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Le principal taux directeur de la BoC reste à 2,75%
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La BoC anticipe une contraction du PIB de 1,5% au T2
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La BoC refuse de donner des prévisions économiques détaillées
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La BoC communique sur trois scénarios sur les droits de douane
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par Promit Mukherjee et David Ljunggren
La Banque du Canada (BoC) a, comme prévu, maintenu mercredi son principal taux directeur à 2,75%, pour la troisième fois consécutive, tout en notant que le risque d'une aggravation de la guerre commerciale dans le monde avait diminué.
La banque centrale s'est toutefois abstenue de fournir des prévisions détaillées sur l'évolution de l'économie canadienne pour le deuxième trimestre consécutif, citant une incertitude autour de la politique commerciale américaine.
La BoC a également indiqué que si l'économie s'affaiblissait encore, elle pourrait réduire ses taux directeurs mais il faudrait aussi que les pressions à la hausse sur l'inflation soient maîtrisées.
Même si le Canada est confronté à des droits de douane dans trois secteurs, les effets globaux ont été contenus. L'économie ne s'est que légèrement affaiblie, la croissance de l'emploi est robuste et les indicateurs de l'inflation de base, suivis de près par la BoC, sont fermes.
"Dans ce contexte où l’incertitude reste élevée, l'économie canadienne montre une certaine résilience, et où des pressions sur l’inflation sous-jacente subsistent, le Conseil de direction a décidé de laisser le taux directeur inchangé", écrit la BoC dans son communiqué de politique monétaire.
"Même si l’inflation est près de 2%, l’inflation sous-jacente a augmenté", poursuit la BoC.
Depuis juin 2024, la BoC a nettement réduit ses taux directeurs, de 225 points de base, avant de décider d'une pause depuis mars 2025. Elle a opté pour ce statu quo car elle attend d'évaluer de l'impact des droits de douane sur l'économie et les prix.
La situation au Canada pourrait changer le 1er août, date butoir à laquelle Washington et Ottawa doivent conclure un accord commercial et alors que le président américain, Donald Trump, a menacé d'imposer des droits de douane de 35% sur certains produits canadiens.
"Depuis avril, le risque d'un conflit commercial mondial grave et croissant a diminué", a indiqué la banque dans son rapport trimestriel sur la politique monétaire. "Néanmoins, l'évolution de la politique commerciale américaine reste très incertaine", a-t-elle ajouté.
TROIS SCÉNARIOS
Plutôt que d'émettre des prévisions, la banque a présenté trois scénarios différents.
Le premier scénario suppose que les droits de douane actuels sur l'acier, l'aluminium, l'automobile et les marchandises non conformes à l'ALENA (Accord de libre-échange nord-américain) seraient maintenus, que le PIB se contracterait de 1,5% au deuxième trimestre 2025 et rebondirait de 1% au second semestre avant d'atteindre 1,8% en 2027, tandis que l'inflation globale resterait proche de 2% au cours des deux prochaines années.
Les autres scénarios se penchent sur l'impact d'une baisse ou d'une hausse des droits de douane dans le monde.
Dans le scénario d'une désescalade, la baisse des droits de douane améliorerait les perspectives de croissance et réduirait les pressions des coûts directs sur l'inflation, tandis que dans l'hypothèse inverse, la hausse des surtaxes affaiblirait l'économie et augmenterait les pressions des coûts directs, a expliqué Tiff Macklem, le gouverneur de la BoC.
"Nous suivrons de près l'évolution des droits de douane et évaluerons les indicateurs de l'inflation sous-jacente", a-t-il dit, ajoutant que la banque centrale continuerait à soutenir la croissance économique tout en veillant à ce que l'inflation soit maîtrisée.
"Si l'affaiblissement de l'économie exerce de nouvelles pressions à la baisse sur l'inflation et que les pressions à la hausse sur les prix liées aux perturbations commerciales sont contenues, une réduction du taux d'intérêt directeur pourrait s'avérer nécessaire", a-t-il déclaré.
La probabilité d'un nouveau maintien des taux directeurs à leur niveau actuel en septembre est actuellement estimée à plus de 81% par les marchés monétaires, qui ne prévoient pas par ailleurs d'autres baisses des coûts d'emprunt cette année.
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"La Banque semble être un peu plus à l'aise avec l'idée que l'économie canadienne aura besoin du soutien de nouvelles baisses de taux directeurs à l'avenir", écrit dans une note Andrew Grantham, économiste chez CIBC Capital Markets.
"Nous n'en sommes clairement pas encore là et les données à venir resteront plus importantes", a-t-il ajouté.
Le dollar canadien CAD= s'est affaibli après la décision de politique monétaire de la BoC, affichant un repli de 0,30% à 1,3811 pour un dollar américain.
(Reportage Promit Mukherjee et David Ljunggren; version française Claude Chendjou, édité par Kate Entringer)
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