Olivier Faure (g) et François Hollande, sur les bancs de l'Assemblé nationale, le 3 novembre 2025 à Paris ( AFP / Bertrand GUAY )
Des rapports électriques dans l'Assemblée et à couteaux tirés sur les réseaux sociaux: la fracture entre le PS et les Insoumis s'est accentuée au fil des débats budgétaires, comme devrait le montrer de manière spectaculaire le prochain vote sur la suspension de la réforme des retraites.
Samedi déjà, sur la partie "recettes" du budget de la Sécurité sociale, les gauches se sont divisées, le PS votant pour, et les Insoumis contre.
Le RN et LFI "ont fait le jeu du pire", a dénoncé le patron des socialistes, Olivier Faure.
Le leader Insoumis Jean-Luc Mélenchon a accusé, en retour, le PS d'avoir trahi la promesse faite aux électeurs du Nouveau Front populaire, leur alliance de 2024 et, plus globalement, les députés de gauche qui ont voté pour ce volet d'avoir "méprisé l'avis des syndicats".
Le débat sur la suspension de la réforme des retraites aura lieu mercredi.
Les socialistes, qui ont arraché de haute lutte cette mesure, une condition sine qua non de la non-censure du gouvernement de Sébastien Lecornu, voteront logiquement pour.
Les Insoumis ont eux annoncé qu'ils voteraient contre, comme en commission. "Valider le décalage de la réforme reviendrait à valider (...) le report à 64 ans de l'âge légal de la retraite", a affirmé la députée Ségolène Amiot.
Une ligne de partage qui divise aussi les syndicats, la CFDT ayant salué une "vraie victoire", quand la CGT fustige un "simple décalage" payé par les "retraités actuels et futurs".
Les communistes devraient majoritairement s'abstenir, position qui avait été celle des écologistes en commission.
- "Vladimir Ilitch Brun" -
Ce n'est pas, loin s'en faut, le seul sujet sur lequel s'affrontent socialistes et Insoumis, multipliant les invectives dans l'hémicycle et les accusations de "mensonge" sur X.
La députée la France insoumise (LFI) Elise Leboucher, à l'Assemblée nationale à Paris, le 5 novembre 2025 ( AFP / Thibaud MORITZ )
Au début des débats sur le projet de loi de finances, LFI a vivement reproché au PS son abstention sur un amendement visant à créer un impôt universel ciblé, empêchant son adoption à une voix près.
Les débats se sont encore tendus lorsque les mélenchonistes ont voté pour un amendement de la droite - identique à l'un des leurs - indexant sur l'inflation l'ensemble des tranches du barème de l'impôt sur le revenu. Le PS proposait, lui, de valoriser seulement les tranches les plus basses.
Tension à son comble le 31 octobre, lors de l'adoption de la proposition de Jean-Paul Mattei (MoDem) remaniant l'Impôt sur la fortune immobilière, avec le soutien du PS et du RN, LFI ne se privant pas de dénoncer une alliance contre-nature.
Cette semaine, c'est durant l'examen du budget de la Sécurité sociale que les esprits se sont échauffés, lors du rejet d'un amendement de Jérôme Guedj (PS) augmentant la CSG sur les revenus du capital. Des amendements proches, déposés par LFI, le PS et les communistes, ont finalement été adoptés.
Le député socialiste Philippe Brun a vu rouge. "Jean-Luc Mélenchon ne défend plus les travailleurs, il défend le grand capital !", a-t-il accusé dans Le Point vendredi. "Vladimir Ilitch Brun, le guide suprême de la révolution prolétarienne", a ironisé en retour sur X le coordinateur de LFI Manuel Bompard, en référence à Lénine.
- "Bataille d'hégémonie" -
Il y a un an, les quatre forces alliées se félicitaient d'avoir bâti un "budget NFP-compatible" - finalement rejeté par l'Assemblée.
Le député François Ruffin au micro, à l'Assemblée nationale, le 25 octobre 2025 ( AFP / Alain JOCARD )
Mais aujourd'hui "le NFP est mort", dévasté par "les tiraillements voire les tirs d'obus entre LFI et le PS", a constaté dimanche sur BFMTV l'ex-Insoumis François Ruffin, désormais rattaché au groupe écologiste.
Entre ces deux gauches apparemment irréconciliables, Verts et communistes s'efforcent d'éteindre les incendies.
A l'image du patron des députés GDR (communistes et ultra-marins), Stéphane Peu, qui "déplore les excès de langage d'un côté comme de l'autre", mais considère que cela "n'invalide pas l'unité nécessaire" face à la poussée de l'extrême droite.
"Ne cherchez pas de rupture", a insisté Fabien Roussel dimanche sur France 3. "Chacun fait ce qu'il veut", a résumé le patron du Parti communiste, disant "comprendre ceux qui votent contre" le budget tout en se revendiquant "plutôt de la tendance de ceux qui veulent construire".
Certes, il y a "une bataille de ligne et d'hégémonie" à gauche, qui ne pourra être tranchée que par "les élections", reconnaît l'écologiste Sandrine Rousseau. Mais elle vante aussi "un socle de valeurs communes très fortes" qui se manifeste par des votes très souvent identiques.
A l'exception notable de celui sur le budget samedi. Manuel Bompard a dit "regretter la décision des écologistes de s'abstenir" et "espérer qu'il vont se ressaisir".

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