SOCIETE GENERALE : Avec Bernstein, SG veut chasser sur les terres des banques américaines

dano77

03 avr. 2024 •13:56

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le projet a mis plus d'un an pour se concrétiser. Société Générale et le gestionnaire américain Alliance Bernstein ont scellé leur alliance dans les métiers du cash et de la recherche actions. Pour des raisons réglementaires, la coentreprise Bernstein, détenue à 51% par la banque rouge et noire, s'appuiera sur deux sièges sociaux, l'un à Londres pour les activités en Europe et en Asie et l'autre aux Etats-Unis pour les activités américaines.

"Etant donné l'ampleur du projet qui concerne 16 pays et sa complexité impliquant un détourage d'activités, nous avons finalement opté pour deux sièges. Nous allons opérer sous deux régimes réglementaires différents. Cela nous laissera de la latitude pour obtenir les autorisations réglementaires pour monter à 100% du capital de Bernstein dans cinq ans", explique à L'Agefi Stéphane Loiseau, son directeur général adjoint fraîchement nommé. Il travaillera aux côtés de Robert van Brugge, directeur général d'AB Bernstein Research Services depuis 2011, qui prend la direction générale de la coentreprise.

Des synergies avec la BFI

Pour Société Générale, les atouts de ce partenariat sont nombreux. D'abord, il s'inscrit dans le projet d'entreprise, initié par Slawomir Krupa lorsqu'il la dirigeait, de diversifier le business mix de la banque de financement et d'investissement (BFI) pour assurer une plus grande résilience des revenus.

Bernstein va surtout permettre à la BFI d'accélérer sur certains segments grâce à des synergies en termes de produits. "Depuis la genèse du projet annoncé en novembre 2022, nous avons identifié encore davantage d'opportunités en termes de synergies. La force de la marque Bernstein et la qualité de la recherche vont aider la Société Générale à gagner des parts de marché sur l'equities capital markets aux Etats-Unis. Le groupe va aussi pouvoir accélérer sur la clientèle des hedge funds grâce au contenu offert par Bernstein et sa force de distribution", souligne Stéphane Loiseau.

La recherche, un outil de conquête

La nouvelle coentreprise se classera au septième rang européen et au dixième mondial sur la recherche et le cash actions. Un métier chamboulé depuis l'adoption de la directive MIF 2 en janvier 2018, qui a imposé aux intermédiaires financiers de séparer les frais d'exécution et de recherche, rendant de ce fait la recherche payante. Un mouvement qui a précipité la concentration sur ce marché, en conduisant les investisseurs à réduire leurs dépenses de recherche ou le nombre de courtiers actions avec lesquels ils travaillent.

Dans ce contexte, disposer d'une recherche de qualité est devenu un atout pour séduire les grands clients corporate et institutionnels. Signe de cet attrait, BNP Paribas a racheté son partenaire Exane en 2021. Deutsche Bank est également revenue sur le marché du cash actions en faisant l'acquisition du courtier britannique Numis en octobre dernier.

Société Générale mise, quant à elle, sur un acteur déjà bien installé aux Etats-Unis, ce qui va lui permettre de jouer dans la cour des grands. "Alliance Bernstein figure déjà dans le top 10 aux Etats-Unis où il rivalise avec les grandes banques américaines. C'est précisément ce qui lui manquait, l'adossement à un groupe bancaire. Grâce au positionnement différenciant de Bernstein et à sa force de frappe mondiale, nous pensons pouvoir viser 3 à 4% de parts de marché dans les différentes géographies", assure Stéphane Loiseau. Et ainsi aider la BFI à regagner un lustre perdu depuis la crise de 2008.

-Aurélie Abadie, L'Agefi ed: VLV

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