Lancé dans un plan radical contre l'inflation et le déficit public, le président argentin mène une cure d'austérité drastique qui paralyse l'activité. En attendant des jours meilleurs?

Javier Milei, le 24 juin 2024, à Prague ( AFP / Michal Cizek )
"Le plus grand ajustement fiscal non seulement de l'histoire de l'Argentine, mais aussi de l'histoire de l'humanité". En visite en République tchèque, le président argentin Milei s'est félicité lundi 24 juin du tournant ultralibéral pris par son pays, quitte à voir la récession s'installer et le chômage augmenter.
Le produit intérieur brut (PIB) de l'Argentine a enregistré une forte contraction de 5,1% en glissement annuel au cours du premier trimestre, tandis que le chômage frappe désormais 7,7% de la population, selon les chiffres officiels publiés lundi. D'après l'institut de statistiques Indec, le PIB a chuté de 2,6% lors du premier trimestre par rapport au quatrième trimestre 2023.
Le secteur de la construction, le plus touché, dévisse de 19,7% en comparaison annuelle, suivi par l'industrie manufacturière (-13,7%) et les activités d'intermédiation financière (-13%). Seules les exportations ont progressé de +26,1% en glissement annuel et de +11,1% par rapport au trimestre précédent.
"Ensuite nous verrons les fruits de nos efforts"
L'Indec a également publié lundi le chiffre du chômage, à 7,7% de la population active au premier trimestre, soit une augmentation de 0,8 point de pourcentage par rapport à la même période l'année dernière. Les experts estiment que 40% des Argentins en âge de travailler évoluent dans le secteur informel.
Si l'inflation dans la troisième économie d'Amérique latine ralentit en mai (4,2% en rythme mensuel), elle reste vertigineusement élevée sur les cinq premiers mois de l'année (71,9%), à près de 280% en glissement annuel, selon les dernières données officielles disponibles.
Ces données sont conformes aux projections du Fonds monétaire international (FMI) qui prévoit une contraction de 3,5% du PIB en 2024 et un taux d'inflation annuel moyen de 233%. " Nous savons qu'à court terme la situation va se dégrader, mais ensuite nous verrons les fruits de nos efforts", avait promis M. Milei lors de son discours d'investiture en décembre.
Le gouvernement a appliqué d'emblée un drastique programme d'austérité budgétaire tous azimuts, dans un objectif de "déficit budgétaire zéro" à fin 2024, et ainsi de dompter l'inflation chronique (211% en 2023).
Mais les coupes budgétaires, dont la paralysie des chantiers publics, couplées à une brutale dévaluation (54%) du peso en décembre, ont étranglé le pouvoir d'achat. Un impact qui se répercute sur la consommation, l'activité, l'emploi.
15 commentaires
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer