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Signaux Girod : au creux de la vague ?
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 10/09/2020 à 10:43

Jérôme Lieury
Jérôme Lieury

Jérôme Lieury

Olier Etudes & Recherches

Analyste financier, membre du Cercle des analystes

https://www.olier-etudes-recherche.fr/

"Signaux Girod réalise bon an mal an 100 millions d'euros de chiffre d'affaires avec 800 salariés environ dans un métier totalement indispensable : la signalisation routière." (Crédits photo : Pixabay - Vivacia)

"Signaux Girod réalise bon an mal an 100 millions d'euros de chiffre d'affaires avec 800 salariés environ dans un métier totalement indispensable : la signalisation routière." (Crédits photo : Pixabay - Vivacia)

Des marchés d'actions pas évidents dans la reprise

Il s'en passe de drôle sur les marchés d'actions depuis le début de l'année 2020 : on a eu droit à un super krach, il faut le dire, mais on a aussi eu droit à une belle reprise qui en a surpris plus d'un. Une reprise qui a l'air de vouloir tenir avec le temps, et ressemble de moins en moins début septembre au "rallye de marché baissier" purement technique que nombre d'observateurs chevronnés entrevoyaient en avril-mai.

Tout comme d'ailleurs les bonnes âmes qui nous prévoyaient par ailleurs une bonne dépression économique façon années 30 dans le monde réel en sont apparemment de plus en plus pour leurs frais : même s'il est difficile de savoir où on en est, entre autres parce que les modèles chers aux économistes ont l'air un peu cassés par la chute hors-normes de tous les indicateurs entre mars et mai, il semble bien que le dit monde réel se remette peu à peu, avec des hauts et des bas (et des masques), du choc incroyable du confinement. Un rétablissement que les récents plans de relance des gouvernements devraient conforter, même s'ils sont qualifiés de "pari" par les gens prudents, et Dieu sait s'il y en a.

Inutile de préciser que, dans un tel contexte, les choix d'investissement/désinvestissement sont encore moins évidents que d'habitude, ce qui est éventuellement une bonne nouvelle pour l'analyse financière, laquelle est, comme chacun sait, une aide indispensable et un préalable obligé, a priori, à la prise de décision.

Et, de fait, les marchés accordent encore plus que d'habitude des traitements très variés aux valeurs cotées : même si c'est un peu moins le cas depuis quelques jours, on a assisté à une très forte hausse des valeurs "technos" du Nasdaq américain depuis le début de l'année, lesquelles ont bien tiré aussi l'indice large S&P 500 vers le haut alors que, inversement, des secteurs entiers se traînent et font traîner les indices. C'est notamment le cas du CAC 40, qui est bien en retard sur son homologue allemand Dax 30, et qui souffre entre autres du poids important des banques (SG, Crédit Agricole SA, BNP-Paribas) et du pétrole (Total) dans sa composition, deux secteurs très décriés, l'un à cause des taux d'intérêts bizarres et de la crise économique, l'autre à cause de la planète, ce qui est bien plus grave encore.

Le débat "Value" contre "growth" dépassé par la rotation sectorielle ?

En d'autres termes, les investisseurs sont redevenus très sélectifs, ce qui se comprend bien après le choc violent subi en début d'année. D'où le débat qui fait rage actuellement entre les tenants de la gestion "value" : l'investissement dans des sociétés qui affichent des multiples de valorisations : PER, multiples de chiffres d'affaires, multiples d'Ebitda (ou EBE pour Excédent Brut d'Exploitation), etc… modérés en valeur absolue et donc très raisonnables, et les tenants de la gestion "growth" prêts à payer très cher pour un bon potentiel de croissance. Les tenants de la "value" pensent que leurs titres ne peuvent que se réapprécier au fur et mesure de la reprise se précise dans le monde réel, mais la gestion "growth" a pour le moment toujours le vent en poupe, puisque ce sont les valeurs de croissance à gros multiples : Téléperformance, Schneider Electric, L'Oréal, Wordline etc… qui surperforment largement sur Euronext Paris depuis le début de l'année. C'est un fait.

Ceci étant, il n'y a pas que le débat "value" vs "growth", il y a aussi le balancement valeurs "cycliques" contre valeurs "défensives", comme on a pu le voir avec forte "rotation sectorielle" survenue au mois d'août, soit une belle remontée des valeurs des secteurs naturellement exposés au cycle, c'est-à-dire aux aléas de la conjoncture et aux crises en tous genres : hôtellerie-loisirs, automobile, aéronautique et industries variées, BTP-Construction et médias, qui ont cette fois-ci laissé loin derrière eux les valeurs des secteurs dits "défensifs", aux activités tout aussi naturellement plus tranquilles et récurrentes : grande consommation, agroalimentaire, santé, et autres services aux collectivités (eau/gaz/électricité/gestion des déchets).
Bref : tout change tout le temps, et c'est bien ça le problème. Mais c'est aussi ça qui crée des opportunités : comme à chaque fois après un grand choc, nombre de valeurs restent délaissées et ne reprendront vraisemblablement des couleurs qu'une fois la confiance (voire l'euphorie) pleinement revenue chez les investisseurs. En d'autres termes, le stock-picking : rechercher de titres vraiment en retard, oubliés, enterrés au fonds de la cote, bien en dehors des sentiers battus (et des grands raisonnements stratégiques) vaut éventuellement qu'on y emploie un peu de temps.

Signaux Girod, grand acteur de la signalisation routière

Signaux Girod (GIRO ; 9,90€), une PME familiale plutôt discrète, rentre assez bien dans ce cadre, il faut le dire, avec un cours de Bourse en baisse de -15% environ depuis le premier janvier 2020, après avoir sous-performé aussi de -9% en 2019. Signaux Girod réalise bon an mal an 100 millions d'euros de chiffre d'affaires avec 800 salariés environ dans un métier totalement indispensable : la signalisation routière, qu'il exerce en France principalement (les 2/3 de l'activité) mais aussi dans 10 autres pays : Belgique, Espagne, République Tchèque, Roumanie, Bulgarie, Hongrie, Lettonie, Maroc, Pérou et Colombie.

La société conçoit, fabrique de la signalisation verticale (exemple : stop, priorité, etc…) et directionnelle (exemple : Paris 35 km) en acier émaillé (son métier originel), aluminium ou matières plastiques, et opère avec une usine hautement flexible et automatisée puisqu'il faut traiter de très petites séries avant tout, implantée à Bellefontaine (Jura).

Elle a aussi des équipes locales, soit 31 agences sur le territoire français, plus les agences à l'étranger, pour les mises en place, au besoin en ajoutant le marquage au sol. Ceci principalement pour le compte des communes et Conseils Régionaux, de l'Etat et des concessionnaires d'autoroutes, qui procèdent régulièrement à des appels d'offre pour entretenir et renouveler les panneaux routiers, lesquels ont une fonction essentielle : contribuer à la sécurité. Signaux Girod conçoit et fabrique aussi de la signalétique urbaine, et a deux petites filiales spécialisées, l'une dans le mobilier urbain, et l'autre dans les bacs de fleurissement, qui contribuent pour 10% environ de l'activité consolidée.

Le marché français de la signalisation est un petit marché en valeur, estimé à 400 millions d'euros pour les panneaux, et semble assez mature, avec une demande tirée essentiellement par le renouvellement, soit plus d'un million de panneau par an pour un parc existant de 20 à 25 millions de panneaux, des budgets d'investissements en réduction ces dernières années, et éventuellement des prix un peu trop combattus (après avoir été un peu trop tenus semble-t-il) avec deux autres grands intervenants : Signature Group, filiale de Vinci/Eurovia, qui fait aussi les travaux routiers/aménagements de carrefours, et Lacroix City, qui fabrique aussi des panneaux lumineux, et se développe dans la route "intelligente" c'est-à-dire communicante, etc… et des concurrents plus petits, tels Nadia Signalisation.

L'activité est aussi conditionnée par la météo, comme pour tous les autres chantiers, et, ralentit habituellement en France à chaque période électorale, les municipalités ayant tendance à reporter leurs décisions dans ces moments là. Mais les opportunités ne manquent pas ailleurs en principe, puisque nombre de pays émergents développent leurs réseaux routiers : ce n'est pas pour rien que Signaux Girod s'est implanté au Maroc, et en Amérique latine depuis 10 ans.

Les temps sont difficiles, mais….

Autant le dire tout de suite, la groupe a du mal à gagner sa vie en France depuis quelques temps, et a été pour cette raison en légère perte en 2017/18 et juste à l'équilibre en exploitation en 2018/19 : la division Signalisation France a été réorganisée en profondeur sur l'exercice 2017/18 clos fin septembre 2018, avec une baisse de l'activité et des coûts supplémentaires à la clé, et a réalisé aussi un exercice 2018/19 médiocre, avec à nouveau un chiffre d'affaires en baisse et une perte opérationnelle, mais une perte bien réduite cependant grâce aux réorganisations. Les activités internationales peuvent dégager par contre une bonne rentabilité hors problèmes ponctuels (management local, etc…), tout comme les filiales spécialisées, qui bénéficient largement a priori des marchés porteurs de l'aménagement urbain.

Inutile de préciser que la crise sanitaire va peser lourdement sur l'exercice en cours 2019/20 qui clôture fin septembre : tout allait bien jusqu'en février, mais la baisse d'activité de 47% en avril-mai fait reculer de -14% le chiffre d'affaires des neuf premiers mois à fin juin. Et inutile de préciser que l'on peut s'attendre à une perte sur l'exercice, quand les résultats seront publiés en janvier prochain, alors que la direction a annoncé, comme beaucoup d'autres, renoncer à ses objectifs pour l'exercice.

Ceci étant, l'exercice 2019/20 est déjà presque du passé, et on est avec un peu de chance dans le creux de la vague : a) l'effet crise sanitaire est derrière nous, tout comme celui des élections municipales, et les besoins de renouvellement sont toujours là, alors que b) il semblerait que les dépenses de l'Etat pour la route aient atteint un point bas, avec l'ébauche d'un plan de sauvegarde des routes qui prévoyait d'augmenter de +20% les dites dépenses. Ceci alors qu'enfin et surtout, en bonne société familiale qu'elle est, Signaux Girod affiche a priori le bilan ad hoc pour laisser passer la tempête, avec près de 9 millions d'euros en caisse à fin mars, qui devrait largement suffire pour absorber le choc.

Même si la relance est un pari, c'est bien connu.

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Euronext Paris +2.07%

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