Air France-KLM : une rentabilité record malgré l'inflation

information fournie par Boursorama avec Media Services •28/07/2023 à 12:25

Le groupe a doublé sur un an son bénéfice net du deuxième trimestre à 604 millions d'euros.

(illustration) ( AFP / JOEL SAGET )

L'inflation qui a alourdi les coûts d'Air France-KLM n'a pas découragé ses clients de voyager, permettant au groupe aérien d'atteindre une rentabilité record et de doubler sur un an son bénéfice net du deuxième trimestre.

Trafic à la hausse et prix des billets élevés

Les 604 millions d'euros engrangés d'avril à juin ne sont pas si éloignés des 728 millions de profit de toute l'année 2022, qui avait vu le groupe franco-néerlandais revenir dans le vert après deux exercices sous le signe du Covid-19 et de pertes cumulées de plus de 11 milliards d'euros.

Avec une marge opérationnelle "record" de 9,6% au deuxième trimestre, l'entreprise franco-néerlandaise a réalisé un chiffre d'affaires en hausse de 13,7% par rapport à la même période de 2022, à 7,6 milliards d'euros, dopé par la hausse de la fréquentation et le niveau élevé des prix des billets, a-t-elle précisé dans un communiqué.

Ces résultats ont été obtenus malgré une capacité en sièges inférieure de 8% à celle de 2019, avant la pandémie. Les compagnies Air France, KLM et Transavia ont transporté 24,7 millions de passagers en trois mois, soit 11% de moins que lors de la période correspondante il y a quatre ans.

Les prix des billets ont bondi depuis l'atténuation de la crise sanitaire, sous l'effet des cours élevés du pétrole, d'une demande repartie en flèche et de capacités contraintes. En avril, selon la Direction générale de l'aviation civile, la hausse des tarifs aériens en France était environ d'un tiers par rapport à 2019.

Malgré l'inflation, qui grignote aussi le revenu disponible des voyageurs, Air France-KLM a dit enregistrer des niveaux de réservations similaires, voire supérieurs à ceux de la même époque de 2022 pour le trimestre en cours - la cruciale période estivale -, ainsi que la fin de l'année.

"Résultats solides"

Sur tout 2023, le groupe prévoit de déployer en moyenne 95% de sa capacité de 2019, aidé par la "low-cost" Transavia qui devrait évoluer entre 130 et 135% grâce à l'accroissement de sa flotte. Air France-KLM pense retrouver sa capacité d'avant-crise l'année prochaine.

La hausse générale des prix a en revanche commencé à avoir des effets sur les coûts unitaires (salaires, redevances...), qui ont augmenté de 5,6% au deuxième trimestre sur un an, contre seulement 0,7% au premier. Air France-KLM s'attend à une baisse du rythme de croissance de ces coûts d'ici à la fin de l'année.

Ils ont amputé de 337 millions d'euros le résultat opérationnel sur un an, annulant les gains obtenus grâce à une facture de carburant moins élevée. Ce bénéfice opérationnel a pourtant presque doublé par rapport au deuxième trimestre 2022, à 733 millions.

Le bénéfice net semestriel s'établit pour sa part à 260 millions d'euros, puisque l'entreprise avait subi une perte de 344 millions au premier trimestre, traditionnellement le plus faible de l'exercice.

"Malgré le contexte inflationniste, nos recettes ont connu une croissance à deux chiffres et notre marge d'exploitation a atteint un niveau record" au deuxième trimestre, a remarqué le directeur général d'Air France-KLM Benjamin Smith, cité dans le communiqué, en saluant des "résultats solides".

La société avait dû son salut à l'intervention des Etats français et néerlandais pendant la crise sanitaire. Elle s'était parallèlement astreinte à une cure d'amaigrissement, suppressions de milliers de postes et abandon des avions les moins rentables à la clé.

Elle a profité de son retour aux bénéfices pour poursuivre son désendettement: la dette nette a fondu de 1,4 milliard d'euros depuis fin décembre 2022, à 4,9 milliards. Le groupe est désormais moins endetté qu'en juin 2019 (5,7 milliards).

Le ratio dette nette sur excédent brut d'exploitation (Ebitda), scruté par les investisseurs car il traduit la capacité d'une entreprise à rembourser ses créditeurs, est tombé à 1,2, soit mieux que l'objectif du groupe (1,5 à 2).

La société, qui veut continuer à renforcer son bilan comptable, a annoncé jeudi être entrée en "négociations exclusives" avec Apollo Global Management pour qu'il injecte 1,5 milliard d'euros dans une nouvelle filiale adossée au programme de fidélité Flying Blue.

Ce fonds américain a déjà apporté un milliard d'euros au total dans des filiales d'Air France-KLM depuis un an, sans dilution des actionnaires, dont l'Etat français qui contrôle 28,6% des parts de l'entreprise.