Le cimentier suisse Holcim prévoit une scission de son activité en Amérique du Nord

information fournie par Boursorama avec AFP •29/01/2024 à 14:21

( AFP / FABRICE COFFRINI )

Le géant suisse des matériaux de construction Holcim mise sur la réindustrialisation des Etats-Unis pour faire croître sa branche nord-américaine qu'il compte introduire séparément en Bourse, convaincu que la tendance va transcender les clivages électoraux.

Dimanche, le cimentier suisse a annoncé son intention de coter séparément en Bourse ses activités en Amérique du Nord d'ici le premier semestre 2025 en espérant les valoriser à plus de 30 milliards de dollars (27,7 milliards d'euros). Lundi, le cours de son action bondissait en Bourse.

"Cette activité que nous avons en Amérique du Nord est une rock star", a déclaré Jan Jenisch, le président du groupe suisse, lors d'une conférence téléphonique, présentant cette scission comme une évolution "naturelle" pour le groupe.

Considérablement renforcée par des acquisitions, cette branche nord-américaine connaît une croissance d'environ 20% par an, son chiffre d'affaires avoisinant 11 milliards de dollars l'an passé.

Le groupe compte cependant faire croître ses ventes au-delà de 20 milliards de dollars d'ici 2030, grâce à la forte demande de maisons individuelles, aux projets d'infrastructures mais aussi aux mesures favorisant la "réindustrialisation" des Etats-Unis, a-t-il expliqué.

Avec une enveloppe de 370 milliards de dollars, le plan d'investissements de l'administration du président Joe Biden - appelé l'Inflation Reduction Act - encourage la production notamment de véhicules électriques, batteries, bornes de recharge, panneaux solaires et éoliennes, ce qui incite les entreprises à investir sur le sol américain et à y construire des usines, soutenant par ricochet la croissance de fabricants de matériaux de construction comme Holcim.

Holcim a déjà décroché plus d'une centaine de projets d'infrastructures, a quantifié M. Jenisch. Et "je ne vois pas de risques que cela change", a-t-il affirmé alors que les Américains doivent se rendre aux urnes pour l'élection présidentielle en novembre.

"Si l'actuel président et l'ancien président apparaissent différents, leur politique économique est très cohérente", a-t-il déclaré. Selon lui, la réindustrialisation des Etats-Unis restera "probablement une priorité pour n'importe quel gouvernement".

"Cette réindustrialisation bat son plein et ne s'arrêtera pas quelle que soit l'issue des élections en novembre", a-t-il ajouté lors d'une conférence pour les analystes financiers.

- Prochaine étape de la croissance -

Patron du groupe depuis 2017, M. Jenisch s'est vu confier la présidence d'Holcim en 2023 mais avait temporairement conservé la direction pour que le groupe se donne le temps de choisir un successeur. Dimanche, Holcim a annoncé que le poste de directeur général sera confié à partir de mai à Miljan Gutovic, l'actuel directeur des activités en Europe, tout en précisant que M. Jenisch aura la mission de mener à bien l'introduction en Bourse de la branche nord-américaine.

Les analystes de Stifel s'attendaient d'emblée à ce que ce projet d'introduction en Bourse fasse bondir le cours de l'action, même si une fois la nouvelle "digérée", le marché prendrait le temps de réfléchir et s'intéresser "aux détails", ont-ils écrit dans un commentaire boursier.

Après avoir gagné plus de 6% dans les premiers échanges, le titre cédait une partie de ses gains initiaux, s'appréciant de 4,11% à 12H25 GMT, à 66,84 francs suisses. Le SMI, l'indice-phare de la Bourse suisse, s'appréciait de 0,26%.

Avec cette décision, Mark Diethelm, analyste chez Vontobel, estime qu'Holcim "fait le pas" vers la prochaine étape de sa croissance. Une fois séparée, cette branche nord-américaine sera "soutenue par une équipe de direction locale", ce qui devrait "aider à accélérer sa croissance", juge-t-il dans un commentaire de marché.

Pour procéder à cette introduction en Bourse, Holcim devra obtenir le feu vert de ses actionnaires lors d'une assemblée générale extraordinaire dont la date n'a pas encore été communiquée.

Dans une note, Glynis Johnson, analyste chez Jefferies, a cherché à identifier les éventuelles objections que pourraient soulever les actionnaires. Les réticences pourraient notamment venir de ceux qui ne souhaitent pas conserver des titres aux Etats-Unis, et pourraient notamment s'inquiéter de la répartition des dettes entre la branche nord-américaine et le reste des activités d'Holcim, soupèse-t-elle.

La dette avait été un des grands points de discorde parmi les actionnaires d'Holcim lors de la fusion en 2015 avec le français Lafarge.