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Jesús Martin-Garcia, Geneuro : "Le temelimab pourrait bénéficier de procédures de mise sur le marché accélérées dans la Covid-19"
information fournie par Boursorama 15/04/2021 à 09:45

Jesús Martin-Garcia, directeur général de Geneuro. (Crédits photo : DR)

Jesús Martin-Garcia, directeur général de Geneuro. (Crédits photo : DR)

Alors que deux études concernant l'implication de la protéine pHERV-W Env dans la covid-19 viennent de paraître, le directeur général de Geneuro, Jesús Martin-Garcia, détaille les développements à venir de son principal actif, temelimab, dans cette indication.

Boursorama : Vous venez de publier les résultats de deux études concernant l'implication de la protéine pHERV-W Env dans la covid-19. Quels sont les éléments marquants à retenir ?
Jesús Martin-Garcia : La protéine HERV- W ENV est connue pour ses propriétés hautement inflammatoires et pour ses effets pathogènes sur les cellules du système nerveux. Mais à ce jour, cette expression pathogène n'avait été observée que dans des tissus, généralement ceux du cerveau, et pas dans la circulation sanguine.
La première de ces études, publiée par l'Université de Rome « Tor Vergata » dans la revue EBioMedicine du Lancet, montre pour la première fois la protéine HERV-W ENV en grandes quantités en circulation dans le sang, et pas uniquement dans le cerveau comme dans la sclérose en plaques. Elle établit également une corrélation entre la quantité exprimée de cette protéine et la sévérité des symptômes chez le patient.
La deuxième étude, effectuée par le Centre International de Recherche en Infectiologie à Lyon, avec le soutien de l'ANR et mise en ligne sur Research Square, montre que chez environ 20% de donneurs de sang en bonne santé, l'exposition de leurs cellules sanguines in vitro au SARS-CoV-2 induit l'expression de HERV-W ENV.
La présence de cette protéine en grandes quantités dans le sang pourrait servir d'accélérant à l'hyperactivation de l'immunité observée dans les formes graves de la COVID-19. En plus d'être délétère pour les cellules du système nerveux, sa présence pourrait aussi expliquer les séquelles neurologiques au long-cours chez certains patients.

Boursorama : Sachant que l'actif le plus avancé de Geneuro, le temelimab, est un anticorps monoclonal dirigé contre cette protéine, comment pourrait-il être utilisé dans le traitement de la Covid-19 ? En quoi diffère-t-il des anticorps monoclonaux de Roche et Lilly déjà autorisés ? Pourrait-il avoir une meilleure efficacité ou être utilisé en association de ces traitements ?
Jesús Martin-Garcia : Le temelimab a été développé pour neutraliser la protéine HERV-W ENV. Il a déjà été utilisé sur des centaines de patients où il a montré un très bon profil de sécurité. La stratégie de vaccination est certainement la clé et elle peut être suppléée chez des personnes récemment infectées par l'administration d'anticorps contre le virus, comme certains que vous citez. Mais le combat n'est pas pour autant terminé. Avec les variants qui réduisent l'efficacité des interventions en amont, nous aurons toujours besoin de médicaments qui évitent l'évolution des premiers symptômes en cas sévères, qui mettent sous pression les capacités en soins intensifs de nos hôpitaux. D'autre part, une partie importante des personnes infectées continuent à avoir des syndromes lourds, souvent de nature neurologique et/ou psychiatrique, bien après la première infection. Les propriétés pathogènes de la protéine HERV- W ENV sur le système nerveux, dont nous connaissons la capacité à devenir chronique, pourraient être une clé pour combattre cette COVID-19 au long-cours.

Boursorama : A quel stade de la maladie devrait-il être donné pour maximiser son activité et à quels types de patients devrait-il être administré ?
Jesús Martin-Garcia : Les données publiées à ce jour plaident clairement pour une intervention chez des patients qui deviennent symptomatiques pour éviter l'évolution sévère de la maladie. Les mesures clés sont l'évolution vers les formes graves (classification OMS), le temps passé à l'hôpital et la récupération post hospitalisation. Pour ce qui est des patients au COVID-19-long, nous travaillons avec des leaders d'opinion en Europe et aux Etats-Unis pour mieux caractériser les symptômes et traiter les patients qui pourraient bénéficier d'un traitement par le temelimab contre le HERV-W ENV. Les travaux sont en cours, et nous devrions pouvoir définir une stratégie clinique ces prochains mois.

Boursorama : Vous évoquez le démarrage de tests à l'été prochain. Avez-vous déjà une idée du design de ce test (patients, durée etc.) ? S'agirait-il, comme le font actuellement certaines biotechs, d'une étude de phase II-III pour gagner du temps ?
Jesús Martin-Garcia : Nous travaillons sur le protocole de l'étude avec des centres hospitaliers universitaires dans plusieurs pays en Europe. Il s'agirait en effet d'une Phase II pouvant devenir, en cas de succès, une Phase III pour gagner du temps.

Boursorama : Si cette étude s'avérait concluante, quel serait le délai possible pour que temelimab puisse être mis sur le marché ?
Jesús Martin-Garcia : Si l'étude était concluante, le temelimab pourrait faire l'objet de procédures de mise sur le marché accélérées dès l'année prochaine.

En parallèle de ce développement récent, il y a l'axe de recherche principal dans la sclérose en plaques. Les premiers résultats de la Phase IIB avec le Karolinska Institutet ne sont pas attendus avant le premier trimestre 2022. Depuis une phase II positive en 2018 et la perte de votre partenariat avec Servier, beaucoup d'investisseurs s'interrogent sur votre capacité à lancer une phase III. Un succès dans la covid est-il déterminant pour faciliter la recherche d'un nouveau partenaire ?
Jesús Martin-Garcia : L'initiative contre la COVID est totalement indépendante de nos efforts contre la SEP, qui restent au centre de notre stratégie. La confirmation des résultats positifs au premier trimestre 2022, sur une population dont l'invalidité progresse en l'absence de relapses, nous ouvrirait tout grand les portes d'une Phase III avec de nombreuses options. Il existe actuellement plus de 15 médicaments qui sont capables de diminuer le nombre de relapses chez les patients atteints de la SEP, mais aucun qui diminue de manière significative la progression de l'invalidité à long terme.

Boursorama : Dans votre dernière communication, vous parlez d'une bonne visibilité financière, avec une position de trésorerie de 6,8 millions d'euros au 31 décembre 2020 et des activités financées jusqu'au 2e trimestre 2022. Quel impact financier aurait cette étude dans la covid ?
Jesús Martin-Garcia : Jusqu'à aujourd'hui, les études sur la COVID-19 ont été faites par des équipes indépendantes, soutenues notamment par l'ANR, et n'ont pas pesé sur le budget de GeNeuro. Le plus cher pour lancer une étude clinique est généralement le développement du produit pour celle-ci. Et en l'occurrence, nous avons suffisamment de temelimab pour effectuer des essais cliniques contre la COVID-19, sans aucune conséquence sur nos programmes en cours. Si le produit est disponible, les études contre la COVID-19 sont des études relativement rapides, et il existe de multiples possibilités pour leur financement.

propos recueillis par Laurent Grassin

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4 commentaires

  • 10 mai 08:46

    Un mois après l'annonce, le marché a décidé. Le soufflé est retombé. NE PAS ACHETER SUR DES DONNEES PRECLINIQUES.


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