(AOF) - Michelin est en légère baisse (-1,16% à 27,15 euros) après l'annonce du rachat de Flex Composite Group (FCG) pour une valeur d'entreprise de 700 millions d'euros. Ce spécialiste européen des tissus et films de haute technologie avec des applications dans des marchés très techniques tels que la marine, les supercars et les véhicules électriques, le sport ou la construction maîtrise une large gamme de solutions composites polymères, adjacentes à celles déjà développées par Michelin.
En 2022, FCG a réalisé un chiffre d'affaires de 202 millions d'euros. Sur la période 2015-2022, la société a réalisé une croissance organique moyenne de 11%, avec une marge d'EBITDA de 25 à 30%.
L'entreprise compte 400 employés. Elle opère principalement en Europe, sur des marchés en forte croissance tirés notamment par une demande dynamique à destination d'une clientèle haut-de-gamme.
L'accord permettrait à Michelin et FCG de créer un leader dans les tissus et films de haute technologie. Cette acquisition s'inscrit pleinement dans le plan Michelin in Motion 2030. Dans ce cadre, le groupe a annoncé sa volonté de réaliser entre 20% et 30% de ses revenus à cet horizon dans des activités autres que le pneumatique et la distribution associée.
" L'acquisition de FCG augmenterait d'environ 20 % les revenus en Matériaux de Haute Technologie de Michelin et accélérerait le profil de croissance de cette activité " souligne le groupe dans son communiqué. Elle atteindrait 1,3 milliard d'euros, soit environ 5% des ventes du groupe en 2022, précise UBS.
Michelin ajoute que la transaction " serait relutive sur la marge opérationnelle de Michelin au niveau du Groupe et du segment Spécialités auquel serait rattaché FCG " et qu'elle aurait " un impact positif sur la génération de trésorerie et le bénéfice par action ".
La transaction serait payée en espèces et entièrement financée par la trésorerie disponible. Michelin prévoit de conserver " une une situation financière solide". L'opération devrait être finalisée d'ici la fin du troisième trimestre 2023.
Selon UBS, cette opération " n'est pas de nature à apaiser les inquiétudes des investisseurs sur la stratégie d'allocation des liquidités de Michelin "." Bien que les impacts financiers soient limités, Michelin dépense ses liquidités pour acquérir un actif à un prix environ deux fois supérieur à ses multiples actuels pour une faible augmentation des bénéfices sur la durée " s'inquiète le broker. Il reste cependant à l'achat sur la valeur, avec un objectif de cours de 36 euros, soulignant que la valorisation du fabricant de pneumatiques est actuellement 20% au dessous de sa moyenne historique et dans le bas de la fourchette des valeurs comparables.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Points clés
- Leader mondial des pneumatiques avec 1/5ème du marché, né en 1889 ;
- Groupe organisé en trois divisions générant 28,6 Mds€ de ventes : automobile (49%), transport routier (26 %) et activités de spécialités -mines, agriculture, construction, avion… ;
- Activité réalisée aux 3/4 sur le marché des pneus de remplacement, moins cyclique que la « première monte » et moins sensible à la santé des constructeurs automobiles ;
- Modèle d’affaires sur 3 piliers : dans le pneu, autour du pneu avec la connectivité et au-delà du pneu (composites flexibles, biosourcés, impression 3D et mobilité hydrogène) ;
- Société en commandite par action contrôlée par la famille fondatrice (4 % du capital et 5,17 % des droits de vote), Barbara Dalibard présidant le conseil de surveillance de 11 membres et Florent Menegaux présidant la gérance ;
- Bilan sain, noté A -ratio d’endettement de 25,6 %- mais autofinancement libre négatif de 180 M€ du fait de l’inflation des coûts pénalisante pour le fonds de roulement.
Défis
- Stratégie 2030 : hausse annuelle de 5 % des ventes et rentabilité des capitaux investis de plus de 10,5 % à partir de 2023, repli vers 70 % des pneumatique dans les revenus, le reste provenant des applications, des systèmes de mobilité hydrogène et connectée, gestion des flottes, polymères de précision… ;
- Stratégie d’innovation pilotée par le président :
- répondant à 3 enjeux –fabrication additive, composites flexibles et mobilité hydrogène,- fondée sur 5 piliers : R&D (700 M€ par an dans 9 centres), partenariats externes, en recherche (300) ou stratégiques (Enviro, Vabios, addUp, Pyrowave), co-conception avec les clients, innovation interne (100 000 idées par an de progrès et innovation venant des employés) et le programme d’incubation,
- se traduisant par un 1/3 des ventes réalisées dans des produits ou services de moins de trois ans ;
- Stratégie environnementale « Planet » valide par le SBTi, visant la neutralité carbone totale en 2050 et soutenue par l’écosystème mondial Movin’On
- objectif intermédiaire: en 2030 : 50 % vs à 2010,
- offre de pneus protecteurs de l’environnement par emploi de matières recyclées (46 % en 2030 et 100 % en 2050) et de matériaux durables (30 % en 2022),
- accompagnement de la mobilité électrique et hydrogène via Symbio, société commune avec Faurecia,
- économie circulaire « 4 R » (Réduire, Réutiliser, Renouveler, Recycler), dopée par des technologies de rupture en partenariat (Carbios, Enviro, Pyrowave…) ;
- Renforcement de la place de n° 1 mondial des pneus pour véhicules électriques.
Défis
- Attente d’un repreneur pour les activités en Russie, arrêtées en mars 2022 ;
- Inflation dans l’énergie, le transport maritime et les matières premières (caoutchouc, noirs de carbone et dérivés du pétrole, soit le 1/3 des achats) : impact négatif sur l’autofinancement et sur les coûts, au niveau record de 2,7 Mds€, mais marge unitaire maintenue via les hausses de prix ;
- Reprise de la croissance de l’activité après le calage de fin d’année ;
- Homogénéisation des marchés, contrastés en 2022 : forte hausse des activités hors pneus, recul des ventes pneus du fait du conflit russo-ukrainien et des restrictions sanitaires en Chine ;
- Après une croissance de 20,5 % des ventes, objectif 2023 d’un bénéfice opérationnel stable à 3,2 Mds€ et d’un autofinancement libre avant acquisitions de + 1,6 Md€ ;
Des négociations avec les constructeurs
En moyenne, les équipementiers représentent entre 60 à 85 % du prix de revient de fabrication d'un véhicule. Selon la Fédération des industries des équipements pour véhicules (Fiev) les négociations sont très tendues avec les constructeurs concernant la répercussion de l'augmentation des coûts. Les hausses de prix portent à la fois sur les composants électroniques, les matières premières, telles que l'acier, le nickel, le lithium ou le palladium, l'énergie et les transports. Les équipementiers négocient principalement avec Stellantis et Renault pour mettre en place des indices permettant de répercuter les hausses. Ils parient aussi sur l'innovation, la différenciation, la montée en gamme et l'internationalisation.
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