Supersonic Imagine : un atout dans la manche avec la Nash

information fournie par Boursorama •19/05/2017 à 16:28

Supersonic Imagine prépare le successeur d'Aixplorer qui sera lancé au 2e trimestre 2018 en Europe et aux Etats-Unis. (crédit : Supersonic Imagine)

Le fabricant de l’échographe innovant Aixplorer a levé 10 millions d’euros mercredi. En Bourse, le titre de la medtech a perdu 80% depuis son introduction. Après des années difficiles, la société va-t-elle enfin se faire une meilleure image auprès des investisseurs ?

Il sera difficile de vanter les mérites de Supersonic Imagine (SSI) à un investisseur qui a suivi la medtech depuis son introduction en Bourse. Le cours s’est effondré, la stratégie a cafouillé et les directeurs généraux se sont succédés. Bref, la medtech n’a pas (encore) concrétisé les promesses placées en elle.

Un successeur à Aixplorer lancé en 2018

Et pourtant, Supersonic Imagine dispose d’un très bon produit avec Aixplorer. Cet échographe innovant affiche une réelle avance technologique et permet de poser un diagnostic dans certaines indications sans passer par une biopsie.

Mieux, la société prépare le successeur d’Aixplorer qui devrait être lancé commercialement au deuxième trimestre 2018.

Un seuil de rentabilité atteint en 2020 ?

SSI cible également deux pathologies très répandues : les maladies du foie et notamment la Nash, désormais connue des investisseurs grâce à Genfit, et le cancer du sein.

Selon Gilbert Dupont qui a récemment consacré une étude complète à Ia medtech, ces deux marchés représentent actuellement 39% des 6,1 milliards d’euros du marché global de l’échographie dans le monde.

On peut même imaginer une accélération rapide de la croissance dans les échographies du foie si des médicaments arrivent pour traiter la Nash en 2019 ou 2020.

Reste la question du seuil de rentabilité. Le bureau d’analyses la voit possible en 2020 au niveau du résultat opérationnel avec un taux de croissance moyen annuel de 20,3% entre 2016 et 2020.

Il termine l’étude en passant d’alléger à acheter avec un objectif de cours relevé de 1,50 euro à 2,70 euros.

Boursorama a fait le point sur les perspectives de la société avec la directrice générale Michèle Lesieur.

Boursorama : Vous avez effectué mercredi la levée de fonds annoncée il y a deux mois. Comment allez-vous utiliser cet argent ?
Michèle Lesieur : Cette levée de fonds est destinée à financer la phase d’industrialisation de notre nouvelle plateforme pour un lancement commercial qui devrait avoir lieu au deuxième trimestre 2018 en Europe et aux Etats-Unis et en 2020 en Chine. Pour appuyer cette nouvelle offre, nous prévoyons également de recruter un directeur marketing et d’étoffer nos forces de ventes dans deux de nos principaux pays : la Chine, où nous obtenons déjà de très beaux résultats et les Etats-Unis. Outre-Atlantique, nous n’avons pour l’instant que trois vendeurs, c’est trop peu. L’idée est d’atteindre une dizaine dans les deux ans qui viennent.

Boursorama : Vous avez pourtant déjà un partenariat avec outre-Atlantique avec Sandhill Scientific ?
Michèle Lesieur : Je suis convaincue qu’il est important pour Supersonic imagine de s’appuyer sur une force de ventes directe afin de promouvoir la spécificité de notre offre  et de renforcer notre marque. La répartition se fera en fonction des territoires en concertation avec notre partenaire américain.

Boursorama : Quels progrès technologiques va apporter le successeur d’Aixplorer ?
Michèle Lesieur : La vitesse de calcul et de traitement des images est encore améliorée mais cette nouvelle génération va pouvoir répondre très vite à des besoins concrets. L’un d’entre eux porte sur la stéatose non alcoolique du foie ou Nash. Aujourd’hui, il est difficile de la détecter sans faire de biopsie. On compare souvent la brillance du foie avec celle du rein mais ce diagnostic nécessite une vraie compétence radiologique difficilement transposable à des cliniciens non radiologues. Supersonic Imagine travaille sur un nouveau biomarqueur qui permettra de mesurer la viscosité du foie.

Boursorama : La Nash fait désormais l’objet d’une certaine reconnaissance médiatique, notamment via la biotech française Genfit. Menez-vous des discussions avec eux ?
Michèle Lesieur : Au-delà de la reconnaissance médiatique, c’est un véritable enjeu de santé pour les années à venir. Oui, nous discutons avec Genfit mais aussi avec les autres sociétés qui développent des molécules destinées à traiter la Nash. Nous avons un intérêt convergent. On a vu que quand la molécule destinée à traiter l’hépatite C est arrivée sur le marché, les besoins en diagnostic ont explosé alors que ce traitement était très onéreux. Il est fort probable qu’il en ira de même pour la Nash avec des professionnels de santé qui seront alors demandeurs d’une façon simple et rapide d’établir un diagnostic. Ce sera possible dès le lancement de notre nouvelle plateforme.

Boursorama : Vous vous êtes également positionné sur le cancer du sein, un autre débouché très porteur…
Michèle Lesieur : Notre plateforme actuelle a déjà démontré sa supériorité pour la détection des lésions du sein en diminuant le nombre de biopsies inutiles de manière significative. Pour le sein, le véritable enjeu est désormais le dépistage du cancer du sein avec un échographe doté de l’élastographie. Au-delà de ces champs d’application, le successeur d’Aixplorer sera aussi plus connecté. Il pourra ainsi donner accès en temps réel à des banques d’images permettant de conforter le praticien dans l’établissement de son diagnostic. Il sera également possible de faire de l’assistance à distance mais aussi des mises à jour logicielles de l’échographe. Il s’agit d’un nouveau modèle qui nous permettra de vendre toute une gamme de services complémentaires.

Boursorama : Sur quel niveau de croissance tablez-vous en 2017 ?
Michèle Lesieur : En étant prudente, je pense que Supersonic Imagine peut tabler sur une croissance à deux chiffres cette année.

Boursorama : Vous venez d’effectuer une augmentation de capital dilutive. En Bourse, Les actionnaires qui ont suivi Supersonic Imagine depuis le début ont perdu une grosse partie de leur mise et force est de constater que le parcours de la medtech a été pour le moins chahuté. Pouvez-vous leur assurer qu’elle est enfin sur les bons rails ?
Michèle Lesieur  : J’en suis convaincue. L'augmentation de capital nous redonne de la visibilité jusqu’à fin 2018, début 2019. Elle est largement garantie par les investisseurs institutionnels qui nous accompagnent. C'est déjà un signal fort. Ma conviction c’est que malgré les déconvenues réelles qu’elle a connues, Supersonic Imagine est un diamant brut qu’il faut bien travailler. Après il faut être réaliste, ce n’est pas demain que le titre reviendra à son prix d’introduction. Celle-ci s’est faite à une période où il y avait un phénomène de surévaluation générale sur les medtechs. En revanche, nous sommes aujourd’hui valorisés à peu près une fois notre chiffre d’affaires 2017 estimé et je ne vois aucune raison pour que le cours de notre action ne s’améliore pas de façon nette dans les quinze mois qui viennent.

Laurent Grassin (redaction@boursorama.fr)