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Trois multinationales de la chimie assignées à Paris
information fournie par Reuters 06/11/2018 à 17:17

    * Le DBCP, un pesticide à la toxicité reconnue
    * Interdit aux Etats-Unis, il a continué à être
commercialisé
    * Une affaire qui rappelle celle du chlordécone aux Antilles

    PARIS, 6 novembre (Reuters) - Un groupe d'avocats
internationaux a annoncé mardi avoir engagé une action au
tribunal de Paris contre trois multinationales de la chimie afin
de les contraindre à indemniser 1.234 ouvriers agricoles
nicaraguayens victimes d'un pesticide très toxique.
    La justice nicaraguayenne a condamné le 1er décembre 2006
Dow Chemical  DWDP.N , Occidental Chemical et Shell Oil
 RDSa.AS  à verser 805 millions de dollars à ces ouvriers en
réparation de préjudices subis du fait de leur exposition au
pesticide DBCP, aussi connu sous les noms Nemagon ou Fumazone.
    Ce jugement, confirmé en appel et par la cour suprême du
Nicaragua, n'a jamais été exécuté par ces trois sociétés, qui
ont retiré tous leurs actifs du pays, a expliqué lors d'une
conférence de presse le bâtonnier Pierre-Olivier Sur.
    Pierre-Olivier Sur, l'avocat nicaraguayen Gustavo Lopez et
leurs confrères américains Robert McKee et Stuart Smith, ont
déposé lundi au tribunal de Paris une demande d'assignation des
trois groupes dans le cadre d'une procédure d'"exequatur" au nom
des victimes nicaraguayennes.
    Cette procédure a pour objectif de rendre exécutoire, non
seulement en France mais également dans l'Union européenne, une
décision de justice étrangère, en l'occurrence de permettre la
saisie d'actifs des trois groupes en Europe.
    "L'audience aura probablement lieu entre février et mars", a
estimé l'avocat français.
    Le DBCP (Dibromo-chloropropane) a été commercialisé jusqu'en
1983 dans des pays comme le Nicaragua, alors que ses effets
néfastes sur la santé étaient connus depuis le milieu des années
1950 et qu'il était interdit depuis 1977 aux Etats-Unis, font
valoir les avocats des victimes nicaraguayennes.
        
    LE DOSSIER JUMEAU DU CHLORDÉCONE
    Une étude de 1958 pour Shell dit ainsi que le DBCP est
"hautement cancérigène" pour les animaux qui y ont été exposés.
Des résultats confirmés par des études ultérieures.
    Le 9 septembre 1977, le département du Travail des
Etats-Unis estime qu'un "danger grave existe (...) pour les
travailleurs exposés à cette substance qui entraîne la stérilité
et cause des cancers".
    Le DBCP a notamment été utilisé par des groupes
agroalimentaires comme Dole Food Company (Standard Fruit),
United Fruits ou Del Monte. Au Nicaragua, il a été utilisé pour
traiter les racines des bananiers attaquées par un ver.
    Selon l'expert belge Alfred Bernard, de l'université
catholique de Louvain, l'exposition de l'homme à ce produit est
dévastateur non seulement pour les testicules mais aussi pour
les appareils respiratoire et digestif et pour les reins. Il
contamine également durablement les nappes phréatiques.
    Les avocats des victimes nicaraguayennes établissent un
parallèle avec l'utilisation massive d'un autre pesticide
toxique, le chlordécone, de la même famille que le DBCP, dans
les plantations bananières des Antilles françaises.
    "Les effets constatés chez les ouvriers agricoles antillais
sont les mêmes", font-ils valoir. "La commercialisation et
l'utilisation du produit (aux Antilles) a continué plusieurs
années après son interdiction en métropole. Il a été estimé que
plus de 90% de la population adulte antillaise est contaminée."
    En visite en Martinique en septembre, Emmanuel Macron a
promis que l'Etat français prendrait "sa part de responsabilité"
face à ce "scandale environnemental".  

 (Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)
 

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