Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Plus de 40 000 produits accessibles à 0€ de frais de courtage
Découvrir Boursomarkets
Fermer

Figeac Aero : vie boursière un peu mouvementée, mais vrai pari de moyen-terme ?
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 18/01/2018 à 09:10

Jérôme Lieury
Jérôme Lieury

Jérôme Lieury

Olier Etudes & Recherches

Analyste financier, membre du Cercle des analystes

https://www.olier-etudes-recherche.fr/

Figeac Aero fabrique des pièces pour l'aéronautique : pièces élémentaires que la société assemble aussi en sous-ensembles qui vont dans les structures de l'avion ou dans des mécanismes, ainsi que des pièces de précision et des pièces très résistantes pour les moteurs. (crédit : Figeac Aero)

Figeac Aero fabrique des pièces pour l'aéronautique : pièces élémentaires que la société assemble aussi en sous-ensembles qui vont dans les structures de l'avion ou dans des mécanismes, ainsi que des pièces de précision et des pièces très résistantes pour les moteurs. (crédit : Figeac Aero)

Outre le fait qu'elles ont le charme de la nouveauté, les introductions en Bourse (ou "IPO" pour les franglophones), méritent toujours qu'on s'y intéresse, tout simplement parce que c'est rarement deux fois la même chose : les sociétés candidates à la cotation pratiquent des métiers variés (et il n'y a pas de sot métier, c'est bien connu), et, une fois lu tous les articles et interviews sur le sujet, après avoir disséqué - et plus ou moins digéré - le toujours très volumineux Document de base réglementaire, on s'aperçoit que chaque opération a ses spécificités, et est un cas de figure à part en quelque sorte. Le diable étant dans les détails, c'est bien connu aussi.

La raison la plus courante pour coter une société sur un marché organisé est de donner la liquidité à ses actionnaires : la possibilité de vendre une partie de leurs actions et réaliser ainsi une partie de leur investissement lors de l'introduction, ou plus tard. Une autre raison étant de se faire gratuitement de la publicité en existant dans les médias, puisque les sociétés cotées font souvent l'actualité, ce qui est bon a priori pour la notoriété de l'entreprise et donc pour ses relations avec les parties prenantes, dont les banquiers.

Trouver de l'argent frais

Il convient bien sûr de se poser un certain nombre de questions quand on vous propose aimablement de participer en tant qu'investisseur à une introduction en Bourse, et de devenir actionnaire à son tour. La toute première étant bien évidemment : "Si cette affaire est aussi bonne que cela, pourquoi m'en faire profiter ?", ce qui peut paraître quelque peu cynique, mais n'est que du bon sens, finalement.

La deuxième étant : "Est-ce que j'ai à ce prix-là une chance raisonnable d'obtenir un bon rendement de mon investissement ?" A moyen terme, bien entendu. C'est la question de la valorisation, qui n'admet de réponse définitive que le jour où on revend ses titres.

Une autre excellente raison pour faire une IPO est bien sûr de trouver de l'argent frais pour l'entreprise : avec une augmentation de capital qui crée des actions nouvelles et fait le plus souvent entrer de nouveaux actionnaires dans la société. Mais on peut aussi faire des augmentations de capital une fois la société déjà cotée : pour accompagner la croissance, pour se désendetter, pour financer une acquisition, etc.

La Bourse apporte aussi, et surtout, de la flexibilité. Dans ce dernier cas, la seule question qui se pose est, encore et toujours, celle de la valorisation. Etant entendu que plus une société peut faire de la croissance, plus on peut justifier une valorisation élevée, puisque la Bourse valorise avant tout le potentiel de développement d'une affaire et sa dynamique.

Une société qui travaille pour les grands avionneurs

Introduite en Bourse fin 2013, Figeac Aero est un bon exemple de ce qu'une société peut faire avec la Bourse. Rappelons que Figeac Aero fabrique des pièces pour l'aéronautique, un bon positionnement par les temps qui courent : pièces élémentaires grandes et petites, que la société assemble aussi en sous-ensembles qui vont dans les structures de l'avion (longerons, ailes, portes, planchers, pylônes moteurs, etc.) ou dans des mécanismes (de portes, de volets, de trains d'atterrissage, etc.), ainsi que des pièces de précision et des pièces très résistantes pour les moteurs.

Aujourd'hui, la société travaille pour les grands avionneurs : Airbus, Bombardier, Dassault Aviation et, bientôt, Boeing, les grands motoristes : Safran/CFM, Rolls-Royce, leurs filiales (Stelia) et leurs grands fournisseurs (Spirit Aerosystems, Latécoère). Elle participe à vingt grands programmes en tout.

Rappelons aussi que la société fabrique essentiellement par usinage d'ébauches en alliages légers (aluminium), ou au contraire en métaux durs (titane, inconel) avec des centres d'usinage à grande vitesse, une technologie relativement récente qu'elle a été une des premières à adopter et à déployer massivement. Et qui, pour peu qu'on utilise des machines haut de gamme, qu'on apporte des gains de productivité importants, des délais de fabrication réduits, pour des coûts unitaires abaissés avec moins de consommation de matière, et produit de pièces de qualité, un sujet important dans l'aéronautique.

Un parcours boursier décevant en 2016 et 2017

Capable de produire vite et bien et de livrer dans les délais, Figeac Aero a affiché une très forte croissance ces dernières années, alors que les grands avionneurs confiaient de plus en plus de fabrications à leurs fournisseurs, pour devenir le n°2 en Europe : le chiffre d'affaires devrait être de 390M€ pour l'exercice en cours clos fin mars 2018, contre 137M€ fin mars 2013, soit une progression moyenne de +23% par an. La société opère avec plus de 300 centres d'usinage contre 60 il y a cinq ans, avec des sites industriels en France, notamment une usine du futur toute neuve à Figeac (Lot), et d'autres à Saint-Nazaire, au Mexique, au Maroc, et aux Etats-Unis.

Bref... de quoi être une vraie "darling" pour la Bourse, ce qui a été le cas un certain temps : après une introduction discrète sur Alternext à 9,20€ l'action, le titre cotait près de 25€ deux ans plus tard après son passage sur Euronext. Mais la performance s'est nettement tassée depuis, puisque le cours a baissé de 11% en 2016, et de 12% environ en 2017.

Et pour cause : Figeac Aero ne finance pas toute sa croissance, et autrement dit, et dit plus abruptement, brûle du cash, en investissant tout simplement bien plus que ne le lui permet sa capacité d'autofinancement. Une consommation que l'on retrouve dans des bilans bien endettés, à fin mars et à fin septembre dernier, et ce malgré trois augmentations de capital : deux petites (une à l'introduction et une en 2015), puis une grosse, 86M€, en mars 2016. Ce qui incite les investisseurs, qui regardent les bilans, à la prudence.

Génération de free cash flow dès le prochain exercice

Mais si Figeac Aero n'est pas encore une vraie valeur de croissance, elle le sera bientôt, selon son dirigeant-fondateur, et encore de loin premier actionnaire : la société devrait commencer à générer de la trésorerie libre (ou encore "free cash-flow" pour les franglophones), dès le prochain exercice clos fin mars 2019. Tout simplement parce qu'elle génèrera toujours plus de capacité d'autofinancement avec la belle croissance attendue, avec un objectif de 650M€ de chiffre d'affaires en 2020 embarqué dans le carnet de commandes, et parce qu'elle investira nettement moins que cette capacité d'autofinancement en principe, la montée en capacité des nouvelles usines (Saint-Nazaire, Maroc, Mexique) étant déjà bien avancée.

Tout ceci alors qu'une dernière levée de fonds réalisée en octobre dernier a apporté 100M€ de liquidités sous forme d'obligations convertibles (Ornane), des obligations peu coûteuse, puisqu'elles paient un intérêt de 1,125%, et peu convertibles pour le moment, puisqu'elles sont échangeables en actions à 25,70 €, à comparer à un cours de l'action de 19€ environ. Autrement dit, et dit plus abruptement : largement assez de cash pour tenir jusque-là.

Qui a dit que les marchés financiers ne servaient plus qu'à financer les Etats ?

J. Lieury - Analyste Senior - Olier Etudes & Recherche - Membre du Cercle des Analystes Indépendants - www.olier-etudes-recherche.fr

Valeurs associées

Euronext Paris 0.00%

3 commentaires

  • 02 février 15:12

    Parfois pour les pépites il faut attendre un peu...


Signaler le commentaire

Fermer

Mes listes

Cette liste ne contient aucune valeur.