Hausse du cacao: Lindt compte relever de nouveau ses prix

information fournie par Boursorama avec AFP •05/03/2024 à 16:27

( GETTY IMAGES NORTH AMERICA / ANNA WEBBER )

Le chocolatier suisse Lindt & Sprüngli va de nouveau augmenter ses prix en 2024 et 2025 pour faire face à la flambée des cours du cacao après les avoirs déjà augmenté de 10,1% en moyenne en 2023.

Le groupe, qui a publié ses résultats annuels mardi, a vu la facture pour ses matières premières s'envoler avec les cours du cacao. Ils sont poussés vers des sommets en raison d'un déficit dans la production suite à de fortes pluies qui ont endommagé les cultures et à une maladie des cabosses.

Fin février, la tonne de cacao a dépassé les 6.500 dollars à New York, alignant une hausse de plus de 150% depuis janvier 2023, et a frôlé les 6.000 livres sterling à Londres, soit une hausse de plus 170% depuis le début de l'année passée.

Le chocolatier connu pour ses pralines Lindor et ses lapins de Pâques dorés a donc prévenu qu'il devra négocier des hausses de prix supplémentaires en 2024 et 2025 "si les prix du cacao restent à ce niveau".

Pour 2024, le groupe s'oriente vers une hausse "moyenne à un chiffre", a déclaré son directeur général, Adalbert Lechner, lors d'une conférence de presse à Kilchberg, sur les rives du lac de Zurich, soit aux environs de 5%.

Selon les calculs de Patrik Schwendimann, analyste à la banque cantonale de Zurich, le groupe aurait besoin de relever ses prix "aux alentours de 12%" pour 2025 si les cours se maintiennent à ce niveau, "ce qui risquerait de faire pression sur les volumes", avertit-il dans un commentaire boursier.

"Nous espérons que la hausse sera significativement plus faible que cela", a cependant déclaré le patron de Lindt & Sprüngli, sans corroborer cette estimation, le groupe tenant à rester "prudent" sur les augmentations de prix, car "nous savons que les consommateurs y sont sensibles", a-t-il insisté.

- Le haut de gamme -

Pour 2025, "nous devrons surveiller l'évolution des cours du cacao" et prendre une décision "d'ici le milieu de l'année", a-t-il précisé.

Les contrats de couverture des matières premières ont aidé à atténuer cette forte augmentation des frais pour le cacao, à 4.000 livres sterling la tonne pour les contrats à l'horizon 2025, a quantifié Martin Hug, le directeur financier, ce qui représente tout de même "un doublement" des coûts pour le groupe, a-t-il souligné.

Pour 2023, le chocolatier suisse a publié un bénéfice net meilleur qu'attendu, en hausse de 17,9% par rapport à l'année précédente, à 671,4 millions de francs suisses (698,5 millions d'euros), grâce notamment à une moindre charge fiscale. Les analystes interrogés par l'agence suisse AWP l'attendaient en moyenne à 657,6 millions de francs.

Le groupe avait déjà dévoilé son chiffre d'affaires en janvier, faisant état d'une croissance de 4,6%, à 5,2 milliards de francs. Hors effets de changes, ses ventes ont augmenté de 10,3% grâce aux pralines, moulages de Pâques et chocolats offerts en cadeaux, sur lesquels les marges sont plus élevées que sur les tablettes. Il a également bénéficié de la reprise du tourisme, ses chocolats étant souvent vendus dans les boutiques hors taxes des aéroports.

En 2023, "les consommateurs se sont serrés la ceinture", a reconnu M. Lechner, mais le segment dit "premium", qui correspond à la fraction haut de gamme du chocolat vendu en supermarchés "a bien résisté", a-t-il insisté.

Le groupe est ainsi parvenu à limiter l'érosion des volumes, en baisse de 1% sur un an, en dépit des hausses de prix, a-t-il souligné.

A 14H30 GMT, l'action Lindt & Sprüngli, la plus chère de la Bourse suisse, perdait 1,86% à 105.800 francs. Le bon de participation, plus liquide, cédait 2,92% à 10.630 francs, à la traîne du SPI, l'indice élargi de la Bourse suisse, en repli de 0,24%.

Pour 2023, le groupe compte relever son dividende de 100 francs à 1.400 francs pour l'action et de 10 francs à 140 francs pour le bon de participation.