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Au sommet de l'OCS la semaine prochaine, Xi, Poutine et Modi tenteront une démonstration de solidarité
information fournie par Reuters 26/08/2025 à 15:41

par Laurie Chen

Plus de 20 dirigeants internationaux se réuniront la semaine prochaine en Chine à l'invitation du président chinois Xi Jinping pour un forum sur la sécurité régionale, une démonstration de solidarité des pays dits du "sud" face à un ordre mondial bousculé par l'administration américaine.

Outre le président russe Vladimir Poutine, des dirigeants d'Asie centrale, du Moyen-Orient, d'Asie du Sud et d'Asie du Sud-Est ont été invités au sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), qui se tiendra dans la ville portuaire de Tianjin du 31 août au 1er septembre.

Le Premier ministre indien Narendra Modi sera notamment présent au sommet, pour sa première visite en Chine depuis plus de sept ans alors que Pékin et New Delhi s'efforcent de désamorcer les tensions provoquées par les affrontements meurtriers qui ont eu lieu à leur frontière en 2020.

Narendra Modi, Xi Jinping et Vladimir Poutine avaient déjà partagé la même scène l'année dernière lors du sommet des BRICS à Kazan, en Russie, alors que les dirigeants occidentaux tournaient le dos au dirigeant russe en raison de sa guerre en Ukraine.

La semaine dernière, des représentants de l'ambassade russe à New Delhi ont déclaré que Moscou espérait que des discussions trilatérales avec la Chine et l'Inde aient lieu prochainement.

"Xi voudra profiter du sommet pour montrer à quoi commence à ressembler un ordre international post-américain et que tous les efforts de la Maison blanche depuis janvier pour contrer la Chine, l'Iran, la Russie et maintenant l'Inde, n'ont pas eu l'effet escompté", a observé Eric Olander, rédacteur en chef du China-Global South Project, une agence de recherche.

"Il suffit de voir à quel point les BRICS ont ébranlé (le président américain) Donald Trump, ce qui est précisément ce pourquoi ces groupes sont conçus."

Le sommet de l'OCS de cette année sera le plus important depuis la création de l'organisation en 2001, a déclaré la semaine dernière un responsable du ministère chinois des Affaires étrangères. Ce dernier a qualifié le bloc de "force importante dans la construction d'un nouveau type de relations internationales".

L'organisation, initialement axée sur la sécurité, n'était à l'origine composée que de six nations, avant de s'élargir à 10 membres permanents et à 16 pays de dialogue et d'observation au cours des dernières années. Le champ d'action de l'OCS s'est également étendu, passant de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme à la coopération économique et militaire.

MISE EN ŒUVRE "FLOUE"

Les analystes estiment que l'expansion est une priorité pour de nombreux pays du groupe, bien que l'organisation n'a pas produit de résultats substantiels en matière de coopération au fil des ans. Ils observent également que la Chine apprécie l'image de solidarité refletée par l'OCS, d'autant plus à une époque où les politiques sont erratiques et où la géopolitique est en pleine mutation.

"La vision précise que l'OCS représente et sa mise en œuvre pratique sont plutôt floues. C'est une plateforme qui a un pouvoir de rassemblement croissant, ce qui aide à la projection narrative", a déclaré Manoj Kewalramani, président du programme de recherche sur l'Indo-Pacifique au sein du groupe de réflexion Takshashila Institution basé à Bangalore.

"Mais l'efficacité de l'OCS dans le traitement des questions de sécurité importantes reste très limitée."

Des frictions subsistent par ailleurs entre certains membres, tels que l'Inde et le Pakistan.

Réunis en juin, les ministres de la Défense de pays de l'OCS n'ont pas été en mesure d'adopter une déclaration commune après les objections de l'Inde. New Delhi s'opposait à la déclaration, qui ne faisait pas référence à l'attaque du 22 avril au Cachemire indien ni aux affrontements entre l'Inde et le Pakistan qui en ont découlé.

New Delhi a également refusé de s'associer à la condamnation commune des attaques israéliennes envers l'Iran, un État membre de l'OCS, au début du mois de juin.

Mais la récente détente entre l'Inde et la Chine après cinq années de frictions frontalières accrues, ainsi que la nouvelle pression tarifaire exercée par l'administration Trump sur New Delhi, ont fait naître l'espoir d'une rencontre positive entre Xi Jinping et Narendra Modi.

"Il est probable que (New Delhi) ravale sa fierté et mette de côté les problèmes de l'OCS de cette année pour tenter de maintenir l'élan de la détente avec la Chine, qui est une priorité clé de Modi à l'heure actuelle", a observé Eric Olander.

Le commerce, la connectivité, le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale font partie des priorités de l'Inde à l'OCS, a déclaré Tanmaya Lal, fonctionnaire du ministère indien des Affaires étrangères.

Narendra Modi devrait aussi tenir des réunions bilatérales en marge du sommet.

Les analystes s'attendent à ce que l'Inde et la Chine annoncent de nouvelles mesures frontalières progressives, telles que le retrait de troupes, l'assouplissement des restrictions en matière de commerce et de visas, la coopération dans de nouveaux domaines, y compris le climat, et un engagement plus large des gouvernements et des peuples.

Malgré l'absence d'annonces politiques substantielles attendues lors du sommet, les experts préviennent qu'il ne faut pas sous-estimer l'attrait du bloc pour les pays du Sud.

"Ce sommet est une question d'image, une image vraiment puissante", selon Eric Olander.

Le Premier ministre indien quittera la Chine après le sommet, tandis que Vladimir Poutine restera à Pékin pour un défilé militaire célébrant le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale plus tard dans la semaine.

(Rédigé par Laurie Chen ; version française Etienne Breban, édité par Kate Entringer)

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