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L'assureur Luko, accident industriel de la fintech française
information fournie par Boursorama avec Media Services 15/12/2023 à 12:06

Elle voulait révolutionner le monde de l'assurance. Cinq ans après sa création, la start-up Luko est la première fintech française d'envergure à payer cash le retournement du marché, son avenir étant désormais entre les mains du tribunal de commerce.

( AFP / STEFANO RELLANDINI )

( AFP / STEFANO RELLANDINI )

"Les assureurs traditionnels classiques existants sont mauvais, loin de leurs clients, sans aucune envie de se réinventer", fanfaronnait le cofondateur de la société Raphaël Vullierme dans un podcast dédié aux entrepreneurs, en novembre 2021.

La jeune pousse est alors en pleine ascension: elle gagne des parts de marché en assurance habitation, se targue de payer les sinistres plus vite que ses concurrents et embauche à tour de bras (180 salariés aujourd'hui).

Nombre d'investisseurs croient dans les promesses des fondateurs. Créée en 2018, Luko a levé depuis 70 millions d'euros, notamment auprès des fonds EQT Ventures, Accel, Funders Fund, Speedinvest, Orange Ventures et d'investisseurs privés.

Avide de croissance, la société délaisse l'objectif de rentabilité et affecte une bonne partie de cette somme dans deux acquisitions, l'assureur allemand Coya et le spécialiste français de l'assurance de loyers impayés Unkle.

Mais le modèle arrive à sa limite en fin d'année dernière: la société affiche une perte nette de 56 millions d'euros sur l'exercice 2022, pour 4,1 millions de chiffre d'affaires (et 40 millions de primes).

- Quatre euros -

Luko, non rentable, a besoin d'argent frais pour ses frais du quotidien et continuer son développement. Mais la hausse des taux d'intérêt, amorcée mi-2022 en Europe, et les perspectives économiques moroses sapent toute volonté de prise de risque pour ses investisseurs.

Faute de pouvoir boucler une nouvelle levée, la start-up n'a d'autre choix que de chercher un acquéreur et de restructurer en parallèle sa dette, sous l'égide du tribunal de commerce de Bobigny qui place l'entreprise en sauvegarde en juin 2023.

Le britannique Admiral se positionne alors, apparaissant comme un mécène providentiel, avant de se raviser au dernier moment, en octobre, après de nombreux "petits cailloux dans la chaussure" (redressement fiscal en cours, fronde du créancier BNP Paribas...), selon un participant au dossier.

Plusieurs repreneurs s'engouffrent alors dans la brèche. Ironie de l'histoire, c'est le premier assureur européen, Allianz - une famille, celles des grands assureurs, dont M. Vullierme fustigeait volontiers l'opacité - qui sort du bois pour croquer Luko. Pour une bouchée de pain.

Son plan de reprise n'est pas accepté par le tribunal de commerce le 20 novembre. La jeune pousse, en cessation de paiement, bascule alors en redressement judiciaire.

- "Opportunité stratégique" -

Allianz revient à la charge et en profite pour baisser son prix: l'assureur a offert mardi la somme symbolique de 4 euros, contre 8 millions quelques semaines plus tôt, 14 millions d'euros proposés par Admiral cet été et une valorisation de la jeune pousse de plus de 200 millions d'euros au sommet de sa gloire.

Luko "constitue une opportunité stratégique" pour Allianz Direct, qui doit lui permettre "d'accélérer son implantation en France en atteignant rapidement une taille significative", détaille sa dernière offre de reprise, défendue mardi devant la justice et consultée par l'AFP.

Le tribunal doit décider vendredi si le redressement judiciaire est prolongé et élargi à une filiale dédiée au courtage, avant une nouvelle présentation d'offres en janvier.

Raphaël Vullierme n'en est pas à son premier échec: les deux premiers projets auxquels il a collaboré, une société de préparation et de livraison de repas et une plateforme de réservation de jets privés, ont disparu.

Ce fils de fonctionnaires, diplômé de l'Insa Lyon et d'un master entrepreneuriat à HEC, a longtemps été plus intéressé par l'histoire et la géopolitique que par l'assurance. Il reconnaissait volontiers être novice dans le secteur.

Luko première version ne faisait d'ailleurs pas d'assurance: la société développait des boîtiers connectés pour suivre sa consommation d'électricité.

La société et ses fondateurs se seront en quelques années attiré les foudres de tous côtés, souligne une source proche: "Luko s'est fait un petit peu détester du milieu traditionnel de l'assurance parce qu'il voulait les challenger", tout en suscitant des jalousies au sein de la tech française.

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