(Actualisé avec conférence de presse de Merz, précisions)
par Andreas Rinke et Matthias Williams
Les conservateurs de la CDU emmenés par Friedrich Merz se sont accordés mercredi sur les termes d'un accord de coalition avec les sociaux-démocrates du SPD, plus d'un mois après leur victoire aux élections législatives qui ont vu la défaite du chancelier sortant, Olaf Scholz.
Le contexte géopolitique incertain et les retombées attendues de la guerre commerciale lancée par Donald Trump ont incité les différentes parties à hâter leurs négociations qui ont laissé de côté le parti d'extrême droite Alternative für Deutschland (Alternative pour l'Allemagne, AFD), arrivé en deuxième position derrière les conservateurs mais loin devant le SPD.
S'exprimant lors d'une conférence de presse, Friedrich Merz a déclaré que cet accord prouvait à l'Europe qu'elle pouvait compter sur l'Allemagne. C'est "un signal fort et clair aux citoyens de notre pays et c'est aussi un signal clair en direction de nos partenaires dans l'Union européenne", a-t-il dit.
"L'Allemagne se dote d'un gouvernement fort et capable d'agir", a-t-il ajouté.
Selon les termes de cet accord, le SPD, laminé aux élections de février, obtiendrait plusieurs ministères, dont ceux des Finances et de la Défense. Les noms des ministres seront choisis par les sociaux-démocrates si les membres du SPD approuvent l'accord de gouvernement, a dit Lars Klingbeil, président du groupe SPD au Bundestag.
Confronté à la crainte de voir les Américains se désengager de l'Europe et du conflit en Ukraine, Friedrich Merz s'est d'ores et déjà engagé à amplifier les dépenses de défense tout en soutenant les entreprises qui doivent faire face à une hausse de leurs coûts, à une demande anémiée et aux récentes décisions de Donald Trump en matière de barrières douanières.
Il s'est en outre engagé à durcir la politique allemande d'immigration, rompant avec l'attitude d'accueil adoptée en son temps par la chancelière Angela Merkel, elle aussi issue de la CDU.
L'accord doit toutefois encore être approuvé par les membres du SPD. S'ils donnent leur feu vert, la chancellerie allemande retournera aux conservateurs après une parenthèse de trois ans incarnée par le social-démocrate Olaf Scholz.
Si elle n'est pas parvenue à se mettre d'accord sur un éventuel redémarrage de certaines centrales nucléaires allemandes, la coalition s'est donné pour objectif de réduire la facture d'électricité d'au moins cinq centimes par kilowatt-heure.
Pour y parvenir, elle a notamment décidé de proposer des mesures incitatives visant à construire jusqu'à 20 gigawatts de capacités de production d'électricité à partir de centrales à gaz et d'adopter des textes législatifs visant à autoriser le captage et le stockage du carbone (CSC), notamment dans les centrales à gaz.
L'hypothèse d'une entrée de Friedrich Merz à la chancellerie allemande est toutefois loin de faire l'unanimité en Allemagne où une étude d'opinion Forsa montre que 60% des sondés le jugent inapte à la fonction de chef du gouvernement allemand.
Un autre sondage Ipsos, tout aussi alarmant pour la CDU, place pour la première fois l'AfD d'Alice Weidel en tête des intentions de vote avec 25%, devant les conservateurs crédités quant à eux de 24%.
(Rédigé par Ludwig Burger, Rachel More et Matthias Williams, version française Nicolas Delame, édité par Blandine Hénault)
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