- Spécialisée en cancérologie, Erytech est une biotech lyonnaise. Elle a mis au point une technologie lui permettant d’encapsuler, à l’intérieur des globules rouges des molécules thérpaeutiques actives pour empecher leur destruction par le système immunitaire… et accroitre leur efficactié.
Dans le Graspa, son candidat-médicament le plus avancé, l’asparaginase, une molécule qui «affame» les tumeurs cancéreuses, est enfermé dans les globules rouges…
Le Revenu : Vous avez annoncé en novembre le retrait de la demande de mise sur le marché de Graspa dans la leucémie aigue lymphoblastique (LAL), demande que vous aviez initialement déposée en septembre 2015 auprès des autorités sanitaires européennes. Faut-il s’en inquiéter ?
Gil Beyen : Les autorités nous ont posé plusieurs questions. Mais la plus importante porte sur l’immunogénicité de Graspa : l’enjeu pour nous est de démontrer que notre produit n’entraîne pas d’allergie et que le système immunitaire ne produit pas trop vite d’anticorps ciblés contre le médicament, le rendant ainsi inactif. Nous menons, pour ce faire, des essais in vitro et in vivo
Nous ne sommes pas inquiets : les résultats des essais cliniques déjà publiés montrent l’absence de réactions allergiques ainsi que la faible neutralisation du produit par le système immunitaire des patients. Nous ne sommes pas non plus étonnés qu’il y ait autant des questions des autorités autour de Graspa. Ce produit est très innovant. Et chaque question apporte des réponses qui ouvrent elles-mêmes d’autres questions.
Nous espérions en revanche qu’il aurait été possible d’apporter aux autorités ces éléments complémentaires après la mise sur le marché de notre produit. Nous avons également été surpris que l’extension du délai ne nous ait pas été accordée, nous obligeant à retirer notre demande. Nous la redéposerons mi-2017.
Le Revenu : Quels sont les prochains rendez-vous que vous fixez à vos actionnaires.
Gil Beyen : Nous avons l'intention de rencontrer les autorités sanitaires américaines (FDA) également à mi-année pour faire le point sur Graspa, dans la LAL. Nous menons, outre-Atlantique, un essai clinique initial (phase I), avec 12 patients. Mais nous devrions pouvoir exploiter les données cliniques obtenues en Europe dans notre démarche aux Etats-Unis. Quand nous saurons ce qui nous est demandé par la FDA – probablement la réalisation d’un essai clinique «pivot» (phase finale) – nous en informerons nos investisseurs.
Par ailleurs, à la fin du 1er trimestre, nous aurons en main des résultats d’un essai clinique intermédiaire (phase II) dans le cancer du pancréas. S’ils sont favorables, nous pourrions être en mesure de lancer un essai clinique final dans cette indication.
Enfin, d’ici le quatrième trimestre de cette année, des résultats cliniques tomberont dans la leucémie myéloïde aigüe. Là encore, nous déciderons, en fonction de l’efficacité de Graspa, d’un passage en phase finale.
Le Revenu : Vous avez levé 10 millions d’euros en décembre dernier, dans le cadre d’un placement privé. Quelle est votre autonomie financière ?
Gil Beyen : Au rythme actuel des dépenses, nous disposons de deux ans de visibilité. Mais si nous décidons, cette année, le lancement de trois essais clinique de phase III, alors, bien-sûr, il nous faudra des moyens supplémentaires, ou des accords de licence avec des groupes industriels pharmaceutiques.