
Un homme répare le mur d'une école de Mamoudzou, à Mayotte, le 18 août 2025 ( AFP / Marine GACHET )
En colère face au retard des travaux, des parents bloquent l'entrée de l'école maternelle d'Ongojou, dans le centre de Mayotte. La rentrée a sonné lundi dans le petit archipel de l'océan Indien, mais les établissements ne sont pas encore tous opérationnels huit mois après le cyclone Chido.
Laine de verre apparente, faux plafonds non remplacés... Echati Combo, une parent d'élève, affirme avoir découvert une scène de chantier en visitant l'école la veille.
"Il n'y a pas de mobilier", témoigne-t-elle devant la grille cadenassée. "Il y a quand même eu un mois et demi de vacances et ils n'ont rien fait".
Faute de conditions d'accueil suffisantes, les élèves d'Ongojou n'ont que deux heures de cours par jour, comme 10% des élèves du premier degré dans l'archipel de l'océan Indien. "Il n'y a pas d'apprentissage en deux heures", tranche Kamary Houdaid, mère d'un élève de CP, qui évoque une situation "infernale".
Cette colère est "partagée par tous les parents" face aux promesses de réparations non tenues, indique Adidja Fatihousoundi, coprésidente de la FCPE locale.
Des retards qui aggravent la problématique de classes déjà "surchargées" selon elle avant le passage dévastateur de Chido en décembre 2024.
- Retards de financements -

La ministre de l'Education nationale Elisabeth Borne lors d'une visite à Mayotte, le 18 août 2025 ( AFP / Marine GACHET )
Pour expliquer le retard des travaux, plusieurs maires pointent du doigt celui des financements de l'Etat alors qu'un fonds d'amorçage de 100 millions d'euros avait été mis en place en mars pour aider les collectivités à reconstruire.
Le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, dit avoir été alerté six mois après une demande de financement que le dossier déposé était incomplet.
"On nous demande des documents qu'on ne nous a jamais demandés en période normale", regrette l'édile de la capitale mahoraise, qui ne comprend pas ce contretemps dans un contexte d'"urgence".
Pour l'heure, quatre écoles de la ville sont toujours en chantier, laissant 3.200 élèves du premier degré, sur 18.000, au rythme de deux heures de cours par jour.
"Je suis bien consciente qu'ici ou là, il y a encore quelques travaux (à réaliser). Pour autant, les élèves vont pouvoir fonctionner normalement", dit la rectrice de l'académie de Mayotte, Valérie Debuchy.
Elle évoque "une rentrée normale" pour les 52.290 élèves du second degré, comme l'avait avancé la ministre de l'Education nationale Elisabeth Borne lors de sa visite dans l'archipel la semaine passée.
- Défi relevé -

Des élèves d'une école de Mamoudzou, à Mayotte, le 18 août 2025 ( AFP / Marine GACHET )
Le sifflet retentit en ce lundi de rentrée dans la cour de l'école primaire de Tsoundzou 2, à Mamoudzou, relativement épargnée par le cyclone.
"On est en rythme scolaire, le matin et l'après-midi, comme une école normale", explique Maryne Ratane, la codirectrice, dont les 750 élèves vont retrouver leurs enseignants 24 heures par semaine.
Inutilisable après le passage de Chido, l'école Issoufi Madi Mchindra de Chiconi, dans l'ouest du département, a été remise sur pied peu avant la rentrée.
L'établissement, qui reçoit habituellement 350 élèves, a dû mettre en place des rotations pour pouvoir en accueillir le double puisque deux autres écoles de la commune sont toujours hors d'usage.
Le défi a également été relevé au collège de Chiconi, un des plus dégradés par le cyclone. Bien que plusieurs classes portent encore des stigmates et qu'un millier de tables et de chaises manquent à l'appel, les 917 élèves vont pouvoir être accueillis.
Certains enseignants restent malgré tout perplexes.
"On sait qu'un certain nombre de classes seront mal équipées ou nécessiteront encore des travaux", s'inquiétait peu avant la rentrée Bruno Dezile, secrétaire départemental du syndicat enseignant CGT Educ'action Mayotte.
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