* Le tireur des Champs-Elysées a été rapidement identifié * Il a un lourd passé de délinquance * Il avait déjà menacé de mort des policiers * Des questions demeurent, notamment sur la revendication de l'EI (Actualisé avec autres éléments de l'enquête) par Emmanuel Jarry PARIS, 21 avril (Reuters) - L'assaillant qui a tué jeudi soir un policier et en a blessé deux autres sur les Champs-Elysées à Paris avait déjà menacé de s'en prendre aux forces de l'ordre, la dernière fois en février dernier, selon des sources proches de l'enquête. L'enquête en flagrance ouverte par la section anti-terroriste du Parquet de Paris a rapidement permis d'identifier cet homme de 39 ans, Karim Cheurfi, né à Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), connu pour de multiples actes de délinquance et radicalisé, sans doute en prison. Un parcours désormais classique qui s'est achevé sur l'avenue la plus symbolique de la capitale, où il a ouvert le feu avec une arme automatique sur des policiers en faction, avant d'être lui-même abattu. "Il a ouvert le feu sur des policiers sachant qu'il allait se faire tuer par eux", estime une source proche de l'enquête. Selon une source judiciaire, un fusil à pompe et des armes blanches ont été retrouvés dans sa voiture abandonnée à proximité des lieux de l'attaque, ainsi que les adresses de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), de trois armureries et du commissariat de police de Lagny-sur-Marne, en Seine-et-Marne, département où il vivait. Trois membres de son entourage familial ont été interpellés et placés en garde à vue dans le cadre de l'enquête. Karim Cheurfi, célibataire, sans enfant, hébergé chez sa mère à Chelles (Seine-et-Marne) était depuis le 14 octobre 2015 en mise à l'épreuve après une condamnation à deux ans de prison avec sursis pour une série de petits délits. UN LOURD PASSÉ Il était en recherche d'emploi, selon un rapport d'évaluation de sa mise à l'épreuve daté du 17 janvier 2017. Quelques jours plus tard, en février, alors qu'il est entendu par la police judiciaire de Meaux dans une affaire de droit commun, il menace de mort les policiers. Il est alors placé en garde à vue par la brigade criminelle de Versailles "pour avoir ouvertement annoncé qu'il souhaitait abattre des policiers" mais libéré "faute de preuves", a-t-on précisé à Reuters de source proche de l'enquête. La sous-direction anti-terroriste (SDAT) de la police judiciaire est alertée. Elle transmet à la DGSI, qui l'a enregistré dans son fichier des personnes radicalisées, distinct du fichier "S", ajoute-t-on de même source. Quatorze ans plus tôt, en 2001, il avait déjà tiré sur des policiers après avoir percuté accidentellement, au volant d'une voiture volée, le véhicule de deux agents en civil et tenté de s'enfuir en ouvrant le feu quand ils s'étaient identifiés. Arrêté, il avait alors dérobé l'arme d'un policier pendant sa garde à vue et tiré sur lui à cinq reprises, le touchant trois fois. Des faits qui lui ont valu d'être condamné à 20 ans de prison, ramenés à 15. Il sera libéré au bout de 10 ans. La question de savoir comment cet homme signalé pour sa dangerosité a pu passer à l'acte aussi facilement se pose inévitablement, comme à chaque fois dans ce type d'affaire. "Il n'aurait jamais dû être dehors. Il y a un problème de justice pénale sur lequel il faudra se pencher", a ainsi déclaré à Reuters le secrétaire général du syndicat Alternative Police-CFDT Denis Jacob, pour qui il y a aussi un problème de transmission des informations entre services de renseignement. QUEL LIEN AVEC LA BELGIQUE ? Ce n'est pas la seule question sans réponse. La revendication de l'attentat par l'organisation de l'Etat islamique (EI) au nom d'Abou Youssouf Al-Belgiki ("Le Belge"), ne correspond absolument pas à l'identité de Cheurfi. "On ne comprend pas pourquoi l'EI a cité une personne qui n'est pas la bonne", a déclaré à Reuters une source proche de l'enquête. "Ce qui semble logique, c'est que l'EI avait l'intention de faire quelque chose pendant la présidentielle." Y a-t-il malgré tout un lien avec la Belgique ? Les autorités belges avait adressé aux services de police français des renseignements annonçant l'arrivée imminente en France d'un "individus très dangereux", prénommé Youssouf. Dans la soirée, les services français diffusait une fiche de recherche intitulé "Attentat sur les Champs - Urgent", avec le nom et la photographie de cet homme, signalant qu'il était "arrivé depuis la Belgique avec le Thalys". Ce Youssouf avait-il des liens avec Cheurfi ou ces deux affaires sont-elles disctinctes ? Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henry Brandet, a en tout cas confirmé sur Europe 1 que les autorités françaises enquêtaient sur un homme signalé par la Belgique. Mais selon l'agence Belga, un individu répondant à cette identité s'est rendu spontanément à la police d'Anvers. Cheurfi a-t-il agi seul ou avait-il des complices ? Les premiers éléments communiqués jeudi soir de source policière laissaient entendre qu'au moins un autre homme était impliqué et en fuite. Mais l'on n'écartait plus vendredi matin de sources proches de l'enquête l'hypothèse d'un acte solitaire. (Avec Gérard Bon, John Irish, Service France, édité par Yves Clarisse)
Le tueur des Champs-Elysées avait déjà menacé des policiers
information fournie par Reuters 21/04/2017 à 13:59
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