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Brésil-L'ex-président Bolsonaro condamné à 27 ans de prison pour tentative de coup d'Etat
information fournie par Reuters 12/09/2025 à 01:47

(Actualisé; photo/TV à disposition)

par Ricardo Brito, Luciana Magalhaes et Manuela Andreoni

La Cour suprême brésilienne a condamné jeudi Jair Bolsonaro à une peine d'emprisonnement de 27 ans et trois mois, quelques heures après avoir déclaré l'ancien président coupable de tentative de coup d'Etat pour rester au pouvoir à la suite de sa défaite électorale en octobre 2022, une décision qui constitue un revers pour l'une des figures mondiales de l'extrême droite.

Jair Bolsonaro, 70 ans, devient le premier ancien président de l'histoire du Brésil à être condamné pour avoir attaqué la démocratie.

Le verdict a été décrié par l'administration du président américain Donald Trump, qui dénonce depuis des mois une "chasse aux sorcières" à l'encontre de Jair Bolsonaro, admirateur de Trump, et a promis jeudi de "réagir de manière appropriée".

Un panel de cinq juges de la Cour suprême a prononcé la culpabilité de Jair Bolsonaro puis sa peine.

"Il s'agit presque d'une croisée des chemins pour le Brésil, entre son passé, son présent et son futur", a déclaré avant le verdict la juge Carmen Lucia, en référence aux putschs militaires et tentatives de coup d'Etat qui ont marqué l'histoire du pays d'Amérique du Sud.

Elle a ajouté qu'il y avait de nombreuses preuves que Jair Bolsonaro, placé avant le procès en résidence surveillée, a agi "avec l'intention de miner la démocratie et les institutions".

Quatre des cinq juges ont voté pour reconnaître l'ancien président coupable de cinq chefs d'accusation: participation à une organisation criminelle armée, tentative d'abolition violente de la démocratie, organisation d'un coup d'État et détérioration de biens publics et de biens culturels protégés.

La condamnation de cet ancien capitaine de l'armée, qui n'a jamais caché son admiration pour la dictature militaire ayant tué des centaines de Brésiliens entre 1964 et 1985, fait écho aux condamnations judiciaires prononcées cette année à l'encontre d'autres dirigeants d'extrême droite, parmi lesquels Marine Le Pen en France et Rodrigo Duterte aux Philippines.

Il est probable que cela provoque la colère de Washington, qui avait déjà décidé avant le procès d'imposer des droits de douane contre le Brésil présentés comme des représailles pour la procédure visant Jair Bolsonaro et de prendre des sanctions contre le principal juge de la Cour suprême.

Interrogé jeudi sur la condamnation de Jair Bolsonaro, Donald Trump a de nouveau fait l'éloge de l'ancien président brésilien et décrit le verdict comme "une chose terrible".

"C'est très triste pour le Brésil", a ajouté le président américain devant les journalistes.

En parallèle, via le réseau social X, le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a prévenu que les Etats-Unis allaient "répondre de manière appropriée à cette chasse aux sorcières".

ASCENSION POLITIQUE FULGURANTE

Le verdict de la Cour suprême brésilienne n'a pas été unanime, le juge Luiz Fux ayant rompu mercredi avec ses pairs en votant en faveur de l'acquittement de Jair Bolsonaro de tous les chefs d'accusation le visant.

Cela pourrait ouvrir la voie à des recours, avec l'hypothèse que l'épilogue du procès intervienne seulement peu avant l'élection présidentielle d'octobre 2026, pour laquelle Jair Bolsonaro entend se porter candidat alors même qu'il a été déclaré inéligible.

Pour l'heure, le jugement représente une chute vertigineuse pour Jair Bolsonaro, dont l'ascension fut fulgurante. Elu peu influent du Congrès, il s'est hissé rapidement au pouvoir en formant une puissante coalition conservatrice, profitant du mécontentement de la population à l'égard de la criminalité et de la corruption.

Le mandat de Jair Bolsonaro, élu à la présidence en 2018, a été marqué par son grand scepticisme à l'égard de la pandémie de COVID-19 et des vaccins, ainsi que par son soutien à l'exploitation minière informelle et au défrichage des terres pour le pâturage du bétail, ce qui a poussé les taux de déforestation en Amazonie à des niveaux record.

Au cours de sa campagne de réélection, Jair Bolsonaro a effectué des commentaires de plus en plus messianiques, suscitant des inquiétudes sur sa volonté d'accepter les résultats électoraux. Luiz Inácio Lula da Silva a remporté le scrutin d'octobre 2022 pour revenir au pouvoir.

"J'ai trois possibilités pour mon avenir : être arrêté, être tué, ou la victoire", avait déclaré Jair Bolsonaro lors d'une réunion avec des dirigeants évangéliques en 2021. "Aucun homme sur Terre ne me menacera."

En 2023, le tribunal électoral brésilien - qui supervise les élections - a interdit à Jair Bolsonaro d'exercer une fonction publique jusqu'en 2030 en raison d'accusations infondées contre le système de vote électronique brésilien.

(Ricardo Brito, Luciana Magalhaes et Manuela Andreoni, avec la contribution d'Andrea Shalal et Kanishka Singh à Washington; version française Benjamin Mallet et Jean Terzian)

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