par Guy Faulconbridge et Steve Holland
WASHINGTON/LONDRES, 7 juin (Reuters) - Le président des Etats-Unis, Joe Biden, entame cette semaine sa première visite officielle à l'étranger depuis son arrivée à la Maison blanche, une tournée européenne au cours de laquelle il participera à des sommets du G7, de l'Otan et de l'Union européenne (UE) avant une rencontre avec son homologue russe Vladimir Poutine le 16 juin à Genève.
Après les tensions multilatérales ayant marqué la présidence de son prédécesseur Donald Trump, le président démocrate va tenter de réparer les relations avec ses alliés et les mobiliser contre leurs adversaires communs, qu'il s'agisse de la pandémie de COVID-19 ou des ambitions de Moscou et Pékin.
Sur ces différents sujets, ainsi que sur la lutte contre le changement climatique, les dirigeants du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Grande-Bretagne qui assure la présidence tournante cette année) souhaitent montrer que l'Occident peut faire face à la puissance chinoise et au volontarisme russe.
"En ces temps d'incertitude généralisée, alors que le monde est encore aux prises avec une pandémie centennale, il s'agit avec ce voyage de matérialiser le renouvellement de l'engagement de l'Amérique à l'égard de nos alliés et de nos partenaires", a écrit Joe Biden dans une tribune publiée samedi par le Washington Post.
Pour sa secrétaire d'Etat au Trésor, Janet Yellen, l'accord historique conclu ce week-end par les ministres des Finances du G7 sur une taxation minimale des entreprises - qui doit être formellement validé par les dirigeants du G7 en fin de semaine - constitue une preuve que "la coopération multilatérale peut être fructueuse".
Le sommet du G7 qui se déroulera de vendredi à dimanche dans la station balnéaire de Carbis Bay, en Cornouailles, dans le sud-ouest de l'Angleterre, va constituer le premier test pour la volonté de Joe Biden de ramener les Etats-Unis sur la scène internationale, illustrée par le slogan "l'Amérique est de retour".
G7 DE TRANSITION
Mais les alliés de Washington, circonspects après les années Trump, voudront des engagement concrets et durables lors de cette réunion qui portera notamment sur la situation sanitaire et l'émergence de nouveaux variants du coronavirus SARS-CoV-2, la lutte contre le changement climatique, le renforcement des chaînes d'approvisionnement mondiales et la nécessité de maintenir l'avance technologique de l'Occident face à la Chine, deuxième économie mondiale.
L'administration Biden devrait aussi appeler le G7 à montrer un front uni sur la question des accusations de travail forcé imposé par la Chine aux musulmans Ouïghours dans la province du Xinjiang, tout en tentant de garder Pékin - qui dément toute répression - engagé dans les efforts de lutte contre le réchauffement climatique.
Les ambitions russes seront également au centre des discussions du G7, avant la participation de Joe Biden au sommet de l'Otan à Bruxelles le lundi 14 juin et sa rencontre bilatérale avec le président russe Vladimir Poutine à Genève le mercredi 16 juin.
Le programme de Joe Biden prévoit également des rencontres bilatérales avec le Premier ministre britannique Boris Johnson jeudi, avec la reine Elisabeth II dimanche au château de Windsor, et avec le président turc Recep Tayyip Erdogan en marge du sommet de l'Otan.
Ce sommet des dirigeants du G7 sera le premier en tant que président pour Joe Biden, ainsi que pour l'Italien Mario Draghi comme président du Conseil et pour le Japonais Yoshihide Suga comme Premier ministre. Ce premier sommet post-Brexit pour le Premier ministre britannique, Boris Johnson, sera également le dernier de l'Allemande Angela Merkel, qui quittera la chancellerie en septembre prochain après 16 ans au pouvoir. Pour Emmanuel Macron, il s'agira du dernier sommet du G7 avant la présidentielle de 2022 en France.
DES SUJETS DE DÉSACCORD
Concernant le programme des discussions, un certain nombre de sujets ne font déjà pas l'unanimité au sein du G7.
Ainsi, pour aider les pays les moins favorisés à vacciner leur population contre le COVID-19, après la volte-face de Joe Biden le mois dernier en faveur d'une levée des brevets, les Européens restent mesurés sur l'efficacité à court terme d'une telle proposition - qui nécessiterait probablement des mois de négociations avant de se concrétiser.
Un tel projet serait d'ailleurs probablement caduc si les pays riches partagent suffisamment de doses avec les pays en développement pour ralentir puis finalement interrompre la pandémie.
L'administration Biden a annoncé jeudi dernier que les Etats-Unis allaient fournir au moins 80 millions de doses de vaccins anti-COVID-19 au reste du monde d'ici la fin juin.
De son côté, l'UE, qui a déjà contribué à hauteur de 2,2 milliards d'euros au programme COVAX supervisé par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour assurer un accès équitable aux vaccins à travers le monde, prévoit également de faire don d'au moins 100 millions de doses d'ici la fin de l'année.
De la même façon, les membres du G7 ont des positions parfois divergentes sur la lutte contre le changement climatique, qu'il s'agisse de la taxe carbone ou de la transparence des institutions financières sur l'empreinte climatique de leurs investissements. Sur ce dernier point, les avancées seraient plutôt à attendre lors de la prochaine conférence de l'Onu sur le climat (COP26) à Glasgow en novembre prochain.
(Andrea Shalal, Humeyra Pamuk et Steve Holland ; version française Myriam Rivet, édité par Nicolas Delame)
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