le 28/10.
La BRVM devrait profiter du programme de désengagement de lEtat
Jean-Paul Gillet, directeur général de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), évoque avec nous les perspectives du développement du marché boursier ouest-africain.
Jean-Paul Gillet : « Nos autorités doivent faire preuve de pro-activité et avoir constamment en tête quil ny a pas quun seul moyen de financement, ni une seule place financière au monde. »
Les Afriques : Quels sont les grands projets de relance économique de la Côte dIvoire ?
Jean-Paul Gillet : Sur les chantiers de la relance, le président Alassane Ouattara et son équipe sont à pied duvre. A titre dexemple, le chantier du troisième pont est lancé. Lautoroute du Nord, projet de lancienne législature, va être finalement réhabilitée. La réussite de lemprunt obligataire étatique, le premier sous lère Alassane Ouattara, qui a permis de lever 160 milliards FCFA, témoigne de la confiance des investisseurs et des partenaires de la Côte dIvoire. Le succès de cette opération témoigne de la crédibilité des choix économiques stratégiques pris par le président et son équipe.
« Ce nouveau marché sinspire du marché libre dEuronext de Paris. En principe, une entreprise pourra être cotée sans avoir le visa de lautorité de tutelle, comme cest le cas en France. »
LA : La Bourse dAbidjan profitera-t-elle de cette confiance accordée à la Côte dIvoire ?
JPG : Certainement. Elle en bénéficiera dautant plus que le président Ouattara a annoncé que lEtat allait se désengager dun certain nombre dentreprises. En 2012, il y aura probablement un programme de désengagement et de cession de titres publics comme dans Orange Côte dIvoire. Il y aura sûrement des banques dans la liste des cessions de participation de lEtat. Si cela se confirme, cest de bon augure pour la Bourse des valeurs mobilières dAbidjan. Sur le plan réglementaire, nous souhaitons quil y ait plus dincitations, notamment fiscales, pour orienter les PME-PMI et les grandes entreprises vers la Bourse. Lon souhaite aussi que les autorités de tutelle soient plus diligentes dans le traitement des dossiers.
LA : Justement, des entreprises de la région vont se faire coter à Euronext. Une concurrence à la BRVM ?
JPG : Cest vrai, il y a des entreprises qui vont se faire coter ailleurs, comme à Euronext. Ce nest pas contradictoire, cest même complémentaire. Toutes ces sociétés (Simat, Petroivoire et Money Express) nous ont déclaré leur intention de se faire coter dans un deuxième temps à la BRVM. Lon a par exemple, au Maroc, une entreprise comme Maroc Télécom qui est cotée en même temps à Casablanca et à Paris. Cest un bon moyen de drainer des capitaux. De plus, les marchés internationaux comme Paris et Londres apportent plus de notoriété et de visibilité aux entreprises africaines en phase dexpansion. Reste, quen termes dinvestissements, il convient dencourager ces sociétés à sintroduire localement. Cela a commencé dailleurs, puisquon voit des émissions de doubles emprunts obligataires là-bas et ici. Par ailleurs, il faut éviter que le pouvoir des Autorités de tutelle ne soit perçu comme un frein à laccès au marché. Nos autorités doivent faire preuve de proactivité et avoir constamment en tête quil ny a pas quun seul moyen de financement, ni une seule place financière au monde, rien nest parfait, tout est perfectible. Cest en avançant quon saméliore. Nos règlementations africaines ne doivent pas être plus rigides que celles en vigueur ailleurs. Nous devons faire preuve dune adaptation aux réalités locales et faire progresser lensemble des acteurs. Par exemple, lexigence de notation pour les entreprises cotées en actions nest pas en phase avec notre contexte. Il nest pas souhaitable non plus que tout soit permis, quil ny ait aucun contrôle sur le sérieux et la fiabilité des émetteurs, mais il y a un juste milieu à trouver pour développer le marché financier.
LA : Le concept dun marché libre, comme à Euronext, ne convient-il pas mieux aux PME-PMI ?
JPG : Justement, le 28 octobre prochain, la BRVM présentera aux acteurs du marché un projet de « nouveau marché », avec un mode de fonctionnement plus souple par rapport au marché officiel de la BRVM.
Ce « nouveau marché » sinspire du marché libre dEuronext de Paris. En principe, une entreprise pourra être cotée sans avoir le visa de lautorité de tutelle, comme cest le cas en France. Cest un moyen de permettre aux entreprises de financer leur développement sans des contraintes lourdes qui pourraient réduire lattractivité de lintroduction en Bourse. Ce « nouveau marché » doit être à la Bourse ce que le concept de microfinance est à la banque. Cest un moyen de recruter de petites PME-PMI en forte croissance, de leur ouvrir les portes dun financement adapté, tout en leur inculquant les prinipes dune éducation financière qui leur permettra un jour dêtre bancables ou, en ce qui nous concerne, de sintroduire en Bourse.
PROPOS RECUEILLIS PAR ADAMA WADE
http://www.lesafriques.com/actualite/la-brvm-devrait-profiter-du-programme-d e-desengagement-de-l.html?Itemid=89?articleid=30110