(AOF) - Dassault Aviation (-6,81% à 181 euros) est lanterne rouge de l'indice SBF 120 après la présentation d'une performance annuelle mitigée. Le chiffre d'affaires du constructeur aéronautique est ressorti à 4,8 milliards d'euros en 2023 contre 6,95 milliards d'euros, soit un fort recul de 31%. L'entreprise explique cette baisse par la faiblesse de ses livraisons: "13 Rafale et 26 Falcon ont été livrés en 2023, contre une prévision de 15 et 35, en raison de problèmes de supply chain et de l’entrée en service décalée du Falcon 6X".
"Les difficultés des chaînes d'approvisionnement débutées avec la crise Covid affectent durement les sous-traitants de l'industrie aéronautique qui n'arrivent pas toujours à livrer avec la qualité et dans les délais requis. Les défaillances de certains fournisseurs, ainsi que des manques de capacitaires, principalement en aérostructure, se sont traduites pour le groupe par des retards de mise en production", détaille Dassault Aviation.
Alors que ces risques pèseront encore sur son activité en 2024, la société a mis en œuvre un plan de pilotage centralisé afin de réaliser les plans de correction, d'apporter le soutien nécessaire à certains des sous-traitants.
Chute du montant des prises de commandes
En outre, en 2023, les prises de commandes représentent 1,72 milliards d'euros contre 3,44 milliards d'euros en 2022. Cette diminution s'explique notamment par la baisse du nombre de Falcon commandés : 23 contre 64 en 2022.
Le carnet de commandes du groupe s'établit à fin décembre 2023 à 38,5 milliards d'euros (295 avions - 141 Rafale Export, 70 Rafale France et 84 Falcon) contre 35 milliards d'euros il y a un an.
Au titre de son exercice 2023, Dassault Aviation affiche un résultat net ajusté groupe record qui s'élève à 886 millions d'euros contre 830 millions d'euros un an plus tôt, soit une hausse de 6,7%. La marge nette ajustée s'établit à 18,5% en 2023 contre 12% en 2022.
En revanche, son résultat opérationnel ajusté a chuté de 39% à 349 millions d'euros contre 572 millions d'euros en 2022. Il est inférieur de 6% au consensus.
A fin 2023, la trésorerie disponible s'élève à 7,29 milliards d'euros. "Elle en baisse par rapport aux 9,52 milliards d'euros en 2022, reflétant une augmentation des travaux en cours sur les contrats militaires et le Falcon 6X, les rachats d'actions et l'augmentation de la participation dans Thales", souligne Berenberg qui reste à Conserver sur Dassault Aviation avec un objectif de cours de 195 euros.
En parallèle de ses résultats annuels, le conseil d'administration a décidé de proposer à l'Assemblée générale des actionnaires la distribution, en 2024, d'un dividende de 3,37 euros par action correspondant à un montant de 266 millions d'euros, soit un taux de distribution de 30%.
Côté perspectives, en 2024, Dassault Aviation prévoit de livrer 35 Falcon et 20 Rafale (contre un consensus de 36 et 21) et vise un chiffre d'affaires de 6 milliards d'euros, soit 2% en dessous du consensus.
AOF - EN SAVOIR PLUS
En savoir plus sur Dassault Aviation
Points clés
- Groupe aéronautique centenaire avec plus de 2100 avions civils et 1000 avions militaires en service, livrés depuis 100 ans dans 90 pays ;
- Activité de 6,9 Mds€ réalisée aux 9/10èmes à l'export, couvrant l’amont (conception et développement) et l’aval (vente et support), des avions de combat Rafale aux jets business haut de gamme Falcon et aux drones militaires ;
- Modèle d’affaires « Architecte du futur » assis sur la dualité civil/défense et spécifique par la répartition du bénéfice en 3 parts égales –participation et intéressement aux salariés, dividendes aux actionnaires et impôts à l’Etat;
- Capital détenu à 62,2 % (76,9 % des droits de vote) par la famille Dassault et à 9,9 % (6,1 % des droits de vote) par Airbus, Eric Trappier étant président-directeur général du conseil de 9 administrateurs et Charles Edelstenne, président d’honneur du conseil;
- Bilan très sain : 233 M€ de dette nette face à 5,8 Md de capitaux propres et 7,7 Mds€ de trésorerie disponible.
Enjeux
- Stratégie de transformation opérationnelle « Piloter notre avenir » en 4 pôles : culture- compétences- organisations, outils numériques- process- innovations, outil industriel, pilotage des programmes, facilitée par la coopération avec Dassault Systèmes pour les plateformes collaboratives et le big data ;
- Stratégie d’innovation intégrée au modèle économique :
- R&D autofinancée à 8,3 % des revenus et focalisée sur les Falcon 6X et 10X, sur le standard F4 du Rafale et le SCAF,
- démarche InnoLab axée sur les plateformes d’intégration des ruptures technologiques avec 3 focus - intelligence artificielle embarquée via le Plan d’études amont « man machine learning », prise de décision via data et hydrogène,
- collaborations et partenariats –Cerac, Clean Sky, Sesar ;
- Stratégie environnementale visant la neutralité carbone totale en 2050 :
- SAF (carburants alternatifs durables) : certification de tous les Falcon pour un mélange SAF/kérozène de 50 % (le futur Falcon 10X opérant à 100 % avec des mélanges SAF),
- amélioration de l’aérodynamique (optimisation de la masse et de la performance),
- participation à la recherche européenne Clean Aviation,
- optimisation des opérations aériennes (plans de vol, contrôle aérien…),
- stockage des émissions de CO2 et renouvellement forestier ;
- Prises de commandes de 1,7 Md€ pour 12 Falcon en juin 2023, puis de 26 Rafale pour porte-avions en juillet par le gouvernement indien;
- Soutien à l’activité par les investissements publics français, de 2023 à 2026, dans le programme européen SCAF (1,3 Md€) et dans le Rafale (11,7 Mds€).
Défis
- Développement et production des avions perturbés par les tensions dans la chaîne d’approvisionnement ;
- Extension du réseau des centres de maintenance et intégration des 1 400 recrutés en 2023;
- Spéculations sur des commandes de Rafale par la Colombie, la Serbie, l’Arabie Saoudite et l’Indonésie ;
- Entrée en service du Falcon 6X, après sa certification par l’Europe et les Etats-Unis ;
- Après un repli de 30,9 % du chiffre d’affaires mais une hausse de 14 % du résultat net, objectifs 2023 d’une livraison de 15 Rafale et 35 Falcon et d’un chiffre d’affaires en baisse.
La fin d'un duopole ?
Depuis plusieurs décennies l'américain Boeing et l'européen Airbus se partagent 99% du marché mondial des avions de ligne de plus de 110 sièges. Ce marché pèse plus de 100 milliards de dollars par an. Néanmoins ce duopole paraît fragilisé en 2022 pour plusieurs raisons. D'abord, pour la première fois, deux avions monocouloirs moyen-courriers, le C919 du chinois Comac et le MC-21 du russe Irkut, s'apprêtent à entrer en service. A cela s'ajoute la crise du Boeing 737 MAX. Avec l'arrêt des livraisons de cet avion entre 2019 et 2021, l'équilibre de production a été rompu. En 2021 Boeing a affiché 340 livraisons, Airbus restant largement en tête, avec 611.
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