'accuse aussi de n'avoir rien fait pour sortir de la pauvreté les 5,5 millions d'habitants du pays.

"Les infrastructures administratives ont été détruites et comme vous le savez, les routes sont en très mauvais état", a souligné Anicet-Georges Dologuélé lors d'une récente conférence de presse. "En résumé, l'économie centrafricaine est en ruines."

RISQUE DE DÉRAPAGE

L'élection présidentielle s'accompagnera d'élections législatives, municipales et régionales. Les résultats provisoires sont attendus le 5 janvier.

Si aucun candidat n'obtient plus de 50% des suffrages au premier tour, un second tour aura lieu le 15 février pour la présidentielle, le 5 avril pour les législatives.

Même si la présidence se targue d'un relatif retour à la normale, le risque de dérapage pendant le scrutin n'est pas écarté.

Les accords de paix ont permis de réduire la violence dans certaines régions et le Fonds monétaire international (FMI) table sur une croissance économique de 3% cette année.

Mais les rebelles n'ont pas totalement désarmé, leur réintégration n'est pas achevée et les incursions de combattants en provenance du Soudan voisin contribuent à entretenir l'insécurité dans l'est du pays.

En 2020, Anicet-Georges Dologuélé, crédité de 21,6% des voix, avait dénoncé des irrégularités et des groupes rebelles avaient empêché le scrutin dans quelque 800 bureaux de vote à travers le pays, soit 14% du total.

Selon l'analyste politique Paul Crescent Beninga, les électeurs devront être très attentifs au processus de vote et de comptage des bulletins.

"Si les élections ne se déroulent pas bien, cela donnera à ceux qui encouragent la violence un prétexte pour semer la panique au sein de la population. C'est pourquoi nous devons veiller à ce qu'elles se tiennent dans des conditions relativement acceptables", dit-il.

(Avec Jessica Donati et Robbie Corey-Bouletk; Jean-Stéphane Brosse pour la version française)

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