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Canada-Les libéraux victorieux, sans majorité absolue
information fournie par Reuters 29/04/2025 à 16:37

(Actualisé avec résultats quasi définitifs)

Les libéraux du Premier ministre sortant Mark Carney ont remporté lundi les élections législatives au Canada mais devront gouverner sans la majorité absolue qui leur aurait donné les coudées franches à la Chambre des communes.

Donné largement favori il y a quelques mois, son adversaire conservateur Pierre Poilievre, qui a perdu son siège d'élu dans l'Ontario, a reconnu sa défaite au terme d'une campagne bouleversée par l'irruption de Donald Trump dans la vie politique canadienne.

Le président américain n'aura eu de cesse de marteler le message selon lequel le Canada avait vocation à devenir le 51e Etat de son voisin du Sud, suscitant un sursaut dans l'électorat du Parti libéral canadien handicapé par l'impopularité de son ancien dirigeant, Justin Trudeau.

"Nous avons passé le choc de la trahison américaine, mais nous allons continuer de défendre nos intérêts et, surtout, prendre soin les uns des autres", a déclaré Mark Carney devant une foule de partisans réunis à Ottawa.

"Nous allons protéger notre territoire, nos ressources, l'intégrité de notre pays. (...) Le président Trump veut faire en sorte que les Etats-Unis prennent possession de notre pays, cela n'arrivera jamais."

Selon les résultats quasi définitifs du scrutin, les libéraux ont obtenu 168 sièges devant les conservateurs, crédités de 144 sièges. La majorité absolue aux Communes se situe à 172 élus.

Mark Carney, ancien banquier central, dirigera donc un gouvernement minoritaire au Parlement et devra compter sur l'appui du Nouveau Parti démocratique ou sur celui des souverainistes du Bloc québécois.

"TRUMP DU NORD"

Face à l'attitude agressive de Donald Trump, notamment dans sa volonté d'imposer des droits de douane exorbitants sur les importations venues du Canada, Mark Carney s'est engagé durant sa campagne à répondre coup pour coup, mettant dans l'embarras son adversaire conservateur, parfois qualifié de "Trump du Nord" pour ses accents populistes.

Pour ce dernier, la défaite est amère puisqu'il a perdu la circonscription de Carleton, dans l'Ontario, dont il détenait le siège depuis une vingtaine d'années. Comptablement, cependant, les conservateurs font presque jeu égal avec les libéraux, emportant, selon les derniers résultats récoltés par Radio Canada, plus de 40% des suffrages.

Le résultat de lundi a couronné une remontée spectaculaire des libéraux, qui accusaient un retard de 20 points de pourcentage dans les sondages avant que Justin Trudeau n'annonce début janvier sa démission et que Donald Trump ne multiplie parallèlement ses attaques et ses propos vexatoires, qualifiant parfois l'ancien Premier ministre de "gouverneur".

"Je me souviens que pas plus tard qu'en décembre, tout le monde faisait une croix sur le Parti libéral", a souligné Chrystia Freeland, ministre libérale des Transports, sur CTV.

"Les gens se demandaient même si nous allions conserver le statut de parti officiel lors des prochaines élections. Ce soir, alors qu'il est clair que nous allons former le gouvernement, de mon point de vue, c'est un résultat exceptionnel."

A Londres et à Paris, deux puissances qui revendiquent une relation historique de proximité avec le Canada, la victoire de Mark Carney a été saluée avec d'autant plus de satisfaction que le nouveau Premier ministre canadien n'a pas caché pendant sa campagne sa volonté d'amplifier le lien avec le Vieux Continent alors que se distendent les relations avec Washington

"Toutes mes félicitations pour ta victoire", a écrit Emmanuel Macron sur X. "Tu incarnes un Canada fort face aux grands défis de notre temps. La France se réjouit de renforcer encore l’amitié qui unit nos pays. Hâte d'oeuvrer à tes côtés, de nous serrer les coudes !".

Keir Starmer, le Premier ministre britannique, a quant à lui insisté sur la volonté de Londres "d'approfondir les relations économiques et de garantir la sécurité de ceux qui travaillent au Royaume-Uni et au Canada".

VAGUE DE PATRIOTISME

Les menaces de Donald Trump ont déclenché une vague de patriotisme qui a gonflé le soutien à Mark Carney, un nouveau venu en politique qui a déjà dirigé deux banques centrales du G7, la Banque du Canada et la Banque d'Angleterre.

Donald Trump a encore attisé le ressentiment canadien la semaine dernière en menaçant d'augmenter de 25% les droits de douane sur les voitures fabriquées au Canada.

L'attitude de Donald Trump aura permis à Mark Carney de s'appuyer sur son expérience des milieux économiques pour se présenter comme le seul capable de négocier avec Donald Trump tandis que Pierre Poilievre insistait sur ses thèmes de prédilection : la criminalité, le coût de la vie ou encore la crise du logement.

Les tensions avec les Etats-Unis ont sans doute poussé les partisans de plusieurs petits partis situés plus à gauche sur l'échiquier politique, à se tourner vers les libéraux pour faire échec aux conservateurs.

(Rod Nickel et Promit Mukherjee à Ottawa, avec Nivedita Balu à Toronto, Amanda Stephenson à Calgary, Susan Heavey à Washington; version française Jean Terzian et Nicolas Delame)

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