
Le Premier ministre français Bayrou présente les principaux éléments de son budget 2026
Le Premier ministre français, François Bayrou, a demandé mardi aux Français un "effort juste et partagé" pour faire près de 44 milliards d'euros d'économies en 2026, "année blanche" budgétaire où la priorité sera donnée au travail.
Gel budgétaire sauf sur la Défense, suppression de 3.000 fonctionnaires et de deux jours fériés, chasse aux "niches fiscales inutiles", non remplacement d'un fonctionnaire sur trois partant à la retraite figurent au nombre des annonces du leader centriste nommé à Matignon en décembre.
Evoquant la "malédiction" du surendettement de la France - 3.300 milliards d'euros -, le Premier ministre a pris l'opinion à témoin dans son propos liminaire.
"Quelle part de nous, citoyennes et citoyens, est-il prêt à prendre à notre avenir collectif ?", a-t-il demandé devant un mur blanc où était écrit "Le moment de vérité".
"Chaque seconde qui passe, la dette augmente de 5.000 euros", a-t-il rappelé face à une centaine de journalistes et une grande partie du gouvernement. "Nous ne pouvons plus ni éluder, ni écarter cette menace".
François Bayrou a détaillé 43,8 milliards d'euros d'économies pour stopper la spirale de l'endettement et ramener le déficit public à 4,6% du produit intérieur brut (PIB) en 2026 contre 5,4% cette année et atteindre 2,8% en 2029 - en-deçà de la limite de 3% fixée par l'Union européenne.
Conformément à la demande d'Emmanuel Macron, chef des armées, le Premier ministre a annoncé un effort supplémentaire de 3,5 milliards d'euros en 2026 et de trois milliards l'année suivante pour le budget des armées par rapport à la loi de programmation militaire en cours.
"Nous ne braderons pas notre impératif de sécurité", a dit François Bayrou.
Dans tous les autres secteurs, les économies sont de mise.
A commencer par l'instauration d'une "année blanche", qui revient à reconduire à l'identique, sans tenir compte de d'inflation, des dépenses comme les prestations sociales et les retraites. Economie attendue : €7,1 milliards.
"Cette règle sera de ne pas dépenser plus en 2026 qu'en 2025, pas moins mais pas plus", a dit le Premier ministre.
PRIORITÉ AU TRAVAIL
François Bayrou a annoncé la suppression de 3.000 postes de fonctionnaires l'année prochaine - hors postes d'élèves-professeurs -, et le non remplacement d'un agent sur trois partant à la retraite à partir de 2027, ainsi qu'une réorganisation des agences et opérateurs de l'Etat. Une économie de 5,3 milliards est attendue.
En matière de santé, l'effort annoncé de quelque cinq milliards passe par la prévention, une augmentation de 50 à 100 euros par an du plafond annuel des franchises et participations forfaitaires ainsi qu'une réforme concernant des affections de longue durée.
Martelant sa volonté de donner priorité au travail, François Bayrou a annoncé la suppression de deux jours fériés - après le lundi de Pentecôte en 2003 - qui pourraient être le lundi de Pâques et le 8-mai.
"Cette modification de notre calendrier des jours fériés rapportera plusieurs milliards au budget de l'État", a-t-il dit, annonçant en outre une accélération de lutte contre les fraudes sociales et fiscales.
Le Premier ministre a confié aux partenaires sociaux deux chantiers appelés à faire des économies : l'assurance chômage et le marché du travail.
Côté fiscalité, il a parlé de "chasse aux niches fiscales inutiles" et de reconduction de la contribution de solidarité, instaurée cette année, sur les plus hauts revenus - 500.000 euros pour un couple et 250.000 pour une personne seule.
Avant même la présentation de cette feuille de route, l'opposition s'est montrée très critique, le Rassemblement national (RN) considérant même, par la voix de son porte-parole Thomas Ménagé sur TF1, que François Bayrou se trouvait sur "l'autoroute de la censure".
La suppression des deux jours fériés proposée "est une attaque directe contre notre histoire, contre nos racines, et contre la France du travail", a écrit sur X le président du RN, Jordan Bardella. "Aucun député RN n’acceptera cette mesure, qui relève de la provocation".
Plus important groupe d'opposition à l'Assemblée, le parti d'extrême droite peut faire tomber le gouvernement s'il ajoute ses voix à celles de gauche.
Le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, a dit que son groupe déposerait "évidemment" une motion de censure au retour des vacances parlementaires qui ont commencé vendredi.
Politiquement "Il n'y a que des risques", a reconnu François Bayrou devant la presse. Le gouvernement "ne cherche pas à se préserver, à durer. Il veut changer les choses".
(Reportage Elizabeth Pineau avec la rédaction de Paris, édité par Kate Entringer)
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