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Schumpeter et Tocqueville par Charles G
Auj. à 08:40
Schumpeter et Tocqueville par Charles Gave
Schumpeter et Tocqueville par Charles Gave
Schumpeter, au début des années 20 était dans un café à Vienne avec un ami; entre Max Weber, le grand, limmense sociologue, et tous les trois de commencer à discuter sur ce qui se passait à ce moment la en Russie, avec la prise de pouvoir par les communistes. Schumpeter, très calmement annonce que lexpérience va échouer et quelle sera a lorigine de dizaines voir de centaines de million de morts dabord en Russie, et ensuite dans le monde entier. Plus Schumpeter développe ses arguments, plus Max Weber devient agité et plus il se met à hurler quil est absolument intolérable de prévoir de telles horreurs et de ne rien faire pour les empêcher. Le ton continue à monter au point que Schumpeter se croit obligé de reprendre son manteau pour sortir. Une fois dehors, son ami (qui a rapporte cette altercation) demande a Schumpeter ce quil pensait de cette discussion.
Très calme, notre héros lui dit : »Je ne comprends pas comment un homme aussi bien élevé peut crier aussi fort dans un café. »
Il y a dans cette anecdote tout ce que jaime chez Schumpeter.
Une capacité incroyable à analyser une situation et à en tirer une conclusion logique sans que ses préférences personnelles influent en quoi que ce soit sur son analyse. Von Mises ou Hayek auront aussi cette capacité, mais il sera toujours possible de leur opposer que leurs conclusions sont douteuses parce quentachées par leurs préférences politiques personnelles. Pas Schumpeter. Il analyse froidement la situation, et en tire les conclusions qui lui semblent simposer tout en faisant abstraction de tout à priori normatif. Cest ce quil appelait avoir lesprit « scientifique ».
Il avait un humour incroyable que seuls Bastiat, Milton Friedman ou Keynes ont approché, tant il est vrai que la plupart des économistes sont dun ennui foudroyant. Il disait quil avait trois buts dans la vie, être le meilleur économiste de tous les temps, mais aussi le meilleur amant et le meilleur cavalier. Ensuite, il ajoutait « et pour ce qui est des chevaux, jai encore des progrès à faire »
Il parlait toutes les langues, était dune culture incroyable (voir son histoire des idées économiques) et il est mort en lisant les tragédies dEschyle dans le texte en Grec ancien. Il était aussi a laise en sociologie (son analyse de la sociologie de Karl Marx est un classique) quen économie ou en économétrie
Bref, un géant de la pensée, un vrai.
Son grand livre sintitule » Capitalisme, Socialisme et Démocratie » et cest dans ce livre quil introduit la notion de « création destructrice » qui seule permet la croissance économique, mais ce grand livre est incroyablement pessimiste.
Sa thèse, grossièrement résumée est la suivante.
PLUS DE GAVE EN SUIVANT:
Le capitalisme permet la croissance économique et une hausse du niveau de vie de tout un chacun et il est le seul à les permettre.
Cette hausse du niveau de vie va permettre à la population entière dêtre éduquée
Ce besoin déducation va créer une classe dintellectuels qui ne pourront pas ne pas haïr de toutes leurs forces la création destructrice tant ils voudront être les seuls a y échapper (si on avait demandé aux dinosaures si le Darwinisme était une bonne idée, nul doute quils auraient répondu par la négative).
Cette classe intellectuelle allait certainement prendre le contrôle du système démocratique par le vote, et son seul et unique but serait dempêcher la création destructrice davoir lieu, ce qui tuerait toute croissance et amènerait à de plus en plus dinterventions de la part du pouvoir politique et donc à une chute encore plus forte de la croissance, la fin ultime étant un corporatisme protectionniste et la stagnation économique au mieux, un écroulement du système démocratique, au pire.
Schumpeter se hâtait dajouter que ce nétait pas ce quil souhaitait, mais ce qui lui semblait inévitable
On voit à quel point cette analyse est différente de celle de Milton Friedman, pour qui capitalisme et démocratie étaient lenvers et lendroit de la même pièce de monnaie. Jai longtemps cru que Milton avait raison et que Schumpeter avait tort.
Les événements actuels mamènent à penser quil navait peut être pas si tort que ca
Partout de pseudo intellectuels ont pris le pouvoir (Obama, Holland, Monti, la commission Européenne), et ils nont comme point commun que leur détestation du capitalisme et de la création destructrice.
Partout les prix de marché qui seuls permettent des décisions rationnelles sont supprimés (Euro, taux dintérêts) ou manipulés (Taux de change, salaire minimum, privilèges de la fonction publiques, capitalisme de connivence,etc
).Partout ou les intellectuels ont pris le pouvoir, partout les entrepreneurs sont vilipendés et taxés a mortJamais lécart entre ces élites éduquées et le peuple na été aussi immense, jamais les procédures électorales nont été autant manipulées pour que cette caste des « cognoscenti » reste au pouvoir envers et contre tout. Entre Berlusconi qui manipule lélectorat avec son réseau de télévisions et de journaux et les technocrates français au pouvoir depuis longtemps grâce au contrôle quils ont du monde de la culture et de léducation nationale, je ne vois pas bien la différence.Pour éviter de tomber dans un pessimisme Schumpetérien et garder mon optimisme Friedmanien, je peux peut être faire lanalyse suivante.
Il existe des pays où nous navions ni liberté économique ni Démocratie. Apres la chute du mur de Berlin, les autorités dans ces pays ont DU donner à leurs peuples la liberté économique et donc permettre à la destruction créatrice davoir lieu. La croissance a suiviCette croissance amènera à terme à la Démocratie (thèse de Friedman), qui après quelques décennies sera capturée par nos incompétents sur diplômés (thèse de Schumpeter).
Peut être après tout le cycle long est-il:
-Capitalisme
-Hausse du niveau de vie
-Apparition dune classe dintellectuels, qui semploient à tout f@utre en lair, avec tout le succès que lon voit en France en ce moment.
-Stagnation
-Révolution ou Reforme
-Baisse du niveau de vie
-Dictature
-Retour à la case départ?
Ce qui voudrait dire que en ce qui concerne le placement des capitaux, il faudrait être aujourdhui en Asie ou en Amérique Latine, surveiller les USA et la Grande Bretagne dans lespoir dun sursaut et rester en Suède ou au Canada qui sont déjà passés par la case Révolution ou Réforme
Mais Dieu que lEuroland est mal partie si cette analyse est juste
Par Charles Gave/ le 11/3/13