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PORTRAIT-RDC-Des adieux en trompe-l'oeil pour Kabila avant la présidentielle
information fournie par Reuters 17/12/2018 à 12:32

    par Giulia Paravicini, Aaron Ross et David Lewis
    KINSHASA, 17 décembre (Reuters) - Un mois avant la fin
programmée de son mandat présidentiel, le président de la
République démocratique du Congo, Joseph Kabila a reçu une foule
de correspondants de la presse étrangère pour de rares
interviews. 
    Si tout laissait alors penser que celui qui a dirigé la RDC
près de 18 ans se livrerait à l'exercice des adieux, la teneur
de son discours fut différente et il a rapidement laissé
entendre qu'il n'excluait pas de se présenter à nouveau devant
les électeurs en 2023, lorsque sa candidature ne sera plus
entravée par les règles constitutionnelles qui interdisent de
cumuler plus de deux mandats consécutifs.
    Joseph Kabila, qui a 47 ans, aurait dû normalement quitter
ses fonctions en 2016, mais le scrutin a été différé à plusieurs
reprises et jusqu'à récemment, on ignorait si le chef de l'Etat
sortant chercherait à briguer un troisième mandat consécutif.
    "Mon rôle sera de faire en sorte que nous ne retournions pas
au point de départ, le point de départ, c'est l'état dans lequel
nous avons trouvé le Congo il y a 22 ans", a-t-il déclaré à
Reuters, référence à la prise du pouvoir par son père
Laurent-Désiré.
    "Dans la vie comme en politique, je n'exclus rien", a-t-il
répondu lorsqu'il a été interrogé sur un éventuel retour. "Il y
a encore beaucoup à faire et d'autres pages seront écrites avant
que nous puissions rédiger les manuels d'histoire."
    Près de dix-huit ans après avoir succédé au pouvoir à son
père Laurent-Désiré Kabila, assassiné dans des circonstances
encore floues, Joseph Kabila n'est plus le novice en politique
qu'il était en 2001.
    Nul ne sait si l'élection présidentielle de dimanche
refermera définitivement la page Kabila ou si elle n'ouvrira
qu'une brève parenthèse.
    
    QUELQUES SUCCES
    Joseph Kabila a choisi comme dauphin un fidèle, Emmanuel
Ramazani Shadary, placé sous sanctions par l'Union européenne
pour son rôle dans des violations des droits de l'homme. Le
gouvernement de RDC estiment que ces sanctions, qui comportent
une interdiction de voyager et un gel des avoirs, sont
illégales.
    Son éventuel retour à la présidence dépendra avant tout de
l'image que garderont les électeurs de ses 18 années de
présidence.
    Ses débuts furent marqués par quelques succès. Il est
notamment parvenu à mettre fin à une guerre régionale meurtrière
et à organiser le premier scrutin présidentiel libre. 
    Mais ses mandats furent également ternis par une instabilité
chronique, particulièrement dans l'Est, par la répression visant
les mouvements pro-démocratiques et par une culture de la
corruption qui a, de l'aveu même du gouvernement, coûté des
milliards de dollars à un pays dont les sous-sols sont parmi les
plus riches de la planète.
    Des investissements étrangers ont permis à la RDC de se
hisser au premier rang des producteurs africains de cuivre et
numéro un mondial de l'extraction de cobalt, un minerai
essentiel à la production de batteries pour voitures
électriques.
    Denis Mukwege, le médecin congolais co-lauréat cette année
du prix Nobel de la paix pour ses efforts en faveur de la lutte
contre les violences sexuelles comme arme de guerre, soulignait
récemment que si Joseph Kabila avait le droit de rester en
politique, les électeurs ne devaient pas oublier les promesses
non tenues.
    "Rien de ce qui aurait dû être fait pour fonder une
véritable démocratie n'a été fait lors de son passage au
pouvoir", a-t-il déclaré à Reuters.
        
    LE PRECEDENT ANGOLAIS
    Adversaires et certains observateurs de la scène politique
congolaise se rejoignent pour penser que les craintes que
nourrit Joseph Kabila pour sa sécurité personnelle et les
fortunes colossales que l'on soupçonne sa famille d'avoir
amassées ont peut-être contribué à sa volonté de se maintenir au
pouvoir.
    Un rapport publié l'année dernière par un groupe de
chercheurs new-yorkais affirmait que les différentes entreprises
dirigées par la famille Kabila représentaient des dizaines de
milliers de dollars, ce que le président a réfuté.
    Si son candidat Emmanuel Ramazani Shadary parvient à battre
ses deux principaux adversaires, Joseph Kabila ne serait pas
pour autant assuré de pouvoir conserver son influence.
    Il lui suffit pour s'en rappeler de se tourner vers le
voisin angolais où Joao Lourenco a rapidement mis de côté son
puissant prédécesseur Jose Eduardo dos Santos, resté 38 ans au
pouvoir, en accusant des membres de sa famille de corruption.
    "Kabila a vu ce qui s'est passé en Angola. C'est la raison
pour laquelle il a choisi un fidèle d'entre les fidèles et
surtout celui dont il craint le moins qu'il menace son propre
pouvoir", explique Manya Riche, qui conseilla Joseph Kabila de
2008 à 2011.
    Evoquant l'arrangement trouvé entre Vladimir Poutine et
Dmitri Medvedev, lorsque le premier a conservé sa prééminence
politique tout en ayant momentanément cédé les rênes de la
présidence au second, elle a commenté: "Nous ne sommes pas en
Russie. Dans une certaine mesure, ici, le chef c'est celui qui
est assis à la place du chef."
    
    FLAIR
    Joseph Kabila est né en 1971 dans l'est du Congo alors que
son père Laurent-Désiré combattait dans les rangs de
l'insurrection qui combattait le régime de Mobutu Sese Seko mais
il a passé l'essentiel de ses jeunes années en Tanzanie voisine.
    Son retour au Congo coïncide avec l'arrivée au pouvoir de
son père avec le soutien du Rwanda et de l'Ouganda et c'est
alors qu'il recevait en Chine une instruction militaire que son
père a été abattu par l'un de ses gardes du corps, en 2001.
    Il n'avait que 29 ans quand il a repris la direction d'un
pays morcelé et déchiré par des conflits territoriaux qui ont
contribué à tuer des dizaines de milliers de personnes chaque
mois.
    S'exprimant dans un français hésitant et presque pas en
lingala, la langue parlée dans la capitale et dans l'armée,
Joseph Kabila a eu du mal à se connecter à la population, un
handicap qu'il compensé par un flair politique qui a surpris.
    Il a su regagner la confiance de puissances occidentales,
Etats-Unis et France notamment, allant à rebours de la distance
prônée par son père, attirant les investisseurs étrangers en
libéralisant la législation encadrant les extractions minières.
    Il a également su relancer un processus de paix qui a abouti
en 2003 à un accord de partage du pouvoir qui lui a permis de se
maintenir au pouvoir malgré la poursuite de l'insurrection dans
l'Est.
    "Il a su gérer le pays, plus ou moins", concède Azarias
Ruberwa, un ancien chef rebelle qui siège désormais au
gouvernement.
    Joseph Kabila a remporté les deux tours des élections de
2006, dont les observateurs s'accordent à juger qu'elles se sont
librement déroulées et avant d'apaiser dans la foulée les
mouvements de protestations qui ont suivi la proclamation des
résultats.
    Ces succès, suivis par une nouvelle victoire en 2011, cette
fois marquée par des accusations d'irrégularités, l'ont conduit
a transformer son approche du pouvoir, expliquent certains de
ses Proches.
    "Le président a commencé à être mois tolérant vis-à-vis des
Occidentaux", dit un ancien conseiller s'exprimant sous le sceau
de l'anonymat. "Il a considéré qu'ils lui imposaient leurs
idées."
    A la mort, en 2012, d'Augustin Katumba Mwanke, son plus
proche conseiller et confident, son exercice du pouvoir a pris
un tour plus personnel.
    Joseph Kabila s'exprime rarement en public et il n'accorde
sa confiance qu'à un petit cercle de proches, sa soeur jumelle
Jaynet et son plus jeune frère, Zoe.
    Dans la population, on reproche à Joseph Kabila de ne pas
avoir su profiter des ressources du pays pour en faire une
plateforme économique régionale. Et le président lui même admet
auprès des proches qu'il regrette de ne pas avoir su transformer
la RDC en une nation qui pourrait ressembler aux autres pays
africains qu'il a pu visiter.

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Un incendie détruit des milliers de machines à voter à Kinshasa 
   
Joseph Kabila n'exclut pas d'être candidat dans 5 ans   
 
La candidature de Jean-Pierre Bemba définitivement invalidée   
 
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 (Avec David Lewis à Nairobi, Gwladys Fouche à Oslo;
Nicolas Delame pour le service français)
 

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