Le texte du RN n'est pas contraignant, mais il a une haute portée symbolique.
Marine Le Pen à Paris, le 28 octobre 2025. ( AFP / BERTRAND GUAY )
Le Rassemblement national profite jeudi 30 octobre de sa niche parlementaire pour tendre un piège à la droite et aux macronistes. En inscrivant à l'ordre du jour, avant les autres groupes, un texte visant à "dénoncer les accords" de 1968 avec Alger, le RN place ses adversaires politiques face à un dilemme : soutenir l'extrême droite ou se dédire.
Maître de l'ordre du jour dans l'hémicycle jusqu'à minuit, le RN a décidé d'entamer les débats à 9h par un de ses sujets de prédilection : "Les accords franco-algériens" de décembre 1968, dont Marine Le Pen et ses troupes exigent l'abrogation via une proposition de résolution .
Un texte non contraignant mais à la portée hautement symbolique , la revendication étant partagée par d'autres groupes. Ainsi, les Républicains "sont opposés à la convention de 1968", qui offre aux Algériens des clauses spécifiques en matière d'immigration et de séjour en France. De même que le patron des députés Renaissance Gabriel Attal et l'ancien Premier ministre Édouard Philippe (Horizons), a relevé la cheffe des députés RN mercredi.
"Ça me paraît faire une majorité, donc nous verrons bien s'ils votent contre ou pas" , a-t-elle ajouté, soulignant que "tout plaide pour qu'on supprime cette convention qui ne se justifie plus".
Les députés LR ouverts à l'idée
Mais le macroniste Charles Rodwell, pourtant auteur d'un récent rapport accablant contre ce même accord de 1968, a justifié par avance un refus, au prétexte d'un supposé vide juridique qui risquerait de "provoquer un déferlement migratoire" dans l'Hexagone -"analyse totalement erronée" pour Marine Le Pen.
Moins réticents, les députés LR "qui seront présents (...) devraient majoritairement voter ce texte", selon l'entourage de Laurent Wauquiez (Les Républicains).
Le RN, qui se heurte souvent à une opposition de principe à ses textes de la part des autres groupes, escompte faire le plein sur chaque vote, soit 139 voix avec ses alliés de l'UDR, selon un cadre mariniste.
La configuration sera la même sur le deuxième texte, une proposition de loi pour rétablir le délit de séjour irrégulier , idée également "majoritaire au sein de l'Assemblée", selon Marine Le Pen.
Si le temps le permet, le RN tendra d'autres pièges à la gauche, avec un texte pour "limiter les frais bancaires", inspiré d'une initiative communiste, et un autre pour la "gratuité des parkings d'hôpitaux" réclamée aussi par LFI. Preuve de l'embarras suscité, l'Insoumis Éric Coquerel explique que son groupe a pour "règle de ne jamais voter un texte du RN" mais pourrait décider "de ne pas participer au vote".
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