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A peine installé à Matignon, Lecornu réclame des "ruptures"
information fournie par Reuters 10/09/2025 à 14:52

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Courte passation de pouvoir à Matignon entre Bayrou et Lecornu

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Le nouveau Premier ministre déplore un "décalage" avec les Français

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Discussions cet après-midi avec les forces du "socle commun"

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Près de 300 interpellations lors de la journée d'action "Bloquons tout"

A son arrivée à Matignon mercredi, le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu a plaidé pour des "ruptures" afin de répondre au "décalage préoccupant" entre la situation politique instable et les attentes des Français, dont plusieurs dizaines de milliers se sont mobilisés à l'occasion de la journée "Bloquons tout".

L'ancien ministre des Armées a été désigné mardi soir par le président Emmanuel Macron pour succéder à François Bayrou, avec la mission de consulter les forces politiques en vue de bâtir un budget adoptable par un Parlement fragmenté où aucun parti n'a la majorité.

"Il va falloir être plus créatif, parfois plus technique, plus sérieux dans la manière de travailler avec nos oppositions. Il va falloir des ruptures, et pas que sur la forme, et pas que dans la méthode, des ruptures aussi sur le fond", a déclaré Sébastien Lecornu dans la cour de l'hôtel de Matignon lors d'une courte passation de pouvoir avec François Bayrou.

Le nouveau chef du gouvernement a précisé qu'il recevrait dans l'après-midi "les premières forces politiques" puis, ces jours prochains, "les forces politiques et les forces syndicales".

Selon son entourage, Sébastien Lecornu devait ainsi s'entretenir dès ce mercredi avec le président du groupe Ensemble pour la République (EPR), Gabriel Attal, le ministre démissionnaire de l'Intérieur et président des Républicains (LR) Bruno Retailleau, ainsi qu'avec le patron du parti Horizons, Edouard Philippe. Les forces d'opposition seront reçues par la suite.

"(Le) décalage entre la vie politique du pays et la vie réelle devient préoccupant, et pas que pour celles et ceux qui gouvernent (...) mais pour l'ensemble de la classe politique dans son intégralité", a dit Sébastien Lecornu.

Son arrivée à Matignon coïncide avec une journée de mobilisation nationale derrière le mot d'ordre "Bloquons tout", qui a notamment perturbé le trafic routier.

Selon un point de situation du ministère de l'Intérieur à 13h00 (11h00 GMT), 430 actions, dont 273 rassemblements et 157 blocages, réunissant quelque 29.000 participants au total, ont été recensés. Les forces de l'ordre ont interpellé 295 personnes, dont 171 à Paris.

Les autorités ont annoncé le déploiement de 80.000 membres des forces de l'ordre dans tout le pays.

"PAS DE CHEMIN IMPOSSIBLE"

"On va y arriver", a déclaré Sébastien Lecornu, 39 ans, promettant de travailler "avec humilité" au service des Français. "Il n'y a pas de chemin impossible".

Partisan d'un changement de méthode, il est prêt à bouger sur le fond dans les négociations, affirme son entourage.

"Sébastien Lecornu est connu pour son habileté", a dit à Reuters Frédéric Dabi, directeur général de l'institut de sondage Ifop. Mais "le budget devra être antithétique de celui préparé par Bayrou", a-t-il prévenu, mettant en garde contre toute tentation de "se mettre en situation d'agiter des chiffons rouge type jours fériés".

Le précédent projet de budget proposé par François Bayrou, qui prévoyait un effort budgétaire de 44 milliards d'euros l'an prochain, proposait notamment la suppression de deux jours fériés, une mesure très impopulaire qui a contribué à accélérer la chute du leader centriste resté neuf mois à Matignon.

La France insoumise (LFI) a annoncé son intention de déposer une motion de censure dite "spontanée" contre le nouveau Premier ministre, tandis que le Parti socialiste (PS), qui aspirait à entrer au gouvernement, a laissé planer la menace.

"Je veux discuter et comprendre ce que nous sommes capables de faire pour les Françaises et les Français", a déclaré sur franceinfo le patron du PS, Olivier Faure. "Et donc, comment est-ce qu'on fait, notamment pour avoir déjà un projet de budget qui épargne complètement les classes populaires et les classes moyennes ?"

"Si (la) réponse (aux difficultés du pays) est la même que celle qui est formulée depuis huit ans, alors je censurerai et donc nous irons vraisemblablement vers une dissolution", a-t-il mis en garde.

Le scénario de la dissolution est réclamé par le Rassemblement national (RN), formation politique que Sébastien Lecornu, venu de la droite, a toujours pris soin de ménager.

"Le président tire la dernière cartouche du 'macronisme', bunkerisé avec son petit carré de fidèles. Après les inéluctables futures élections législatives, le Premier ministre s'appellera Jordan Bardella", a affirmé mardi la cheffe de file des députés RN Marine Le Pen, peu après l'annonce du nom du nouveau Premier ministre.

VOIR AUSSI: le déroulé des évènements EN DIRECT

(Rédigé par Blandine Hénault, avec la contribution d'Elizabeth Pineau et de Michel Rose)

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