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Vale et ses pratiques scrutés après la catastrophe au Brésil
information fournie par Reuters 28/01/2019 à 17:15

    par Tatiana Bautzer
    SAO PAULO, 28 janvier (Reuters) - Lorsque Fabio Schvartsman
a pris les rênes de Vale  VALE3.SA  en 2017, deux ans après la
rupture de barrages en remblai d'une mine de fer du Minas
Gerais, il a suggéré une devise pour le groupe minier brésilien
: "Mariana, plus jamais."
    Comme d'autres promesses de Vale, celle-ci semble vouée à la
ferraille.
    A une centaine de kilomètres de Mariana, la rupture d'un
barrage de résidus miniers du site d'extraction de fer de
Corrego do Feijao a libéré vendredi un torrent de boue qui a
fait au moins soixante morts et près de 300 disparus.
 
    Vale a jusqu'ici concentré ses efforts sur l'aspect humain
de la tragédie mais analystes et actionnaires estiment déjà que
le numéro un mondial du minerai de fer ne pourra pas continuer
sur la même voie.
    Fabio Schvartsman a conçu la stratégie du groupe consistant
à investir massivement pour développer l'extraction d'un minerai
à haute teneur en fer très demandé par la Chine, à offrir des
dividendes généreux, à réinvestir dans des divisions
déficitaires et à rechercher des acquisitions de taille moyenne.
    Plusieurs de ces plans pourraient être remis en cause car
Vale risque des poursuites judiciaires susceptibles de lui
coûter des dizaines de milliards de dollars. 
    Un dirigeant d'un fonds de pension qui détient des actions
Vale a déclaré sous couvert d'anonymat qu'il serait difficile de
justifier des retours aux actionnaires importants au cours des
prochains trimestres, ajoutant qu'un examen complet de la
gouvernance de Vale était nécessaire.
    
    DIVIDENDES ET BONUS SUSPENDUS
    Le groupe, à une question sur sa politique de dividende, a
répondu dimanche qu'il se concentrait sur l'aide aux sinistrés
et "n'avait pas discuté de la question des dividendes". 
    Dans une communication faite plus tard, il a précisé qu'à la
suite de la catastrophe, son conseil d'administration avait
décidé de suspendre les versements prévus de dividendes, ainsi
que les rachats d'actions et les bonus destinés aux dirigeants.
    Il est par ailleurs difficile d'estimer si Fabio Schvartsman
sera en mesure d'investir comme prévu pour faire croître Vale.
En décembre, le groupe a annoncé l'acquisition du producteur de
fer Ferrous Resources auprès de son actionnaire majoritaire
Icahn Enterprises  IEP.O  pour 550 millions de dollars (481
millions d'euros). L'accord devrait être conclu cette année. 
    Fabio Schvartsman, lors d'une visite dimanche sur les lieux
du drame, s'est engagé à ce que Vale aille "au-delà de toutes
les normes nationales ou internationales" en matière de
sécurité. "Nous allons mettre en place un filet de sécurité bien
supérieur à ce que nous avons aujourd'hui pour garantir que cela
ne se reproduise plus", a-t-il déclaré.
    Le dirigeant, qui a 63 ans et dont l'actuel mandat expire en
mai, a récemment fait part de son intention de rester à la tête
du groupe jusqu'en 2020.
    L'un des principaux actionnaires de Vale, la caisse de
retraite publique Caixa de Previdencia (Previ), a pris samedi la
décision inhabituelle de publier un communiqué pour faire savoir
qu'il demanderait une enquête approfondie sur l'accident et
s'assurerait que le groupe vienne en aide aux familles et
communautés touchées. 
    Previ n'a pas répondu à une demande de commentaire. Un autre
actionnaire important de Vale, Bradespar  BRAP4.SA , société
d'investissement de Banco Bradesco  BBDC4.SA , s'est refusé à
tout commentaire.
    
    SOUS SURVEILLANCE NÉGATIVE
    Les marchés brésiliens étaient fermés vendredi. Lundi, à la
reprise de cotation, l'action Vale a chuté de plus de 20%,
effaçant près de 62 milliards de reais (plus de 14 milliards
d'euros) de capitalisation boursière. 
    Samedi, l'agence de notation Standard & Poor's a mis sous
surveillance négative la note de crédit de Vale (actuellement à
BBB-), en prévenant qu'elle pourrait l'abaisser de plusieurs
crans en fonction des amendes et de la perte possible d'un
permis d'exploitation dans la zone touchée.
    Au cours du week-end, trois décisions de justice ont été
prises pour geler 11 milliards de reais d'actifs de Vale en vue
de dommages et intérêts. Dans un communiqué, Vale a dit accepter
de mettre en dépôt un milliard de reais mais a fait valoir que
geler 10 milliards de reais était contre-productif car cela
pourrait bloquer des fonds nécessaires à une aide d'urgence.
    Vale disposait de 24 milliards de reais de trésorerie et
équivalents disponibles à la fin du mois de septembre.
    La catastrophe "pèsera sur le cours de l'action Vale pendant
une longue période", ont estimé des analystes du secteur minier
chez Jefferies, qui ont abaissé leur objectif de cours de plus
de 20% et ramené leur opinion d'acheter à conserver.
    "L'impact global de la rupture du barrage est presque
impossible à quantifier pour le moment", ont-ils écrit dans une
note de recherche. "Des inspections de sécurité rigoureuses
pourraient également affecter la production d'autres mines au
Brésil."
    
    NÉGOCIATIONS MENACÉES
    L'estimation du coût d'une catastrophe de cette ampleur est
difficile pour les analystes, qui se gardent encore de mettre un
prix définitif sur le drame de Mariana, qui a impliqué la
société Samarco Mineracao, filiale commune de Vale et du groupe
minier australien BHP  BHP.AX .
    Vale et BHP, dans le cadre d'un accord pour régler un
litige, se sont engagés à consacrer 20 milliards de reais à la
création d'une fondation à Mariana pour assister les victimes et
rétablir l'écosystème local. La fondation Renova a dépensé 2
milliards de reais en 2018 et prévoit 11,3 milliards de reais
d'ici 2030, ont fait savoir les entreprises dans un communiqué.
    Un procureur fédéral, dans un entretien à Reuters samedi, a
déclaré que la catastrophe de vendredi pourrait mettre fin aux
négociations engagées pour régler un litige beaucoup plus
important contre Samarco, qui portait sur 155 milliards de
reais. 
    Les risques juridiques renforcés par le drame de vendredi
risquent également de retarder les pourparlers avec les
créanciers de Samarco, qui étaient fondés sur l'espoir d'une
reprise rapide des activités de la société pour qu'elle puisse
commencer à rembourser ses dettes. 
    Une personne impliquée dans les discussions a déclaré que
celles-ci pourraient maintenant être suspendues.

 (Avec Melanie Burton à Melbourne, Dominique Rodriguez pour le
service français, édité par Bertrand Boucey)
 

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