Comment Figeac Aero a gagné ce contrat alors que vous étiez en concurrence mondiale ?
Spirit a été favorablement impressionné par la stratégie du groupe Figeac Aero. Ils nous avaient déjà remis une récompense en septembre dernier pour la meilleure stratégie de sous-traitance. Spirit est allé au-delà des mots et nous a sélectionnés pour ce contrat de 600 millions de dollars sur dix ans.
Qu'est-ce qui a fait la différence ?
Les Américains ont considéré que nous consacrions un niveau d'investissement énorme pour s'approcher de l'excellence industrielle en améliorant sans cesse nos process vers l'usine du futur. Ils ont aussi approuvé notre stratégie de filiales dans les pays low cost avec une usine en Tunisie, deux au Maroc et une au Mexique qui s'ajoutent à celle de Figeac dans le Lot et à notre site américain de Wichita, près du siège de Spirit. Cette empreinte low cost nous a permis de proposer la meilleure offre au meilleur prix.
D'autres grands contrats sont-ils en cours de négociation ?
Oui il existe d'autres contrats et appels d'offres en cours.
Avec Airbus ou Boeing ?
Ces deux avionneurs représentent à eux seuls 75 % de l'activité aéronautique mondiale. Il y a donc trois chances sur quatre qu'un futur contrat les concerne. Mais pourquoi pas les Japonais aussi…
Profitez-vous de la hausse des cadences d'Airbus ?
La hausse des livraisons d'Airbus nous permet d'augmenter naturellement notre chiffre d'affaires sans avoir à prendre de nouveaux contrats. Depuis six ans, l'augmentation moyenne annuelle de notre chiffre d'affaires atteint 23 %. En 2017, ce sera 34 % puisque notre chiffre d'affaires va s'approcher de 340 M€ contre 252 M€ en 2016. L'an dernier l'augmentation s'explique par les cadences à la hausse pour les Airbus A320 et A350 mais aussi pour les Boeing 737 et 787.
Le nouveau contrat Spirit va-t-il générer des embauches ?
Figeac Aero emploie aujourd'hui 3 000 salariés dans le monde dont 1 100 à Figeac. En 2020, le groupe aura atteint 5 000 salariés dont 1 500 pour le site de Figeac. Nous allons donc embaucher 400 personnes en trois ans dans la région.
Allez-vous continuer à investir dans vos usines ?
Nous allons investir 170 M€ sur les trois prochaines années dans toutes nos usines : en France et à l'étranger. Car aujourd'hui nous ne disposons pas encore de l'outil industriel nécessaire pour atteindre notre objectif de 650 M€ de chiffre d'affaires d'ici mars 2020.
Quelles usines en bénéficieront ?
Tous nos sites sont concernés mais nous allons privilégier ceux où c'est le plus facile de se développer : les pays low cost car on y trouve une main-d'œuvre de production en abondance que nous formons, de la matière grise sans limite avec des ingénieurs de qualité. Dans nos usines françaises il est difficile de s'agrandir alors que dans les pays low cost des terrains sont disponibles.
Votre usine mexicaine sera-t-elle victime de la politique américaine sur les importations ?
Donald Trump est un homme d'affaires averti. Il que sait pour dynamiser son économie, il aura besoin de faire du business avec les autres et notamment avec le Mexique. La stratégie américaine ne pénalisera donc pas le développement de Figeac Aero.
Comment se passe l'intégration d'Auvergne Aéro que vous avez racheté en novembre dernier ?
L'intégration se passe bien avec les 700 salariés que nous avons repris. Nous nous attachons à inverser la mauvaise tendance que cette société a prise depuis huit ans. Nous sommes en train de réussir. Notre priorité c'est livrer les clients à l'heure. Ce sera fait au printemps. Ensuite nous allons gagner de nouvelles affaires pour faire monter en charge les usines de Clermont Ferrand et de Casablanca. Enfin, nous investirons pour améliorer la productivité et développer le chiffre d'affaires.
Est-il encore possible de créer des emplois industriels en France ?
J'en suis la preuve vivante. En 1989, j'ai commencé seul aujourd'hui nous sommes 1100 à Figeac. L'industrie française peut être compétitive mais il faut investir dans des technologies nouvelles, être aussi installé en zone low cost et être proche de chez clients comme aux USA près de Spirit pour nous.
De nouveaux rachats en vue
Figeac Aero a beaucoup grandi au gré d'acquisitions successives. Mais pas question de regarder le dossier Latécoère. «Ce n'est ni un concurrent, ni une cible mais un client. Latécoère est un équipementier, nous sommes un sous-traitant et voulons le rester, tranche Jean-Claude Maillard. Latécoère mérite de retrouver son lustre d'avant». En revanche, le PDG assure qu'il prépare «sur le moyen terme» de nouvelles opérations de rachats dans la sous-traitance.
Recueilli par Gil Bousquet
