Sables bitumineux: résolution américaine contre le pétrole «sale»
Barack Obama
La Presse
La réprobation à l'endroit des sables bitumineux se répand telle une traînée de poudre au sud de la frontière. Après la Maison-Blanche et la Californie, au tour de Barack Obama et des maires américains de condamner ce pétrole, dont la production est jugée trop polluante.
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Réunis en congrès à Miami, les maires de quelque 1100 municipalités ont adopté une résolution surprenante contre les sables bitumineux, lundi. Ils s'engagent à réduire, voire interdire l'achat d'essence issue de cette source pétrolière pour alimenter leurs parcs de véhicules.
Le pétrole albertain est directement visé par le United States Conference of Mayors (USCM), car sa production «émet trois fois plus de dioxyde de carbone que le pétrole conventionnel» en plus de «causer des dommages considérables à la forêt boréale du Canada», précise la résolution.
Même son de cloche du côté du candidat à la présidence Barack Obama, qui a promis de rompre la dépendance de son pays par rapport au pétrole «sale, en déclin et coûteux». Cela concerne-t-il les sables bitumineux? Peut-être, a reconnu mardi le conseiller à l'énergie d'Obama, Jason Grumet.
«S'il s'avère que la technologie n'évolue pas et que la seule façon d'extirper le pétrole contribue aux changements climatiques, dans ce cas cette source pétrolière ne cadrerait pas avec nos objectifs à long terme», a-t-il indiqué.
Ces affirmations sont lourdes de sens, car elles vont dans la même direction qu'une pièce législative récemment signé par le président américain, George W. Bush. Intitulée Energy Independence and Security Act of 2007, cette loi énergétique interdit aux agences fédérales (Armée, Service postal, CIA, etc.) d'acheter tout carburant dont la production pollue davantage que celle du pétrole conventionnel.
Ces affirmations vont également dans le sens de ce qui se trame en Californie. Le gouverneur, Arnold Schwarzenegger, a affirmé l'an dernier vouloir réduire de 10% l'indice de carbone moyen des carburants consommés, ce qui signifie que l'État prendra en considération le «cycle de vie» des carburants qu'il importe. Si la production est trop polluante, il sera tout bonnement interdit.
Fin de l'insouciance
Pour les écologistes, tout cela annonce la fin de la période d'insouciance dans laquelle vivent les pétrolières installées dans l'Ouest. Mais pour les principaux intéressés, il s'agit plutôt d'une occasion de trouver d'autres acheteurs pour le pétrole canadien.
«Les réserves de pétrole sont en déclin un peu partout, a indiqué Rick George, patron de Suncor Energy, le plus important producteur pétrolier canadien. Le Mexique connaît un déclin rapide. La mer du Nord est en déclin. Le Venezuela devrait rencontrer la même situation. Il y a des problèmes au Nigeria, en Russie. Le monde absorbera ce pétrole d'une façon ou d'une autre. Si les États-Unis ne le prennent pas, nous développerons d'autres marchés.»
Pour Rick George, tout comme pour les élus albertains, les prémisses sur lesquelles se basent les maires américains, Barack Obama et la Californie sont de toute façon fausses. À leur avis, le caractère polluant de la production pétrolière est «un mythe», d'autant que d'immenses efforts auraient été faits ces dernières années pour réduire l'impact environnemental de ce secteur.
Pour les écologistes, au contraire, le vrai visage de la production pétrolière se révèle enfin. «Il y a une sensibilisation croissante aux États-Unis quant à l'impact des sables bitumineux, se réjouit Simon Dyer, de l'Institut Pembina. Cela n'est pas surprenant, car les statistiques démontrent qu'entre 2003 et 2010, les sables bitumineux seront responsables de 41 à 47% de la hausse des émissions totales du Canada.»
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