Ce n'est pas de l'optimisme, mais le planning de maintenance du nucléaire et la vie au quotidien durant un arrêt. Ce matin on est à 39 765 MW, comme annoncé par EDF depuis des mois. Je n'arrive pas à faire comprendre, que 50 000 MW de production de nucléaire en janvier, serait une situation tout à fait normal d'exploitation du nucléaire.... Une tranche fonctionne 12 mois de rang, 24h/24 et doit s'arrêter durant 40j minimum pour recharger et faire le minimum de maintenance prescrit par la sécurité. ( Arrêt simple rechargement durée optimal 40j ). Cette tranche repartira pour 12 mois de fonctionnement 24h/24, puis s'arrêtera à nouveau pour recharger 85j durant, car la doctrine sécurité/sûreté et les AS ( autorités de sûreté ) prescrivent une maintenance de contrôle sur une quantité de matériel bien défini. Le renouvellement de combustible dure exactement le même temps, mais les contrôles robinetteries sont beaucoup plus conséquente qu'en ASR. Pour 2 ans de production continue à puissance nominale, le réacteur aura été arrêté 4 mois pour se recharger 2 fois. En fait, il aura délivré sur 28 mois une moyenne de 24/28 ème soit 85% de sa puissance nominale ( valeur de rêve, sans aucun fortuit, aléas technique, panne en tout genre nécessitant un arrêt de courte durée ) Dans le meilleur des cas, globalement la filière nucléaire ne pourra jamais dépasser 85% de sa puissance nominale installée..... soit 52 000 MW de production moyenne. Mais, il faut gérer les pannes, les aléas techniques, le vieillissement qui rallonge les temps de maintenance, les travaux de prolongement de vie des centrales, les modifs post Fukushima sur les 58/56 réacteurs et qui doivent malgré tout continuer à produire au maximum. La France exploite ses réacteurs en mode saisonnier avec 2 KD..... d'été et d'hiver, en maintenant en temps normal plus l'été pour disposer de plus l'hiver. Depuis la montée des clim, la consommation estivale rattrape celle hivernale, et que l'on va tendre à lisser les productions pour produire et maintenir de façon plus homogène sur toute l'année, ce n'est pas un mal pour l'exploitation de la filière. Aujourd'hui, en intégrant toutes les contraintes de maintenances, on serait plus sur 75% de KD. Les CSC en 2022, sont venues écharper un peu plus le KD.... mais c'est transitoire, et sûr qu'il y aura un retour à la normale de ce côté là. Ce qui a totalement désorganisé et impacter le nucléaire pour de nombreux trimestres et quelques années.... c'est le fait d'avoir interrompu lors du confinement national la maintenance prestataire d'une dizaine de réacteurs, tout en continuant à exploiter la production. Grosso, modo...... On a en permanence une dizaine de réacteurs chaque mois mis à l'arrêt pour rechargement, mais dans le même temps une dizaine de réacteurs qui retourne dans le circuit de production.... On se retrouve avec 10 réacteurs à maintenir avec ceux qui arrivent normalement en fin de combustibles à recharger Les arrêts sont cycliques et le plus homogène possible... ce qui veut dire que le cycle suivant... on aura toujours ce décalage de maintenance, car plus au moins, tous les réacteurs redémarrés vont à nouveaux être maintenus en même temps 12 mois plus tard.....:o))². EDF va jouer sur les aléas techniques, les stretchs ( prolongation de production du combustible dans le coeur, retardant de quelques jours les arrêts pour mis en rechargement ), les retours en production... pour essayer de ré-uniformiser le nombre de réacteurs en maintenance, mais ça ne peut se faire que sur plusieurs cycles d'exploitation et donc d'années. Le confinement de la maintenance a été une ingérence stratégique monumentale, parce que décidé par des Mickey en charge de l'énergie, qui n'en avait que faire des tirettes d'alarme de l'énergéticien... De plus le nucléaire, dans la tête de nos dirigeants était sur leur prévisionnel d'élagage à 50% et l'arrêt de 17 réacteurs pour 2035.... donc rien à traire. Sauf, qu'après le confinement, la situation stratégique d'approvisionnement en énergie c'est vu balayée, un 3ème choc pétrolier, conforté par la guerre en Ukaine, mettant à la lumière l'amateurisme et la légèreté des décisions vertes et du laxisme étatique sur 12 années pensant que l'indépendance énergétique était une fadaise des anciens. Laxisme sans aucune prise de décision concernant le nucléaire... Pour en arriver à la situation d'aujourd'hui. Pire encore, on s'était déjà engagé sur le chemin de la dénucléarisation et de notre indépendance énergétique en bradant Alstom à GE... On a des CND sur des soudures du primaires ( contrôle non destructifs ) à réaliser en zone active avec des préparations d'interventions conséquentes rien que pour le plombage des zones d'intervention pour la sécurité radiologique des intervenants. Chaque intervention nécessite une étude dosimétrique qui vient se rajouter à l'intervention technique. Il y a une cartographie de la zone chantier, et on définit les conditions d'interventions, décontamination de la zone, mise en place d'écrans biologiques, on défini les tenues d'interventions, et les temps d'exposition. Un simple démontage de vanne pour inspection en zone classique qui durerait une heure, va nécessiter une préparation de chantier en zone active qui durera en temps cumulé une journée. Un chantier ordinaire... Le service SPR va recevoir une demande de cartographie spécifique de la zone chantier et du travail qui va être effectué. Une fois l'état des lieu faite par le service de préventions des risques, une demande de décontamination va être demandée à un service spécialisée des décontaminations et pose de protections biologiques. ( service logistique de site qui fait ou fait faire à des prestataires spécialisés dans ce domaine ) En parallèle l'intervenant technique de maintenance, reçoit la cartographie de son lieu de travail et les conditions d'interventions avec les dosimétries max d'exposition pour réaliser son travail. Le chargé de travaux va préparer sa phase de maintenance, en y incorporant les prescriptions radiologiques de son chantier. Il fractionnera peut-être le déroulement de l'intervention, pour gérer dans le temps et le nombre d'acteurs intervenants pour rester dans les clous dosimétriques de son chantier. Il va préparer son plan de prévention, ses gammes techniques d'intervention, son étude dosimétrique du chantier et les faire valider au chargé de contrôle métier EDF qui a en charge le suivi de prestation, au préparateur SPR et commenter au chargé de travaux qui a en charge l'intervention. Le charge de travaux de l'équipe intervenante, va délimiter et installer son chantier, récupérer les tenues d'interventions nécessaire au magasin radioprotection de zone ( surbottes, surgants, protections respiratoires ( heaume ventilé, appareil respiratoire isolant, tenu mururoa..... ) Le chantier va comporter une zone d'habillage propre et de déshabillage en sortie de chantier pour récupérer les consommables contaminés.... Le chantier durera un certain nombre de jours, et on passera en phase de replis de chantier, avec l'évacuation des déchets, le retraits des protections biologiques, décontamination de la zone si nécessaire, et cartographie finale de la zone pour son retour en exploitation normale. C'est la vie classique de toute intervention en zone contrôlée.... Et des interventions de ce type, en VP, il y en a des centaines en zone contrôlée et tout autant sur la partie classique ( la phase radiologique en moins ). C'est totalement ahurissant d'entendre des commentaires de novices qui ne connaissent strictement rien d'une maintenance dans une centrale nucléaire. Et d'autant plus ahurissant de voir des politiques totalement déconnectés prendre des positions et décisions à l'arrache. Désolé... Tout ce qu'ils savent faire, c'est de vouloir toujours remettre tout en question, sans tenir compte des avis des PDG et directions qu'ils mettent en place. C'est tout simplement un manque de confiance envers les directions d'EDF qui ont en charge l'exploitation du nucléaire, pour donner plus de crédibilité à des sbires verts qui n'ont jamais mis un orteil dans le monde de la production d'électricité, et encore moins dans le nucléaire.