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Amende de 50.000 euros requise contre le groupe d'intérim Adecco
information fournie par Boursorama avec AFP 15/01/2024 à 08:23

( AFP / LOIC VENANCE )

( AFP / LOIC VENANCE )

Une amende de 50.000 euros a été requise vendredi contre le géant mondial de l'intérim Adecco jugé devant le tribunal correctionnel de Paris, plus de 20 ans après les faits, pour discrimination à l'embauche et fichage à caractère racial.

Outre cette amende de 50.000 euros visant Adecco France, le parquet a requis une peine de trois mois de prison avec sursis à l'encontre de deux de ses anciens directeurs d'agence.

Le jugement est attendu le 13 mars.

Dans des réquisitions très techniques, la procureure a relevé la difficulté de juger des faits qui remontent à près de 24 ans.

"C'est un délai affolant", a souligné la représentante du parquet en rappelant que la loi avait largement évolué depuis les faits et qu'"il y a souvent une impossibilité à prouver la discrimination, particulièrement dans le domaine du travail".

Le groupe franco-suisse est accusé par d'anciens salariés et des associations antiracistes d'avoir mis en place un système de discrimination fondé sur la couleur de peau, à travers le fichier "PR 4", comportant les noms de 500 intérimaires très majoritairement noirs.

A l'audience, les prévenus, Olivier P. et Mathieu C., ont soutenu que le critère "PR 4" ne qualifiait pas la couleur de peau mais "un mix de l'expérience professionnelle et du savoir-être du candidat", notamment sa maîtrise du français.

L'existence du fichier "PR 4" n'est "pas contestable", a indiqué la procureure tout en admettant que "son interprétation est contestée".

Cependant, a-t-elle souligné, "tous les témoignages (des victimes) sont parfaitement concordants pour dire qu'il s'agissait de critères sur la couleur de peau".

Elle a estimé que les explications données par les prévenus à l'audience pour expliquer les critères de ce fichier étaient "fantaisistes". "Il faut avoir envie d'y croire", a-t-elle ironisé.

Entre 1997 et 2001, l'agence que les deux prévenus dirigeaient dans le quartier Montparnasse à Paris aurait fiché quelque 500 intérimaires noirs, écartés de certaines missions.

"Je n'ai jamais cautionné ni pratiqué la discrimination, il y a un paradoxe énorme, j'ai passé ma vie à lutter contre la discrimination", a expliqué à la barre Olivier P., aujourd'hui à la retraite après 17 ans chez Adecco.

Son ex-collègue Mathieu C. n'a pas dit autre chose au cours de son audition.

Leurs avocats ont plaidé "une relaxe sans scrupule", réfutant catégoriquement l'existence d'un fichier basé sur des considérations raciales.

"Adecco a toujours lutté contre les discriminations. C’est dans l’ADN de la société", a dit à la barre Gérald Jasmin, directeur général d'Adecco France.

"Pourquoi 95% des personnes figurant dans le fichier PR 4 sont noires?", demande un avocat des parties civiles. "Je n'ai pas la réponse", concède le DG.

Un avocat des parties civiles ironise en constatant la présence sur les bancs du public de Sibeth Ndiaye, ancienne porte-parole du gouvernement, désormais secrétaire générale du groupe Adecco.

- "Ça m'a fait mal" -

En 2001, une information judiciaire avait été ouverte à Paris après une plainte de SOS Racisme.

L'association avait été alertée par un ancien salarié chargé du recrutement dans l'agence Adecco Montparnasse d'un classement des candidats avec un code "PR 4" pour identifier, selon lui, les personnes de couleur.

"Lorsque la personne présentait bien, je devais mettre PR 1, un peu moins je devais mettre PR 2, et pour une personne de couleur, une personne noire, je devais mettre PR 4", a détaillé le lanceur d'alerte à la barre.

L'agence de Montparnasse, spécialisée dans la restauration, travaillait notamment avec le ministère des Affaires étrangères, Eurodisney et la Société des wagons-lits.

Sur les quelque 500 personnes recensées dans le fichier "PR 4", à peine une vingtaine se sont portées partie civile.

Trois d'entre elles seulement ont accepté de témoigner brièvement à la barre. "Apprendre que j'avais été discriminée, ça m'a blessée, ça m'a fait mal (...). Je ne me réduis pas à une couleur de peau", a dit, en pleurs, Assa C.

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