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[Édito] La finance durable sert à réorienter les flux financiers, pas à sauvegarder des modèles en perdition
information fournie par Novethic 26/03/2021 à 14:28

[Édito] La finance durable sert à réorienter les flux financiers, pas à sauvegarder des modèles en perdition

[Édito] La finance durable sert à réorienter les flux financiers, pas à sauvegarder des modèles en perdition

La bataille de lobbying politique et économique autour de la taxonomie européenne est en train de vider de sa substance le plan d'action sur la finance durable lancé par la Commission qui entre en vigueur cette année. Initialement destinée à définir les éco-activités permettant d'atteindre les objectifs de l'Union comme la neutralité carbone, la taxonomie devient le nouveau champ de bataille énergétique. Nucléaire et gaz veulent s'inviter à la table des solutions environnementales au risque de déstabiliser tout l'édifice !

Esprit du HLEG revient ! La taxonomie les rend fous ! Le HLEG, c'est un groupe d'experts rassemblés par la Commission européenne en 2017 pour dessiner un nouveau cadre à la finance pour l'Union des marchés de capitaux. Pour construire ce modèle dit de finance durable, une trentaine de personnes dont les Français Pascal Canfin, Philippe Zaouati et moi-même ont ainsi travaillé un an à la rédaction d'un rapport publié en janvier 2018. Il a connu un succès planétaire et s'est traduit dès mars 2018 par un plan d'action fêté à l'époque en grandes pompes par Emmanuel Macron et Michael Bloomberg .

La colonne vertébrale de ce plan d'action était la création d'une taxonomie dont l'objectif était de créer un langage commun au sein de l'Union à identifier la part des activités verte des entreprises et des investissements. Cet objectif relativement simple en apparence est évidemment très complexe à mettre en œuvre. Du coup les experts techniques qui planchent sur les référentiels définissant les seuils et les activités qui peuvent entrer dans ce champ, y travaillent depuis plus de deux ans.

Au début, ils étaient relativement épargnés puisqu'ils oeuvraient au sein d'un cercle de connaisseurs des données scientifiques et des meilleures pratiques de finance durable. Encore aujourd'hui rares sont les députés européens qui connaissent et comprennent les enjeux de cette taxonomie, même chose dans les pays membres. Pourtant elle est au cœur d'une bataille politique que se livrent les pays membres sur les énergies permettant d'atteindre la neutralité carbone. La France espère imposer le nucléaire comme solution bas carbone alors que l'Allemagne ne veut pas en entendre parler et que la partie Est de l'Europe veut que le gaz soit consacré par la taxonomie comme une énergie de transition.

Gaz et nucléaire

La semaine du 22 mars, troisième anniversaire du lancement du plan d'action, est celle où les lobbys se sont déchainés. L'engagement pro-nucléaire de la France a conduit Emmanuel Macron à faire alliance avec le sulfureux hongrois Viktor Orban pour peser dans la balance. Au même moment, une fuite du projet de texte d'acte délégué, sorte de décret d'application, révélait que la Commission était prête à y intégrer le gaz déclenchant ainsi une levée de boucliers. Une alerte solennelle a été lancée par le WWF avec le soutien de 225 scientifiques, institutions financières et ONG expliquant que " faire du gaz une solution environnementale incluse dans la taxonomie déstabilisait l'ensemble de l'approche de cet outil ".

La taxonomie est destinée à flécher les investissements vraiment verts de façon à ce que les flux financiers soient massivement réorientés le plus vite possible sur des modèles durables. Elle doit préserver le climat et la biodiversité sans provoquer de dommages collatéraux. À force de donner des coups de freins à la transition au nom de la préservation des intérêts nationaux, les chances d'atteindre l'objectif s'amenuisent d'autant plus que la disparition progressive du débat sur la relance verte, en France comme en Europe, compromet l'accélération nécessaire. C'est d'autant plus regrettable que la pandémie du COVID 19 a vraiment permis de mettre en évidence la nécessité d'une transition vraiment verte et résiliente.

Anne-Catherine Husson-Traore, @AC_HT , Directrice générale de Novethic

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