Un petit retour sur l'aspect technique des choses. Je vous le romance un tout petit peu autrement c'est trop chiant.
Le Brésil est un terrain un peu désespérant pour l'exploration : un territoire immense, des moyens de communication inexistants, du pétrole nulle part ; pratiquement il est plus facile d'aller forer offshore qu'au coeur du Mato Grosso. Le Brésil a longtemps cherché offshore en trouvant quelques puits assez minables ; il n'a jamais été considéré par les Majors comme une cible intéressante, au contraire du Nigeria, du Congo, et de l'Angola.
De l'Angola ? Entre en scène un jeune ingé, son diplôme encore frais, qui se met à expliquer Wegener à tout le monde. Il était où l'Angola il y a x millions d'années ? Eh ben oui, tout contre le Brésil. Alors pourquoi y aurait-il de l'offshore africain, et pas d'offshore brésilien ? Les vieux de la vieille lui disent qu'on a essayé maintes fois, on a à peine trouvé de quoi payer les forages, et d'aller forer lui-même puisqu'il est si malin.
C'est là que la technique, la vraie, la lourde, entre en scène :
- on invente les bateaux foreurs à positionnement dynamique
- on invente les satellites avec radar à ouverture synthétique
- on invente le carottage piston
- on analyse plus finement les pétroles déjà en production offshore
et on se rend compte que
- ces pétroles sont associés à de l'eau salée. D'où vient ce sel ?
- on trouve régulièrement des taches d'huile offshore
- le carottage piston donne des résultats positifs à de nombreux endroits.
Conclusion : il y a du pétrole quelque part, mais on ne l'a pas trouvé. Et pourtant on a cherché ! Où se cache-t-il ?
On réexamine le dossier, et on se rend compte que, au-delà d'une certaine profondeur, une énorme quantité de sel (sans doute hydraté) est opaque au sismique standard. Le pétrole serait-il caché dessous ?
Après beaucoup de tergiversations et de budgetisation, on finit par louer un bateau à positionnement dynamique et on va creuser - en fait, on fait une campagne de forage.
Et on découvre, effectivement, bien planqué sous sa couche de sel opaque, un gisement "immense" : 800 km sur 200 km.
Mais il est peut-être vide : la géologie veut que, si un gisement est trop faillé, le pétrole a eu largement le temps, en 150 millions d'années, de migrer vers la surface et se perdre à tout jamais. C'est là que commence le véritable suspense : vide ou pas ?
Petrobras a donc été obligé de forer non pas un seul puits, mais une vingtaine avant de crier victoire. On comprend mieux que Lula lui-même se soit emparé du sujet.
Il s'agit donc bien d'une découverte extrêmement technique, et non pas un simple coup de bol ; donc éventuellement répétable.
Pour les amoureux de la technique pétrolière, les Brésiliens ont déjà livré beaucoup d'explications sur le sujet :
http://www.geochemsol.com/regional-studies.htm
http://www2.petrobras.com.br/AtuacaoInternacional/PetrobrasMagazine/pm51/eng/frmset_merito.html