( AFP / ERIC PIERMONT )
Dassault Aviation conteste devant la justice européenne la décision de la Commission d'exclure l'aviation d'affaires de la "taxonomie européenne", une labellisation verte permettant de faciliter certains investissements, a annoncé mercredi l'avionneur.
Le groupe a déposé une "requête en annulation auprès du Tribunal de l’Union européenne contre le règlement délégué prévoyant l’exclusion de l’aviation d’affaires de la taxonomie européenne", a indiqué le constructeur des avions d'affaires Falcon en présentant ses résultats annuels.
La "taxonomie", littéralement science des classifications, établit des normes et des critères communs pour évaluer les performances environnementales des activités économiques, dans l'objectif d'encourager les investissements dans des entreprises alignées sur les objectifs de durabilité.
"On fait des normes, des normes, des normes et puis après on dit il y a les bons et les méchants. Les bons ont été mis dans la taxonomie, et les méchants, c'est nous puisqu'on est dans l'aviation d'affaires, on n'y a pas été mis. Alors on attaque juridiquement", a affirmé le PDG Eric Trappier lors d'une conférence de presse.
L'avionneur dénonce une "rupture du principe d’égalité", les avions de ligne étant eux inclus dans le dispositif, ainsi qu'une "erreur manifeste d'appréciation", Dassault Aviation considérant l'aviation d'affaires comme "contributeur clé dans la décarbonation du secteur de l’aviation".
"Nous allons plus vite dans la décarbonation que nos amis de l'aviation commerciale puisque nous utilisons déjà plus les SAF (carburants d'aviation durables, NDLR) que l'aviation commerciale, et d'ailleurs les ambitions de l'Europe sur l'utilisation des SAF sont bien moindres que ce que nous nous imposons à nous-mêmes pour l'aviation d'affaires", a argué Eric Trappier.
Le secteur aérien mondial, qui s'est engagé à atteindre la neutralité carbone en 2050, produit entre 2 et 3% des émissions mondiales de CO2.
"L'aviation d'affaires, c'est 2% de ces 2%, donc 0,04% des émissions mondiales de CO2. Il faut s'en occuper (...) mais à titre de comparaison, une année d'utilisation de nos quelque 2.000 Falcon en service aujourd'hui équivaut à peu près à 24 heures de flux mondial de streaming vidéo", a affirmé Eric Trappier, dénonçant la stigmatisation de l'aviation d'affaires "en particulier".
Selon lui, "le but n'est pas de ne pas travailler sur l'environnement, mais c'est de ne pas faire une stigmatisation politique (...). L'aviation d'affaires, c'est pas simplement la caricature du gars qui a beaucoup d'argent et qui part en vacances, c'est 90% de vols qui sont du business".
Dassault Aviation se dit soutenu dans sa démarche par Rolls-Royce, dont l'entité allemande produit le moteur du Falcon 10X, ainsi que par Safran, Daher "et un certain nombre d'autres sociétés".
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