Nationalisation d'EDF: les minoritaires se rebiffent !
L'Etat veut désormais 100% du capital d'EDF.
L'action EDF est suspendue dans l'attente des précisions sur les modalités de la nationalisation.
(© EDF / G. Lemarchal)
Photo Hubert Couëdic
BOURSE Par Hubert Couëdic
Publié le 15/07/2022 à 14:40 - Mis à jour le 15/07/2022 à 14:29
L'État français veut récupérer 100% du capital d'EDF. Compte tenu de la faiblesse actuelle du cours de Bourse, les actionnaires minoritaires se préparent à un long bras de fer avec le gouvernement.
L'État aura sans doute du fil à retordre pour s'emparer de 100% du capital d'EDF. Une poignée d'actionnaires minoritaires, bien décidés à lutter pour sauvegarder leurs intérêts, est en train de monter aux créneaux.
«L'État va s'engager sur un dossier qui ne sera pas un long fleuve tranquille», prévient Hervé Chefdeville, secrétaire général de l'association Energie en actions, qui rassemble des actionnaires salariés et anciens salariés d'EDF.
De l'énergie, l'homme n'en manque pas. Il veut porter l'affaire devant les tribunaux, affirmant que lÉtat a pris des mesures contraires à l'intérêt de l'entreprise. En ligne de mire, la décision du gouvernement d'augmenter en janvier dernier le plafond de laccès régulé à lélectricité nucléaire historique (Arenh) de 20 TWh en réponse à la flambée des prix de l'électricité.
Un geste réclamé et salué par l'Uniden, lUnion des Industries Utilisatrices dEnergie, mais fortement contestée par les actionnaires minoritaires et les syndicats d'EDF.
L'État dans une situation de conflit d'intérêt
Pour Colette Neuville, présidente de l'Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam), la situation de lÉtat, est intenable : «Actionnaire majoritaire d'EDF avec 84% du capital, lÉtat se trouve dans une situation de conflit d'intérêt permanent, partagé entre l'intérêt général des Français et les intérêts des actionnaires du groupe.»
Celle qui défend avec pugnacité les actionnaires minoritaires depuis de longues années sera aussi de ce combat.
Mandatée par plusieurs fonds et des particuliers, elle connaît le dossier sur le bout des doigts. En témoigne un courrier adressé au sénateur Ladislas Poniatowski en 2006 dans lequel elle interpellait les autorités du pays contre un risque de spoliation d'EDF par ses concurrents.
Pas question donc pour la présidente de l'Adam de rester les bras croisés. « Surtout pendant l'été, dit-elle, au moment où le gouvernement pense que son opération va passer comme une lettre à la Poste.
Vigilante, elle rappelle que «lÉtat a mis à profit une hausse éphémère des cours, en cédant au marché, fin 2007, 45 millions de ses actions au prix de 82,5 euros. Depuis, le prix de laction na cessé de baisser sous leffet pour une grande part des décisions prises par les différents gouvernements depuis 2010, et tout récemment par le relèvement du plafond de lARENH qui a fait chuter le cours de 20% au janvier dernier.»
Elle attend donc de pied ferme la note d'opération de l'offre publique d'achat et la nomination d'un expert. «Léquité exige que le prix du retrait obligatoire ne soit pas basé sur une analyse multicritères de la valorisation actuelle de la société mais prenne essentiellement en compte le prix dintroduction de manière à effacer le préjudice subi par tous ceux qui ont fait confiance à lÉtat en devenant actionnaires dEDF», insiste Colette Neuville.
La présidente de l'Adam rappelle que 4.900.000 actionnaires individuels, dont 130.000 salariés, ont participé à lintroduction dEDF en 2005 à 32 euros par action.