
Benjamin Brière, le 15 octobre 2025, à Paris ( AFP / JOEL SAGET )
Après avoir passé trois ans en prison en Iran, Benjamin Brière raconte dans un livre les épreuves subies derrière les barreaux, mais aussi les défis du retour en France et son combat pour faire revenir les deux derniers Français détenus par Téhéran.
"C'est l'histoire d'un type qui croyait naïvement qu'il était possible d'échapper à son destin", résume Benjamin Brière dans "Azadi" ("Liberté" en persan), à paraître le 23 octobre chez Robert Laffont.
Son destin, c'est d'avoir été arrêté en pleine nuit, le 28 mai 2020, dans une région reculée d'Iran, que ce grand voyageur visitait seul à bord de son van. S'en sont suivis 1.079 jours de détention avant sa libération le 12 mai 2023.
"Je demande à ne pas faire d'amalgame entre ce qui m'est arrivé et ce sublime pays et ses magnifiques habitants", qui "sont aussi des otages de la République islamique", insiste Benjamin Brière, interrogé par l'AFP.
Depuis son retour à Lyon, sa ville, l'ex-prisonnier de 40 ans consacre une partie de son énergie à se battre pour la libération des deux derniers Français détenus en Iran, Cécile Kohler et Jacques Paris, arrêtés en mars 2023 et condamnés à de lourdes peines pour espionnage.

Benjamin Brière, le 25 septembre 2025, à Paris ( AFP / Bertrand GUAY )
"Je n'arriverai pas à lâcher tant que Cécile et Jacques ne seront pas rentrés", affirme-t-il. Mais "tout le monde sait que leur sort ne se joue pas devant un tribunal. C'est du cirque (...) Tout se passe à un niveau plus élevé, diplomatique et politique".
L'espoir d'une libération a grandi quand le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a déclaré en septembre qu'un accord visant à les échanger contre une femme iranienne détenue en France approchait de sa "phase finale".
- "L'ennui est colossal" -
Dans "Azadi", Benjamin Brière ne cache rien des hauts, et souvent des bas, de sa vie dans le quartier de haute sécurité de la prison de Mashhad, la grande ville de l'est de l'Iran.
"Il y a des journées d'errance totale. Je fixe le carrelage du mur, le contreplaqué du lit au dessus (...) L'ennui est colossal. Des détenus s'assomment de drogue", témoigne-t-il. "J'écris pour ne pas devenir fou."
Il dépeint aussi les liens de camaraderie noués avec certains détenus, dont plusieurs ont ensuite été pendus, avec lesquels il apprend à parler le persan "des canailles".
Remerciant l'ambassadeur de France Nicolas Roche, arrivé fin 2022, pour son "énergie à libérer les otages", Benjamin Brière raconte être sorti de prison "le poing levé" en signe de défi, avec un autre détenu, le franco-irlandais Bernard Phelan.

Benjamin Brière, le 15 octobre 2025, à Paris ( AFP / JOEL SAGET )
Deux ans et demi après, "je m'en sors plutôt très bien" grâce à "la carapace que je me suis créée derrière les barreaux", reconnait-il.
Mais la réinsertion dans la société est difficile car "il n'y a pas de suivi, pas d'accompagnement, pas d'aide", surtout au niveau administratif, regrette-t-il.
Il raconte ainsi le dialogue avec une employée des impôts qui lui demande pourquoi il n'avait rien déclaré pendant quatre ans:
- "Parce que j'étais en prison"
- "Oui, mais même en prison, on peut le faire".
- "Pas depuis l'Iran".
Le problème est qu'il "fallait qu'elle me mette dans une case et que, pour un cas comme le mien, rien n'est prévu", relate-t-il.
Benjamin Brière milite donc pour qu'un projet de loi soit adopté pour aider "les otages d'État" au même titre que sont soutenus les "otages" ou victimes de "groupes terroristes". Ils pourraient ainsi bénéficier à leur retour d'un "guichet unique" qui "dépendrait de la Délégation interministérielle à l'aide aux victimes (Diav)", précise-t-il.
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