Les taux d'intérêt remontent
Journée agitée hier. Très agitée. Sur les indices boursiers, RAS mais sur les marchés de taux d'intérêt cela ressemblait à un début de panique. Les taux d'emprunt d’État européens ont connu des progressions quotidiennes qu'on n'avait pas vues depuis plus de 15 ans. Le retour à des taux "normaux" après des années de taux zéros ou négatifs pourrait se faire dans la douleur.
UN MINI KRACH OBLIGATAIRE
Forte remontée des taux d’intérêt hier sur les marchés. Quelle journée! Si vous ne regardiez les marchés qu’à travers les indices boursiers, c’était une journée calme voire agréable. Mais sur les marchés obligataires, les marchés de dettes d’État, on a vécu une journée historique. On ne pas parler encore de krach mais ça y ressemble de plus en plus. Prenez juste les taux allemands à 10 ans considérés à juste titre comme une référence. Ils ont progressé de plus de 0.30% pour atteindre les 0.90%. On n’avait pas vu une telle progression depuis 1998. Rappelons-nous quand même qu’ils étaient à 0.05% il y a encore quelques semaines. 20 fois moins. C’est spectaculaire.
DRAGHI SÈME LA TEMPÊTE
Qu’est-ce qui explique cette remontée ? Un ensemble d’éléments. À la base la perception par les investisseurs que le spectre de la déflation s’éloigne d’Europe suite à des chiffres positifs d’inflation. Mais surtout le manque de lisibilité de la stratégie de la Banque Centrale Européenne. Certes Mario Draghi réaffirme qu’il laissera les taux courts à zéro aussi longtemps que nécessaire, certes il accélère son quantitative easing avant l’été, mais d’un autre côté il déclare hier qu’on doit s’attendre à beaucoup plus de volatilité sur la valeur des actifs financiers. Il pensait peut-être aux marchés des actions, mais ce sont les marchés obligataires qui ont réagi à sa déclaration.
LE COÛT DE LA DETTE POUR L’ÉTAT
Quel est l’impact de cette remontée des taux ? Si elle venait à durer ou à s’accélérer, elle provoquerait d’abord d’énormes secousses sur les marchés. Comme hier. Mais c’est surtout pour des pays très endettés comme la France que les conséquences pourraient devenir gênantes. Pour l’instant pas de panique parce que le niveau général des taux reste encore historiquement et spectaculairement bas. Mais le taux à 10 ans français a allègrement franchi la barre des 1%. On a frôlé les 1.20% alors que les taux étaient à 0.44% au plus bas. Ça veut dire que le coût de la dette s’alourdit et va peser sur notre déficit. Depuis quelques jours, on sent que les investisseurs sont très nerveux, mais les gouvernements pourraient le devenir aussi très rapidement.
- Marc Fiorentino