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Egide : ou comment rallumer (éventuellement) le booster de la croissance
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 16/03/2017 à 08:27

Jérôme Lieury
Jérôme Lieury

Jérôme Lieury

Olier Etudes & Recherches

Analyste financier, membre du Cercle des analystes

https://www.olier-etudes-recherche.fr/

Egide : ou comment rallumer (éventuellement) le booster de la croissance

Egide : ou comment rallumer (éventuellement) le booster de la croissance

Ce qu'on attend le plus souvent d'une société cotée , c'est de la croissance : croissance de l'activité tout d'abord, croissance des résultats aussi, et enfin et surtout : croissance du bénéfice par action , ce qui n'est pas tout à fait la même chose.

Et ce que l'on constate depuis quelques temps, c'est-à-dire depuis l'automne dernier avec les publications des résultats semestriels 2016, et encore plus depuis un mois avec la publication des résultats annuels 2016 , c'est que les dits bénéfices par action des sociétés cotées sont en nette hausse. Ce qui a l'heureux effet d'inciter les analystes, qui se sont parfois un peu fait surprendre, il faut le dire, à améliorer leurs prévisions pour 2017 et 2018. Ce qui, en retour, aide le marché des actions à bien se tenir. Bref : nous sommes éventuellement dans un cercle vertueux.

Au-delà, ou en dessous, de cette a priori bonne tendance de fonds du marché, il y a aussi le fait que la Bourse, dans son immense sagesse, valorise toujours plus généreusement les sociétés "stars" au sens Boston Consulting Group du terme : celles qui font une belle croissance, ce qui est bien, tout en autofinançant cette belle croissance, ce qui est encore mieux, voire génèrent en plus de la trésorerie libre , c'est-à-dire fabriquent du cash au sens premier du terme, ce qui est parfait.

Un exemple ? : Iliad , qui affiche depuis longtemps des multiples de valorisation (PER, multiple d'Ebidta, multiple de chiffre d'affaires, etc…) très supérieurs la moyenne des opérateurs de télécom "historiques" européens, pour cause de croissance rapide et de bilan solide malgré tout. Ou encore Thales , qui s'est bien revalorisé, et est aussi "pricé" à présent nettement au-dessus des moyennes de marché, après un parcours sans faute depuis deux ans en termes de progression de chiffre d'affaires, de free cash-flow, et de liquidités en caisse.

Malheureusement, ou au contraire heureusement pour le boursicoteur (s'il en reste) toujours en quête d'une valeur oubliée, décotée, et possiblement, voire potentiellement, re-valorisable un jour, on trouve aussi quelques beaux contre-exemples à étudier. De fait, toutes les sociétés ne sont pas des "stars" valorisées à des multiples stratosphériques, tout simplement parce que la plupart d'entre elles traversent des phases de stagnation . Et que ces phases correspondent le plus souvent à des moments de réorganisation , de repositionnement commercial, de renforcement des moyens financiers, etc…, pour repartir ensuite, en principe, de l'avant.

Ce qui semble être le cas d' Egide (GID : 2,40€), une petite affaire (avec un chiffre d'affaires de 22,2M€ en 2016) plutôt High Tech, qui opère comme Thales dans l'Aéronautique/Spatial/Défense, et dont l'activité est restée stable, et à un niveau médiocre selon la direction, ces dernières années.

Egide conçoit et fabrique des boîtiers hermétiques à très haute résistance, qui servent à encapsuler des composants électroniques variés (contrôleurs de puissance, composants hyper-fréquence, capteurs infra-rouge, optoélectronique, etc…) intégrés à des équipements ou des systèmes, pour la détection ou pour les transmissions de données notamment. Des systèmes utilisés le plus souvent dans des conditions extrêmes : sur des avions d'armes, et d'autres équipements militaires, sur des fusées, dans des satellites, ou encore dans des câbles télécoms sous-marins.

Curieusement, malgré sa taille modeste, Egide a des débouchés dans le monde entier, avec plus du tiers de son chiffre d'affaires aux USA, et peut se mesurer à des concurrents bien plus grands, ou filiales de groupes de tailles respectables, tels le japonais Kyocera, l'américain Ametek, et l'allemand Schott. De fait, la société maîtrise a priori des savoir-faire complexes, et ce dans les deux technologies communément employées dans ce métier : les scellements verre-métal et les scellements céramique-métal qui assurent une étanchéité parfaite aux entrées-sorties des boîtiers. Elle opère à présent avec deux usines : à Bollène, dans le Vaucluse, et à Cambridge, aux USA (Maryland), qui maîtrisent des techniques de fabrications sophistiquées, notamment le brasage à très haute température, les traitements de surface d'alliages spéciaux, et l'élaboration et l'application de céramiques dites "cofrittées" ou HTCC. Elle a aussi développé un savoir-faire en matière d'intégration de composants, pour livrer à ses clients des ensembles complets finis.

Voilà pour le business, qui peut paraître attrayant pour qui croit que l'Aéronautique et le Spatial, qui contribuent pour 70% de l'activité, sont toujours des secteurs d'avenir. D'autant plus attrayant que l'activité a redémarré sérieusement en 2016 (en fait depuis le dernier trimestre 2015), avec une croissance organique de près de +8% sur l'année. Ce qui n'est plutôt pas mal pour une société qui a été pendant plusieurs années un cas un peu désespérant (plus que désespéré) pour les investisseurs. Un net redémarrage qui provient avant tout des clients européens de la société, alors qu'Egide vient de finir la mise en place de nouvelles capacités aux USA : la société ambitionne de développer rapidement à présent la clientèle Défense US, qui ne se fournit qu'auprès de fabricants américains, soit un vrai relais de croissance en principe.

L'histoire vient de changer un peu aussi : Egide vient de racheter TMS LLC/Santier, une autre petite société (chiffre d'affaires : 10M$), basée en Californie. Celle-ci apporte un complément d'offre : les dissipateurs thermiques pour les boîtiers, soit l'internalisation d'une production sous-traitée auparavant, ainsi qu'un nouvel accès aux clients américains, et donc plus de volumes pour l'usine de Cambridge, qui démarre ses nouvelles capacités.

Egide annonce comme objectif de moyen terme un chiffre d'affaires de 50M€ en 2020, avec une croissance d'au moins +10% hors TMC LLC/Santier en 2017, avec un carnet de commandes à +30% fin 2016. Et en plus, ce qui ne gâte rien, i) une partie de l'activité assise sur des contrats pluri-annuels, notamment dans l'imagerie thermique, un des meilleurs fonds de commerce d'Egide, et, ii) un bon contrôles des coûts fixes en principe, avec entre autres, la baisse de -40% du loyer du siège social de Trappes effective dés début 2017 .

Pour ce faire, Egide vient de procéder à une augmentation de capital , importante relativement, soit 8M€, qui a fortement dilué les actionnaires en place. Qui ont semble-t-il bien suivi l'opération, puisque celle-ci a été nettement sur-souscrite.

Bref : un mouvement pour aller encore plus vite, bref, booster cette fameuse croissance. Qui devrait, un jour, aider la Bourse à revaloriser la société ?

Comme disent nos amis américains, toujours optimistes : "sky is the limit".

Jérôme Lieury

Analyste Senior

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2 commentaires

  • 16 mars 14:27

    avec les attentats, la défense c'est l'industrie du futur


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