LONDRES, 18 septembre (Reuters) - Les marchés financiers ont très bien résisté à la victoire du Brexit en Grande-Bretagne et à d'autres événements politiques potentiellement perturbateurs, mais il se peut que les prix des actifs soient excessifs et il existe un risque croissant de déstabilisation des marchés, selon la Banque des règlements internationaux. Dans son rapport trimestriel publié dimanche, la BRI ne dit pas explicitement que les marchés d'actions et d'obligations sont des bulles spéculatives prêtes à exploser. Mais elle souligne que les fondements sur lesquels ils s'appuient pourraient ne pas être bien solides. "La récente embellie a reçu un accueil très mitigé - c'est plus le bâton que la carotte, plus une pression qu'une traction, plus de frustration que de joie. C'est la réponse à cette lancinante question: les marchés reflètent-ils vraiment les risques à venir ? Des doutes quant aux valorisations semblent s'être insinués ces derniers jours", a dit Claudio Borio, chef du département monétaire et économique de la BRI, dont les rapports offrent un aperçu des préoccupations des grands banquiers centraux. "La discordance apparente entre, d'une part, des rendements obligataires battant des records à la baisse et, d'autre part, des cours d'actions en forte hausse et une volatilité modérée a semé le doute sur la fiabilité de ces valorisations", écrit la BRI dans son rapport intitulé "Des marchés dissonants?". Les banques centrales se sont engagées après le vote pour la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne à apporter des liquidités et à garantir un fonctionnement fluide des marchés si nécessaire, et l'orientation plus accommodante des politiques monétaires dans le monde a apaisé la nervosité des marchés après le choc du vote britannique, note la BRI dans son rapport. Cette perspective de politiques monétaires plus souples, pour une période plus longue, a entraîné les rendements des obligations à leurs plus bas record, rétréci les écarts de rendement sur les obligations d'entreprises et alimenté le redressement des marchés boursiers et la reprise des flux de portefeuille vers les économies de marché émergentes. Claudio Borio a réitéré l'appel de la BRI aux banques centrales à limiter leurs politiques monétaires ultra-accommodantes, jugeant qu'une "combinaison plus équilibrée de politiques publiques est essentielle pour mettre l'économie sur la voie d'une expansion plus robuste, équilibrée et viable". PRESSION SUR LES BANQUES Dans le détail, le rapport note que les cours des actions sont élevés malgré des résultats d'entreprises médiocres et que la comparaison entre les rendements obligataires et la croissance des grandes économies mondiales laisse penser que les obligations souveraines sont extrêmement surévaluées. Déterminer la surévaluation des obligations n'est pas une science exacte. Mais au cours des 65 dernières années, fait observer la BRI, les rendements des obligations à dix ans américaines, japonaises, allemandes et britanniques ont globalement suivi l'évolution des taux de la croissance nominale de ces pays. Or, les rendements obligataires dépassent largement les taux de croissance de ces quatre pays depuis un certain temps. Parmi les risques, outre celui de la formation de bulles spéculatives, figurent les risques liés à la dépendance croissance des marchés aux plate-formes de trading électronique et à la prolifération du trading algorithmique, note la BRI. Ces deux évolutions réduisent l'élément humain dans les transactions de marché, favorisent la baisse des frais de trading et alimentent la liquidité en circonstances normales, dit la BRI. Mais le développement de stratégies de trading complexes et souvent opaques ont éveillé les craintes qu'elles n'affectent la stabilité des marchés en périodes de tensions, écrit la BRI. Les pressions croissantes sur le système bancaire se sont également fait sentir. Les taux d'intérêt bas, voire négatifs, notamment en zone euro et au Japon, ont affecté les marges bénéficiaires des banques et ont pesé sur leur valeur en Bourse. Des signes de tension récemment apparus sur les marchés du financement bancaire ont ajouté au tableau, écrit la BRI qui note que les réformes de la réglementations des marchés monétaires américains après la crise de 2008-2009 avaient entraîné des sorties massives, d'environ 250 milliards de dollars, du secteur et exercé une pression à la hausse sur les taux et les "spread" du Libor. Cette semaine, l'écart entre le Libor à trois mois et le taux des fonds fédéraux américains a atteint son plus haut niveau depuis 2009. L'élargissement des "spread" (écarts de taux) est souvent considéré comme un signe de tensions sous-jacentes au sein du système bancaire, même si cette fois-ci ils semblent davantage être le résultat de réformes réglementaires. VOIR AUSSI Rapport de la BRI: www.bis.org/publ/qtrpdf/r_qt1609.htm (Jamie McGeever, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Henri-Pierre André)
La BRI s'inquiète de la "dissonance" des marchés financiers
information fournie par Reuters 18/09/2016 à 16:07
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