Grave crise bancaire en vue en Slovénie
Pour l'OCDE, la Slovénie a mal évalué les besoins de ses banques. Le pays est invité à recapitaliser les établissements viables et à démanteler les autres.
La notation de NLB, l'une des principales banques de Slovénie, a été dégradée par Fitch cette semaine.
La Slovénie, considérée comme susceptible de devoir faire appel à une aide financière extérieure, semble avoir mal calculé le coût de l'assainissement de ses banques en difficulté, a déclaré mardi l'OCDE. L'Organisation pour la coopération et le développement économiques recommande donc à Ljubljana de sauver les établissements financiers qui peuvent l'être et de liquider les autres en faisant contribuer les créanciers subordonnés au coût de leur démantèlement. "La Slovénie est confrontée à une grave crise bancaire, résultant d'une prise de risques excessifs, d'une mauvaise gouvernance et d'instruments de supervision peu efficaces", assure l'organisation internationale.
Selon une évaluation réalisée l'an dernier, les banques slovènes, contrôlées par l'Etat pour la plupart d'entre elles, sont handicapées par sept milliards d'euros de créances douteuses, l'équivalent de 20% du produit intérieur brut (PIB) de ce pays de deux millions d'habitants. L'OCDE estime aujourd'hui que cette évaluation est dépassée et que le montant des créances douteuses de banques slovènes pourrait être "nettement supérieur".
Tout en saluant la création d'une "bad bank", une structure de défaisance appelée à reprendre les créances douteuses des banques publiques, l'OCDE ajoute que "le manque de transparence et la possibilité d'interférences politiques créent des risques". Elle appelle donc Ljubljana à procéder à de nouveaux tests de résistance ("stress tests") du secteur bancaire fondés sur une méthodologie plus exigeante, à en publier les résultats puis à recapitaliser les banques en difficulté mais viables, de préférence par le biais d'augmentations de capital.
L'étude de l'organisation ajoute cependant que, selon les estimations de marché, les fonds propres des banques publiques ont été "pratiquement annihilés". Elle préconise donc un démantèlement des établissements non-viables en faisant supporter une partie des pertes aux détenteurs de dette subordonnée et des titres de capital les moins bien notés.
A plus long terme, l'OCDE prône une privatisation des banques et critique l'intention du gouvernement de centre-gauche de conserver une minorité de blocage, source potentielle d'interférence politique selon elle.
Dans une nouvelle étude économique publiée mardi, l'OCDE prévoit une deuxième année consécutive de contraction, de 2,1%, et constate que la dette publique a doublé depuis 2008 pour atteindre 47% du PIB. Faute de nouvelles réformes, ajoute-t-elle, le ratio d'endettement de Ljubljana pourrait atteindre 100% en 2025.
L'OCDE juge que "d'autres réformes de grande envergure et dans les meilleurs délais sont nécessaires pour restaurer la confiance et éviter les risques de récession prolongée et de restrictions d'accès aux marchés de capitaux". L'OCDE préconise donc entre autres un relèvement progressif de l'âge de la retraite, une réduction des prestations familiales versées aux foyers les plus aisés, une baisse des allocations-chômage et d'autres prestations sociales.