DACCA, 5 septembre (Reuters) - Les chefs d'Etat à majorité musulmane, dont le Bangladesh, l'Indonésie et le Pakistan, ont exhorté la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi à mettre fin aux violences contre les musulmans Rohingya après le départ de près de 125.000 d'entre eux vers le Bangladesh. Les violences actuelles ont été provoquées par une offensive coordonnée de rebelles Rohingya contre des postes de police et de l'armée dans l'Etat d'Arakan (Rakhine), où les musulmans se disent depuis longtemps persécutés par les bouddhistes, majoritaires en Birmanie. La contre-offensive des forces de sécurité a fait au moins 400 morts, dont des civils, et des milliers de maisons ont été incendiées. La ministre indonésienne des Affaires étrangères devait se rendre mardi à Dacca, la capitale du Bangladesh, après avoir rencontré Aung San Suu Kyi et le chef de l'armée birmane, Min Aung Hlaing, pour leur demander de faire cesser ce bain de sang. "Les forces de sécurité doivent cesser immédiatement toute forme de violence là-bas et apporter l'aide et le développement humanitaire à court et moyen terme", a dit Retno Marsudi après ses entretiens à Rangoun. Les autorités birmanes imputent ces exactions aux rebelles, qu'elles accusent d'être dirigés par des djihadistes étrangers, mais les réfugiés arrivés au Bangladesh affirment que l'armée a aussi brûlé des villages et tué des habitants pour contraindre les autres à partir. Pour un responsable politique bangladais, les pays membres de l'Association des nations du Sud-Est asiatique (Asean) doivent pousser la Birmanie à cesser toute violence. "Si nous maintenons la pression sur la Birmanie de la part de l'Asean et de l'Inde, ce sera bon", a dit H.T. Imam, conseiller de la Première ministre Cheikh Hasina. Le Premier ministre indien Narendra Modi se rend d'ailleurs mardi en Birmanie, où il va rencontrer Aung San Suu Kyi. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a pour sa part qualifié de "génocide" les violences contre les Rohingya et a proposé l'aide de la Turquie pour héberger les réfugiés. Le Pakistan, qui compte une large communauté rohingya, regrette profondément les violences et appelle la communauté internationale et l'Organisation de la coopération islamique à réagir. La communauté Rohingya de Birmanie compterait environ 1,1 million de personnes. Les autorités birmanes ne reconnaissent pas leur citoyenneté et les qualifient de "résidents ethniques". (Krishna N.Das, avec Simon Lewis et Nurul Islam à Cox's Bazar, Wa Lone à Rangoun; Arthur Connan pour le service français)
Près de 125.000 Rohingya ont fui au Bangladesh, Aung San Suu Kyi sous pression
information fournie par Reuters 05/09/2017 à 13:14
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