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HF Company :un groupe d'électronique français face à l'épreuve du Covid-19
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 15/05/2020 à 09:00

Jérôme Lieury
Jérôme Lieury

Jérôme Lieury

Olier Etudes & Recherches

Analyste financier, membre du Cercle des analystes

https://www.olier-etudes-recherche.fr/

HF Company est un mini-groupe d''électronique Grand Public qui conçoitnotamment des décodeurs et des récepteurs TV, des enceintes connectées et Bluetooth, des lecteurs CD/MP3/radios numérique... (source : Glen Carstens-Peters / Unsplash)

HF Company est un mini-groupe d''électronique Grand Public qui conçoitnotamment des décodeurs et des récepteurs TV, des enceintes connectées et Bluetooth, des lecteurs CD/MP3/radios numérique... (source : Glen Carstens-Peters / Unsplash)

Avec la crise, les comptes d'exploitation trimestriels des entreprises ne ressemblent plus à rien, mais ce n'est pas grave, dans le fond.

Dans le monde pour le moins bizarre dans lequel nous sommes depuis quelques temps, les investisseurs et les analystes commencent à réaliser avec horreur que les résultats trimestriels publiés par les sociétés cotées ne veulent presque plus rien dire : de fait, avec le début du confinement à mi-mars dans notre pays et dans d'autres, et avant en Europe du Sud, il manque au moins deux semaines d'activité normale dans les chiffres du premier trimestre 2020, et il va en manquer encore plus dans ceux du deuxième trimestre, avec un mois d'avril complet à l'arrêt, et un mois de mai en redémarrage ultra-précautionneux. Autrement dit, on ne pourra mesurer pleinement l'impact du coronavirus sur les entreprises que dans les résultats du 1er semestre 2020 qui seront publiés après la mi-juillet, lesquels ne seront pas beaux à voir, on s'en doute. En espérant que ce semestre inconcevable sera vite oublié.

Toutefois, puisque ces résultats trimestriels ne veulent plus dire grand-chose, on ne peut plus vraiment acheter ou vendre un titre en réaction à, ou en anticipation de, leurs publications, et ceci est plutôt une bonne nouvelle : de tels mouvements constituent rarement de bonnes décisions de toute façon, puisque c'est céder au court-termisme qui, c'est bien connu, est le pire ennemi de l'investisseur "long only" (voire "intelligent", à la Warren Buffett), tout comme l'alcool est le pire ennemi du marin, c'est bien connu aussi.

Ce qui compte : le cash au bilan

D'autant que, au point où nous en sommes, la question n'est plus là : il importe avant tout de regarder le bilan pour s'assurer que la société en question a éventuellement assez de trésorerie en caisse pour absorber un, voire deux trimestres de sous-activité, de pertes et de consommation de liquidités. On dispose pour ce faire du bilan au 31 décembre 2019 (voire au 31 mars 2020, s'il est suffisamment détaillé), à partir duquel déterminer la situation de trésorerie nette n'est pas très compliqué : on soustrait de la dernière ligne de l'actif, qui sont les liquidités en caisse, la dette financière à court-terme qui se trouve quelque part (selon la façon dont la société présente ses comptes) en bas du passif.

Partant du principe que l'on n'investit que dans des sociétés bien gérées, et qu'une société bien gérée a toujours un bon matelas de sécurité en cash. Tout simplement parce qu'on ne sait pas de quoi l'avenir est fait, que n'importe quelle société peut faire une mauvaise année voire plus, et que le cash, on ne le redira jamais assez, est la meilleure assurance contre les ennuis.

Sans trop s'inquiéter toutefois, même si la situation est inédite : entre le chômage partiel et les reports de charges, soit autant d'argent qui reste dans l'entreprises, et des banques sommées par les pouvoirs publics et la BCE de prêter tant et plus, on devrait, si le virus ne dure pas trop longtemps, voir la plupart des sociétés refaire surface en bon état, dans un monde nouveau qui plus est.

Un bon exemple ? HF Company

Basé près de Tours, HF Company est un mini-groupe d''électronique Grand Public, soit un chiffre d'affaires de 32 millions d'euros environ et 200 salariés en 2019 qui se présente comme "un intégrateur de solutions technologiques dans l'univers de la maison connectée" : la société conçoit toutes sortes de produits qu'elle fait fabriquer en Chine et qu'elle commercialise en gammes coordonnées dans les linéaires de la Grande Distribution, avec des clients comme Leclerc, Intermarché, Leroy-Merlin, Conforama, Obi, etc… en France, en Italie et en Espagne principalement. Dans toutes ces chaînes de magasins, la branche Home Digital Life (70% du chiffre d'affaires) vend sous la marque Metronic des décodeurs et des récepteurs TV, des enceintes connectées et Bluetooth, des lecteurs CD/MP3/radios numérique, des casques audio, de la connectique, des câbles, des chargeurs, des répéteurs WiFi, des hubs USB, etc… ainsi que des accessoires pour téléphone mobile sous la marque Mooov.

La branche Digital Broadband (25% du chiffre d'affaires) opère quant à elle avec deux entités : Lea Networks, qui conçoit (et fait fabriquer par une JV en Chine) des filtres ADSL, ou "splitters", et des équipements CPL (Courant Porteur en Ligne : le réseau domestique dans le circuit électrique de la maison) pour les équipementiers (Nokia) et les opérateurs télécoms (Orange) et, le LAN, pour Laboratoire d'Analyse Numérique, qui est devenu en quelques années un acteur reconnu, et un organisme certificateur, des tests d'interopérabilité pour équipements de réseaux ADSL ou fibre optique. HF Company a aussi une petite filiale industrielle : Vector, qui fait de la découpe et de l'emboutissage.

On l'aura compris : HF Company possède une belle expertise technique malgré sa petite taille, laquelle lui a permis de se positionner dans le passé sur des marchés alors en plein boom comme les récepteurs TV satellite puis les terminaux pour la Télévision Numérique Terrestre, les filtres ADSL, les réseaux CPL, et la domotique.

Un point d'inflexion dépassé ?

Mais voilà : ces grands marchés, les décodeurs TNT et les filtres ADSL notamment, sont en déclin à présent avec l'avènement de la télévision sur internet et de la fibre optique, et la société mène une vie un peu compliquée depuis quelques temps avec un chiffre d'affaires en baisse tendancielle : soit -15% en 2018, suivi de -11% en 2019, dont -7% pour Home Digital et -5% pour Digital Broadband, et trois exercices d'affilé en perte d'exploitation, ce qui commence à faire beaucoup.

Ceci étant, après avoir abaissé sa base de coûts fixes de -20%, HF Company a réussi à diviser sa perte par deux en 2019, et à remonter graduellement sa rentabilité, l'excédent brut d'exploitation redevenant légèrement positif au deuxième semestre pour le groupe. Soit un éventuel début de retournement, avec un bon développement des ventes directes sur internet, principalement chez Amazon, qui ont progressé de +28% en 2019 pour représenter 15% du total, et des référencements dans 40 nouveaux points de vente Leclerc et Intermarché, et enfin et surtout le redressement de Digital Broaband revenu dans le vert, avec une bonne activité du LAN, qui certifie la fibre optique à tours de bras à présent.

Optimisme et sérénité malgré tout

La direction, toujours optimiste (l'optimisme étant la qualité fondamentale de l'entrepreneur en général) voit le pôle Broadband repartir bientôt de l'avant avec plusieurs produits innovants de Lea Networks pour le réseau domestique, l'idée étant de jouer sur le besoin de réconciliation entre fil de cuivre, fibre, 5G et énergie.

Ce qui est la vraie technicité de Lea Networks en principe, qui a ainsi un produits micro-DPU qui permet de prolonger la fibre par le cuivre, avec alimentation intelligente, un multiplexeur qui fait passer à la fois la TV et l'internet par le cuivre, qui permet ainsi d'augmenter la capacité des extrémités des réseaux cuivre en Allemagne et Suisse, WiPod qui connecte et alimente sans fil l'antenne 5G à partir de la maison, sans parler d'une solution hard et soft qui gère la borne d'alimentation des voitures électriques, y compris les facturations opérateurs, développée pour Schneider Electric, etc… etc…

Même si, en attendant, il faut gérer la crise sanitaire : i) l'usine chinoise pour les produits broadband a été fermée en janvier-février 2020, soit une baisse de l'activité de -75% et un redémarrage très lent en mars, et, ii) avec le confinement en France comme ailleurs, les grandes surfaces de bricolages sont fermées, et les grandes surfaces alimentaires ne réceptionnent plus que des produits alimentaires, et le chiffre d'affaires devrait baisser de -60% en mars-avril. Apparemment inébranlable, HF Company s'adapte, avec Lea Networks pour moitié en télétravail, le LAN aussi, ainsi que Metronic moitié en télétravail et moitié en chômage partiel. Idem en Italie et en Espagne.

Et si toute la question est dans le redémarrage (quand et comment ?), la direction de la société affiche une certaine sérénité face à la situation actuelle : i) les clients distributeurs auront avec un peu de chance bientôt besoin de re-remplir leurs linéaires, et HF Company a deux mois de stocks pour cela et des sous-traitants à nouveau en ordre de marche, ii) les aides de l'Etat fonctionnent, sans parler de sa garantie pour que les banques prêtent à faible taux, et, iii) HF Company a toujours 15 millions environ de cash dans son bilan comme fin 2019. Ou plus précisément 11,9 millions d'euros de liquidités en caisse, soit 10,6 millions de trésorerie nette, et 4 millions d'euros investis en placements à long-terme.
Ceci explique cela, vraisemblablement.

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