En matière de financement, Elis avance à visage découvert. Depuis le mois de janvier, le blanchisseur bénéficie du programme EMTN organisé par la Banque de France. Pendant un an « facilement renouvelable », le groupe peut émettre des obligations quand il le souhaite sur les marchés, sans avoir besoin de rédiger de nouveaux prospectus. Pour cela, l'entreprise a mis au point un « gros prospectus unique d'émission » qu'il a préalablement pris soin de discuter avec l'Autorité des marchés financiers (AMF). « Pour être schématique, nous pourrions dire qu'il ressemble à un document de référence, avec sa documentation juridique, sa revue des risques et différents points de performance économique, souligne son directeur financier, Louis Guyot. L'adhésion à ce programme traduit nos ambitions à moyen terme. »
Rééchelonner
Et pour cause, depuis l'acquisition réussie du britannique Berendsen, Elis a changé de taille et d'échelle. A la faveur de cette opération, son chiffre d'affaires est passé de 1,7 à 3 milliards d'euros. « Nous avions réalisé plusieurs acquisitions structurantes par le passé, mais celle de Berendsen est à proprement parler transformante, assure le directeur financier. Notre bilan est également devenu plus mature, avec une part de financements obligataires qui a vocation à devenir majoritaire, comme on le constate chez les grands groupes. » Déjà, ses sources de financement ont évolué : aux deux tiers obligataires et à un tiers bancaire, qui assure par ailleurs la liquidité avec 500 millions d'euros de crédit revolver non tirés. « C'est une évolution naturelle, précise Louis Guyot. Déjà, ses sources de financement ont évolué : aux deux tiers obligataires et à un tiers bancaire, qui assure par ailleurs la liquidité avec 500 millions d'euros de crédit revolver non tirés. »
Alors, lorsqu'il a fallu refinancer le crédit-relais de 1,9 milliard d'euros accordé par deux établissements bancaires pour l'acquisition de Berendsen, Elis ne s'y est pas trompé. Après le placement de 400 millions d'euros d'Océane en octobre, la réalisation d'un placement privé Schuldschein de 75 millions en novembre, et la signature d'un nouveau crédit syndiqué comprenant un prêt à terme de 200 millions et une ligne de crédit renouvelable de 400 millions, le groupe s'est lancé sur les marchés pour récupérer le milliard d'euros qui lui manquait. Il y a tout juste quelques semaines, le blanchisseur a émis un emprunt obligataire composé de deux séries d'obligations. La première, d'un montant de 650 millions d'euros, d'une maturité 5 ans, et la seconde, de 350 millions d'euros, d'une maturité 8 ans. « Même si la semaine était particulièrement chaotique sur les marchés, nous avons bénéficié d'un bon accueil, affirme le directeur financier. Elis est bien connu auprès des investisseurs-crédit, notamment grâce aux bonds que nous avions émis avant même d'être coté en Bourse. »
L'entreprise avait également pris les devants en réalisant « un gros travail » avec les agences de notation. « Nous avons fait rentrer Fitch qui nous a immédiatement notés BB +. La diversification du risque géographique due à l'acquisition de Berendsen nous a aidés. Auparavant, 70 % de notre chiffre d'affaires était réalisé en France, ce qui pouvait effrayer certains investisseurs. Aujourd'hui, cette part est réduite à 30 %, analyse Louis Guyot. Ainsi armés, nous ne comptons pas nous arrêter là. » Dans les mois à venir, Elis compte profiter du programme de la Banque de France pour rééchelonner sa dette, même si les prochaines échéances ne sont qu'en 2022.