
( AFP / STEPHANE DE SAKUTIN )
"En 2019, 1,4 million de Français étaient déjà à risque de jeu excessif, dont près de 400.000 souffraient de troubles de jeu pathologiques", a expliqué la Fédération Addiction mardi 22 octobre.
"Irresponsable et contraire aux priorités de santé publique". La Fédération Addiction, qui regroupe les acteurs de la prévention et du traitement des addictions, a appelé mardi 22 octobre au retrait de l'amendement au projet de budget 2025 visant à légaliser les casinos en ligne. "Alors que le nombre de joueurs problématiques est déjà en augmentation" en France, cette réforme d'une ampleur considérable ne saurait être adoptée à la va-vite, sans concertation avec les acteurs des addictions et un débat sur ses conséquences sanitaires", estime la fédération dans un communiqué.
"Depuis sa libéralisation, le marché des jeux d’argent et de hasard ne cesse de croître en France", atteignant "un chiffre d’affaires record de 13,4 milliards d'euros" en 2023, et en parallèle "le nombre de personnes en difficulté explose". Ainsi "en 2019, 1,4 million de Français étaient déjà à risque de jeu excessif, dont près de 400.000 souffraient de troubles de jeu pathologiques", poursuit la fédération. Or "les casinos en ligne cumulent tous les facteurs de risque d’addiction : fréquence élevée des mises, rapidité du résultat, prises de risque solitaires, continues et rapides…" argumente Catherine Delorme, présidente de la Fédération Addiction. Dans ce contexte, la fédération "appelle le gouvernement à retirer cet amendement, qu'elle juge irresponsable et contraire aux priorités de santé publique, et à ouvrir une discussion transparente sur la régulation des jeux d'argent".
Les établissements physiques craignent "l'arrêt de mort des casinos terrestres"
Le gouvernement a déposé le week-end dernier un amendement prévoyant d'autoriser les casinos en ligne dans le cadre du projet de budget 2025 dont l'examen s'est ouvert lundi à l'Assemblée nationale. Il affirme vouloir "limiter l'impact sur la santé publique des consommateurs de jeux en ligne" et "contrôler cette offre de jeux qui ne cesse de croître". Selon l'amendement "cette autorisation doit s'accompagner d'une régulation spécifique qu'il est proposé de définir, en lien avec l'Autorité nationale des jeux et l'ensemble des acteurs concernés, par voie d'ordonnance". Le texte prévoit de taxer les casinos en ligne à 55,6% du produit brut des jeux, c'est-à-dire au même niveau que la catégorie générale des jeux de loterie en ligne.
La légalisation des casinos en ligne est décriée par les établissements physiques, qui plaident pour que ce marché leur soit réservé. "Selon nos calculs, l'ouverture à la concurrence du casino en ligne entraînera une baisse du produit brut des jeux des casinos terrestres de l'ordre de 20 à 30%, et la fermeture de 30% des établissements", a alerté Grégory Rabuel, président du syndicat du secteur Casinos de France et directeur général du groupe Barrière, dans un entretien aux Echos publié lundi. "Il y aura des conséquences catastrophiques, notamment sociales : on estime que 15.000 emplois seront supprimés. Plus globalement, cela revient à signer l'arrêt de mort des casinos terrestres", s'est-il inquiété. "Dans les faits, le marché existe déjà. Donc une légalisation n'enlèverait pas grand chose aux casinos" rétorque un partisan de l'autorisation auprès de l'AFP, évaluant les gains pour l'Etat à 1 milliard d'euros.
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