* L'Arabie mise en cause par les gardiens de la Révolution * Ryad nie toute implication * Le double attentat revendiqué par l'Etat islamique * Une troisième "équipe terroriste" arrêtée (Actualisé avec Khamenei, précisions sur les arrestations) par Bozorgmehr Sharafedin LONDRES, 7 juin (Reuters) - Un double attentat que les gardiens de la Révolution ont imputé à l'Arabie saoudite a fait douze morts mercredi dans l'enceinte du parlement iranien, à Téhéran, et aux abords du mausolée de l'ayatollah Khomeini. Les djihadistes de l'Etat islamique (EI) en ont revendiqué la responsabilité et ont diffusé une vidéo montrant des hommes armés au parlement ainsi qu'un corps à terre. Le mouvement sunnite ne s'était encore jamais attribué d'attentat en Iran, pays chiite où de tels actes sont rares et les forces de l'ordre très présentes. Il avait toutefois menacé la République islamique, qui est très impliquée dans la lutte contre les extrémistes islamistes en Irak et en Syrie. "Cet attentat terroriste s'est produit une semaine seulement après la rencontre entre le président américain (Donald Trump) et les dirigeants (saoudiens) rétrogrades qui soutiennent le terrorisme. Le fait que l'Etat islamique les ait revendiqués prouve qu'ils sont impliqués dans cette cruelle attaque", affirment les gardiens de la Révolution dans un communiqué. Adel al Djoubeïr, ministre saoudien des Affaires étrangères, a réfuté ces allégations et a ajouté que rien ne permettrait d'imputer les attentats à des extrémistes saoudiens. "Nous condamnons les attaques terroristes et les meurtres d'innocents où qu'ils se produisent", a-t-il déclaré lors d'un déplacement à Berlin. Condamnant lui aussi le double attentat, le département d'Etat américain affirme dans un communiqué que "le terrorisme n'a pas sa place dans un monde pacifique civilisé". L'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution, a quant à lui parlé de "feux d'artifices sans effet sur l'Iran". "Ils seront bientôt éliminés. Ils sont trop modestes pour affecter la volonté de la nation iranienne et de ses dirigeants." Pir-Hossein Kolivand, chef des services d'urgence cité par la chaîne de télévision publique IRIB, a fait état de 12 morts et de 43 blessés. CINQ SUSPECTS ARRÊTÉS Les faits se sont produits en pleine crise diplomatique entre le Qatar et ses voisins, Arabie saoudite en tête. Ryad et ses alliés émiratis, égyptiens et bahreïnis ont rompu lundi leurs relations diplomatiques avec Doha en l'accusant de collusion avec l'Iran et de promotion du terrorisme. Mercredi matin heure de Téhéran, quatre assaillants portant des vêtements de femmes ont pénétré dans le Parlement par l'entrée principale, selon le vice-ministre de l'Intérieur, Mohammad Hossein Zolfaghari, cité par l'agence de presse Tasnim. L'un d'eux a ensuite actionné sa ceinture d'explosifs. Cinq heures après les premières informations, les agences de presse ont annoncé que les quatre assaillants avaient été tués. Elias Hazrati, député du Majlis, dit avoir vu trois hommes - deux armés de fusils d'assaut AK-47, le troisième d'un pistolet -, faire irruption dans l'enceinte du Parlement. Un journaliste présent lors des faits raconte avoir vu deux hommes tirer sans distinction. Peu après l'attaque du Parlement, un autre attentat suicide a été commis au mausolée de l'ayatollah Khomeini, fondateur de la République islamique en 1979, à quelques kilomètres au sud de Téhéran, toujours selon le ministre de l'Intérieur. Un deuxième assaillant a été tué. "Les terroristes portaient des explosifs sur eux, ils ont fait irruption dans le mausolée et ont ouvert le feu", a déclaré Mohammadali Ansari, responsable du site. TENSIONS ENTRE RÉFORMISTES ET CONSERVATEURS Le ministère du Renseignement a annoncé l'arrestation d'une autre "équipe terroriste" qui devait également passer à l'action. Selon le chef de la police de Téhéran, cinq suspects ont été interpellés. Ce double attentat commis sur deux des sites les plus protégés d'Iran est un coup dur pour le président Hassan Rohani, réélu il y a un mois, mais aussi pour ses rivaux conservateurs et leurs alliés des gardiens de la Révolution, responsables de la sécurité nationale. "Les attentats commis aujourd'hui à Téhéran vont accroître la détermination de la République islamique d'Iran à combattre le terrorisme régional, l'extrémisme et la violence", dit Rohani dans un communiqué diffusé par l'agence de presse Isna. "Nous allons démontrer une fois de plus que nous déjouons les complots ennemis, cela avec davantage d'unité et de force", ajoute-t-il. L'Iran se targuait jusqu'ici d'être un "îlot de stabilité" au Moyen-Orient. "Si ces attentats avaient été commis dans une ville d'Europe ou n'importe où ailleurs, le bilan serait très lourd. Bravo au pouvoir et à nos gardiens de la Révolution, aux Bassidji, à la police et aux services de sécurité pour leur fermeté", écrit Hamid Aboutalebi, chef de cabinet du président, sur Twitter. Les gardiens ont quant à eux promis des représailles à l'Etat islamique. "Sachez que nous aurons notre revanche contre les terroristes, leurs complices et leurs partisans pour les attentats commis aujourd'hui à Téhéran", a promis leur numéro deux, le général Hossein Salami. Deux hauts fonctionnaires iraniens ayant requis l'anonymat ont dit craindre que les attentats n'exacerbent les tensions entre conservateurs et réformistes, qui pourraient se rejeter la responsabilité du double attentat. Si Téhéran et les grandes villes iraniennes ont jusqu'ici été épargnées par ce type de violence, deux organisations sunnites, le Djaïch al Adl et le Djoundallah, combattent les autorités depuis une dizaine d'années, notamment au Sistan-Baloutchistan, région du sud-ouest de l'Iran frontalière de l'Afghanistan et du Pakistan. <^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^ GRAPHIQUE localisant les deux attaques http://pictures.reuters.com/C.aspx?VP3=SearchResult&VBID=2C0BXZWMPHPHP&SMLS=1&RW=1685&RH=874#/SearchResult&VBID=2C0BXZWMPHPHP&SMLS=1&RW=1685&RH=874&POPUPPN=1&POPUPIID=2C0BF1SQ2COYP ^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^> (Avec Parisa Hafezi; Gilles Trequesser et Jean-Philippe Lefief pour le service français)
Douze morts dans des attentats à Téhéran, Ryad mis en cause
information fournie par Reuters 07/06/2017 à 20:40
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