(AOF) - L'action Euroapi (-41,31% à 3,985 euros) plonge après la présentation de résultats 2023 et perspectives dégradés. L'action du spécialiste des principes actifs pharmaceutiques a même touché ce matin un plus bas historique à 3,10 euros. Cette forte chute de l'action est la dernière en date d'une longue série depuis l’introduction en Bourse en 2022 au prix de 12 euros. Le titre a déjà perdu 59% le 10 octobre 2023 après un troisième profit warning.
Creusement des pertes
Le spécialiste des principes actifs pharmaceutiques a enregistré une perte nette beaucoup plus importante que l'année précédente, à 189,7 millions d'euros contre 15 millions d'euros en 2022. Ses comptes ont été pénalisés par 226,4 millions d'euros de dépréciations d'actifs corporels.
Le Core Ebitda est ressorti à de 93,1 millions d'euros, soit une marge de 9,2% contre 12,3 % en 2022, "en raison d'une absorption moins favorable des coûts fixes et de l'inflation". Le chiffre d'affaires a cependant augmenté de 3,8% à 1,013 milliard d'euros.
Le groupe a annoncé le lancement du de Focus-27, "un projet global pour libérer une croissance rentable et augmenter les rendements" grâce à une rationalisation du portefeuille d'API. 13 APIs avec des marges faibles ou négatives seront arrêtés, pour se concentrer sur des produits rentables et hautement différenciés tels que la vitamine B12, les prostaglandines, les peptides et les oligonucléotides. L'empreinte industrielle sera rationalisée : la cession des sites de Haverhill et de Brindisi est envisagée.
Dégradation attendue de la rentabilité en 2024
Le conseil d'administration d'Euroapi a nommé Ludwig de Mot directeur général, à compter du 1er mars 2024. Il a rejoint la société le 2 janvier 2024 en tant que directeur général adjoint, en charge de la transformation de l'entreprise.
Euroapi se fixe comme objectif clé pour 2024 de "mettre l'accent sur la trésorerie pendant une année de transition". La marge de Core Ebitda est attendue entre 6% et 9%. La société prévoit également un impact matériel des coûts de transformation et de début de restructuration, comprenant une sous-activité industrielle résultant de la mise en oeuvre du projet Focus-27. Le groupe anticipe enfin une diminution du chiffre d'affaires comprise d'entre 4% et 7% à base comparable, due notamment à une baisse des ventes à Sanofi.
Sanofi et EPIC BpiFrance ont prolongé la durée de leur période de conservation de leurs participations de respectivement 30% et 11,9% jusqu'en décembre 2025.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Points clés
- L’un des leaders mondiaux des principes actifs pharmaceutiques (n° 1 dans les petites molécules, 2ème dans les API combinant petites et grosses molécules et 7ème dans les molécules innovantes), créé en décembre 2021 par séparation de Sanofi ;
- Revenus de 977 M€, répartis entre API Solutions pour 73% et CDMO.
- Modèle d’affaires fondé sur une stratégie commerciale claire d’expansion dans de nouveaux marchés et visant à devenir un partenaire de référence des pharmaceutiques et biotechs ;
- Capital détenu à 30,1 % par Sanofi, 12 % par bpiFrance et 5,5 % par L’Oréal, Viviane Monges présidant le conseil d’administration de 12 membres, Karl Rotthier étant directeur général;
- Bilan très sain avec 1 Md€ de capitaux propres et 19,8 M€ de dette nette.
Enjeux
- Stratégie 2026 :
- croissance du chiffre d'affaires de +7% à +8% dont progression à 2 chiffres des revenus des activités Autres Clients que Sanofi,
- marge opérationnelle de +20% en 2026 et supérieure à 18% en 2025
-510 M€ d'investissements sur 2022-25
- Stratégie d’innovation :
- 4 axes majeurs :
- l’optimisation industrielle et logistique, les molécules innovantes mises au point dans le CDMO (Contract Development and Manufacturing) avec 30 projets en cours, l’offre combinée d’oligonucléotides et de peptides à partir de 2025,
- en réponse aux enjeux de souveraineté, mobilisation de 125 M€ d’investissements : en France, focus sur la R&D en morphine dans l’objectif d’en accroître la production à partir de 2027 et, en Hongrie, création d'un kilo-lab de molécules hautement actives dans le laboratoire de Budapest et doublement de la capacité industrielle du site de prostaglandines d’ici 2027
- recrutements massifs, notamment en CDMO et signature en 2022 de 20 partenariats de R&D portant sur les procédés de fabrication
- Stratégie environnementale visant la neutralité carbone en 2050 :
- 2 étapes : 100 % des sites alimentés par des énergies renouvelables en 2025, réduction de 30 % des émissions de CO2 en 2035 (vs 2020),
- technologies de réduction de l'empreinte et investissements dans la biomasse;
-Montée en puissance de la production de vitamine B12, prostaglandine, peptides, hormones et oligonucléotides avec un ratio d'investissements porté à +14% du chiffre d'affaires ;
- - Avantage compétitif dans la fabrication de peptides et oligonucléotides conjugués et complexes
- Portefeuille étendu de 200 références, dont 55 % différentielles et complexes, produites sur 6 sites industriels en Europe, un atout face à la concurrence asiatique pénalisée par les coûts et disruptions de la chaîne logistique.
Défis
- Evolution du capital, Sanofi et Bpifrance devant conserver leurs titres jusqu’en mai 2024 et l’Oréal jusqu’en 2023 ;
- Remontée de la marge opérationnelle, inférieure de moitié à celle de ses concurrents européens –Lonza, Siegried, Bache et PolyPeptide- via une transformation industrielle visant une création de valeur supplémentaire de 50 M€ ;
- Réponse de la Commission européenne au projet du groupe de réponse, d’ici 2030, aux besoins en antibiotiques macrolides et corticostéroïdes ;
- Poursuite de la réduction de la dépendance à Sanofi par l’obtention de nouveaux contrats ;
- Après une perte en 2022, due aux dépréciations sur les actifs de Brindisi, révision à la baisse de l’objectif 2023: chiffre d’affaires de 980 M€ et marge opérationnelle entre 12 et 13 % ;
- Absence de dividende au titre des exercices 2022, 23 et 24 .
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L'oncologie, priorité des géants pharmaceutiques
La déconvenue boursière de Sanofi enregistrée fin octobre 2023 souligne le nouveau cap pour le groupe, qui a dorénavant fixé l'oncologie comme priorité numéro 1. Les efforts sur ce segment, où les thérapies avancent le plus vite, impliquent notamment des investissements en R&D qui pèsent sur la rentabilité. Sanofi a donc annoncé une baisse de son bénéfice par action en 2024 et l'abandon de son objectif d'une marge opérationnelle de 32 % en 2025. Merck vient, lui, de dévoiler une nouvelle alliance. Il va verser jusqu'à 22 milliards de dollars au groupe japonais Daiichi Sankyo dans le cadre d'un partenariat sur des traitements expérimentaux contre le cancer. Si certains experts estiment que les États-Unis représentent près de la moitié des dépenses mondiales d'oncologie (médicaments et traitements), soient 196 milliards de dollars en 2022, les dépenses chinoises dans ce domaine ont plus que doublé en cinq ans, passant de 5 à 11,8 milliards de dollars.
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